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L'article provient de TVA Nouvelles
Affaires

Affichage en français: déjà des plaintes pour le Royalmount

Le nom anglophone du centre commercial n’est pas apprécié de tous

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Photo portrait de Julien McEvoy

Julien McEvoy

2024-09-06T19:41:47Z
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Le centre commercial Royalmount vient à peine d’ouvrir qu’il suscite déjà la controverse. Son nom en anglais est à l’origine d’une vingtaine de plaintes en matière d’affichage auprès de l’Office québécois de la langue française. 

• À lire aussi: [EN IMAGES] Le luxe de classe mondiale à la façon Montréal au Royalmount

Ces 20 Québécois seront déçus d’apprendre que le Royalmount – son nom, du moins – respecte la loi. L’OQLF l’a confirmé au Journal, vendredi, en même temps que l’Office nous informait des plaintes. 

«En plus d’être une marque de commerce enregistrée, Avenue Royalmount est également un toponyme officialisé par la Commission de toponymie», a indiqué une porte-parole.

Comme il porte le même nom que la rue où il est situé, «Royalmount peut être dans une autre langue que le français sans ajout d’éléments en français».

Des vérifications seront faites, insiste l’OQLF, afin d’évaluer la conformité des autres éléments affichés. L’Office promet d’intervenir et de demander des correctifs si les exigences de la Charte de la langue française ne sont pas respectées.

Manque de respect

Les limites des lois québécoises sur l’affichage sont évidentes, plaide Maxime Laporte, du Mouvement Québec français.

«Dans sa version originelle, la loi 101 prévoyait l’unilinguisme français dans l’affichage commercial. Or, ces dispositions adoptées démocratiquement par l’Assemblée nationale ont été charcutées par la Cour suprême du Canada», rappelle celui qui est aussi avocat.

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C’est ce qui permet l’anglicisation du nom du centre commercial, dit-il, ainsi que sa stratégie de mise en marché «médiocre, dépassée, sans inventivité et méprisante pour le Québec français».

«C’est un manque de respect envers les Québécois», ajoute Marie-Anne Alepin, de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, au sujet du nom qui sème la pagaille.

«Il y a une teinte culturelle évidente» dans le projet de Carbonelo, reconnaît Jacques Nantel, expert en marketing.

Chez les riches

Le patron de la firme, le Montréalais Andrew Lutfy, 60 ans, a scandé haut et fort, cette semaine, qu’il veut que le complexe ouvert jeudi devienne un «midtown», un deuxième centre-ville.

Sa localisation ne serait d’ailleurs pas un hasard. «Ils se sont sciemment installés dans un des kilomètres carrés les plus riches au Canada, avec Hampstead, Westmount, Côte-Saint-Luc et le West Island pas loin», note Jacques Nantel.

Dans ce coin-là, observe le prof émérite de HEC, «les anglophones sont plus nombreux qu’à Longueuil».

Le visage d’Elvis Gratton

Le nom anglophone du Royalmount est surtout une occasion manquée, un des «visages d’Elvis Gratton», un signe du rapport «coolonisé» du Québec avec le reste du monde, assène Maxime Laporte.

«Les experts du marketing savent depuis longtemps qu’on n’a pas besoin de donner un nom anglais à un produit pour le rendre attrayant», lance l’avocat.

Rien ne vaut, selon lui, l’authenticité d’un nom en français qui plaît autant aux Québécois francophones qu’aux autres, puisque de nos jours, «c’est la diversité et l’authenticité» qui vendent.

Même les anglophones – à New York comme ailleurs – aiment choisir des noms en français, offre-t-il en boutade.

Le Royalmount envoie un mauvais signal, insiste Marie-Anne Alepin. «J’ai de la misère à croire qu’on finance ce projet sans soulever l’enjeu», dit-elle en parlant du gouvernement du Québec.

Le respect de la Charte de la langue française est pour tout le monde et pour toutes les classes sociales, plaide la SSJB, pour qui le Royalmount «est un immense manque de considération pour la situation de la langue».

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