Gregory Charles et Nicole: le secret de leurs 15 ans de mariage
Michèle Lemieux
Mariés depuis 15 ans, Gregory Charles et son épouse Nicole Collet forment un tandem gagnant. Parent d’une jeune fille de 13 ans, Julia, le couple mène de front une vie familiale bien remplie de même que des activités professionnelles intenses. Chacun s’épanouit pleinement, encouragé, soutenu et porté par l’autre. Ces jours-ci, Gregory nous présente sa nouvelle émission, Piano public, une compétition musicale entièrement dédiée au piano.
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Gregory, quel est le concept de la nouvelle émission, Piano public, que vous coanimez avec Viviane Audet?
C'est une idée originale des Productions Déferlantes. Des pianos publics sont installés un peu partout au Québec, et des gens en jouent. Monsieur et madame Tout-le-Monde participent à cette compétition bienveillante. C’est aussi un show qui s’adresse à toutes les générations et durant lequel le plaisir de jouer de la musique est partagé. Nous avons reçu un jeune de 14 ans, un monsieur qui joue dans les restaurants depuis 50 ans, une grand-maman qui s’y adonne pour le plaisir. Certains ont des formations incroyables, d’autres n’en ont aucune. Certains font du pop, d’autres du jazz ou de la musique classique. Ce n'est pas du tout un contexte où on souhaite transformer les participants en mégastars. Ils jouent sur des pianos publics et, dans notre show, c’est ce qu’ils font aussi, devant public. On a tourné à Trois-Rivières, Sutton, Québec, Montréal.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette émission est faite sur mesure pour vous.
C’est ma cinquantième année de piano. Ma mère a commencé à m'enseigner cet instrument le jour de mon anniversaire, en 1975. Et bien sûr, j'ai joué du piano toute ma vie. J’ai fait de la musique classique, du jazz, j’ai étudié avec des grands profs de musique classique, mais aussi avec Oscar Peterson, et plein d’autres. Je suis aussi un gars qui joue sur les pianos publics. On dirait donc que cette émission est faite pour moi. Il y a près de 40 ans, j'étais un jeune animateur aux côtés de Marie-Soleil Tougas, qui avait beaucoup d’expérience. Pour cette émission, je me retrouve avec Viviane Audet, qui n'a jamais animé auparavant. Les rôles sont inversés, ce qui me donne une tout autre perspective sur la vie, sur la musique. Pour moi, Piano public, c'est vraiment une continuité de ce que j'aime et de ce que je fais, entre autres avec mes milliers d’étudiants avec l'Académie Gregory. C’est émouvant, c'est touchant, et on s'attache aux participants. Les candidats eux-mêmes s'attachent les uns aux autres.
Nous devons mentionner que vous avez un jury exceptionnel pour vous seconder.
Oui, notamment Cœur de pirate, Daniel Lavoie, Jean-Michel Blais, Fanny Bloom, Jean-Louis Cormier et Alex Nevsky.
Nicole, vous avez, vous aussi, une importante carrière. Vos responsabilités professionnelles sont nombreuses et elles vous amènent à voyager.
Bientôt, je vais célébrer mes 25 ans chez Microsoft. J'adore ce que je fais. C’est intéressant, complexe, et cela demande des efforts de communication, de planning et de leadership. Je suis heureuse d’être dans un couple au sein duquel je suis soutenue. Cela me permet de me concentrer sur mon travail, qui demande beaucoup de temps et de déplacements. Tout cela est rendu possible parce que nous avons un bon partnership, Gregory et moi. Nous nous laissons la latitude et la liberté nécessaires pour que chacun puisse se réaliser pleinement dans son domaine.
G: Je vois à quel point elle travaille fort. Je vois son potentiel. Elle est la boss de toute une division chez Microsoft. Pas au Canada, pas en Amérique, mais pour le monde entier. Je ne compte plus les fois où je me fais dire que ma femme devait trouver ça épouvantable que je ne sois jamais là, alors que dans notre couple, c’est elle qui a la carrière internationale. Moi, j’ai une belle carrière et je suis fier de ce que je fais, mais c’est elle qui est particulièrement occupée.
N: Gregory présente 200 shows par année. Certains me demandent si je trouve ça difficile. Non. Je suis fière de lui, fière de ce qu’il fait, et je sais qu’il est heureux.
G: Entre nous, c’est une collaboration. Nicole travaille dans le monde de la technologie, un monde traditionnellement masculin. Elle n'est pas la seule femme, il y en a d'autres maintenant, mais il y a 25 ans, c’était plutôt rare. Comme nous sommes les parents d'une jeune fille, je trouve ça super important qu’elle puisse voir cet exemple et être convaincue qu'elle peut faire n'importe quoi. Elle en a la démonstration.

Elle a quand même deux beaux modèles et disons-le: la barre est haute...
G: Notre fille est vraiment super. Elle a 13 ans. Ce n'est pas une jeune fille standard. Elle a sa propre personnalité, son propre fonctionnement. Elle est vraiment très sage et très sensible. Si elle a une chose en commun avec nous deux, c'est qu'elle est très occupée. Elle fait du volleyball, du soccer, du flag football, de la danse, du chant, du piano, elle participe à la chorale, à Génies en herbe, au club de maths.
À travers toutes vos responsabilités, comment arrivez-vous à être présents pour votre fille?
G: C'est vraiment un relais. Comme Nicole assume des responsabilités au niveau international, elle n’a pas vraiment un créneau horaire: elle commence tôt et elle finit tard. Je m’occupe généralement de Julia et Nicole prend le relais par la suite.
N: Heureusement, Julia est très autonome. Notre fille est capable de se débrouiller.
G : Quand c’est compliqué pour tout le monde, nous trouvons des solutions. Nicole ira en Asie dans quelques semaines. Je serai en spectacle au même moment. Nous allons trouver des solutions. Le but, c'est que ça marche. Je pense que nous avons plein de choses en commun, Nicole et moi. Entre autres, nous sommes tous les deux des doers. Nous ne sommes pas en attente que quelqu'un vienne faire les choses à notre place.
Votre fille a calqué ce modèle, je présume?
G: Je pense que c'est un heureux mélange de nous deux. Je crois qu'elle n'a conservé, de Nicole et de moi, que les bons côtés... (sourire)
N: Ma mère disait toujours qu'un couple, ce n'est pas 50-50, que les deux partenaires doivent 100 %. Et, bien sûr, on ne peut pas compter, dans une relation.
G: Chacun a ses forces. Moi, quand il y a quelque chose de mécanique qui ne fonctionne pas à la maison, même si, techniquement, je suis «l’homme de la maison», c’est madame qui prend le relais. Nicole a grandi dans une famille qui connaît la mécanique, le domaine agricole, les pneus, etc. Elle ne m’attend pas pour régler le problème! S’il faut se glisser en dessous du balcon pour régler quelque chose, ce n'est pas moi qui fais ça.
Vous avez eu, l'un et l'autre, des modèles formidables, des parents amoureux, unis, qui avaient le sens de la famille.
G: Oui, ce sont des gens qui trouvent des solutions. Ce ne sont pas des conjoints, ce sont des partners. Le père de Nicole a construit un énorme business. C'est clair que sans sa mère, ça ne se serait pas passé. Ils ont vraiment travaillé main dans la main. Mes parents n'étaient pas dans le domaine des affaires, mais ils avaient un projet. Ils ont formé une équipe.
C’est vous qui étiez leur projet, non?
Sans aucun doute, j'étais leur projet. Mes deux parents étaient extrêmement dévoués. Ma mère a été mon prof, ma partenaire d'études, etc. Mon père était un cheerleader. À mon tour, je suis vraiment très impliqué dans l’éducation de notre fille. Ce n'est peut-être pas l'image qu'on a habituellement d'un couple...
N: Cela me permet de me consacrer à mon travail d'une manière plus sereine. Je peux être à l'extérieur, travailler tard, faire de longues heures: je sais que Gregory s’occupe entièrement de la gestion de Julia.
Nicole, avez-vous toujours vos parents?
Oui, ils vont célébrer 60 ans de mariage l'année prochaine. C’est un super modèle. J'espère qu’ils seront en santé pendant encore bien des années. Ils sont toujours unis et sont un beau modèle pour nous.
Vous allez célébrer 15 ans de mariage en octobre. Vous vous étiez mariés lors du week-end de l'Action de grâce, si ma mémoire est bonne.
G: Nous nous sommes mariés le 9 octobre 2010. C’était le jour de l’anniversaire de John Lennon. Notre fille s'appelle Julia, et ce n’est pas par hasard. Nous nous étions dit que nous allions lui donner le nom d'une chanson des Beatles. Mais oui, c'était la fin de semaine de l'Action de grâce. C'est un mariage qui s’est étalé sur trois jours. Toute la famille du Manitoba est venue. Ils avaient tous des t-shirts «Team Gregory». J’ai été accueilli dans la famille de Nicole de façon incroyable, comme si j’étais un frère. Nos invités sont arrivés le vendredi pour assister à ce mariage hors norme. Mes parents étaient encore vivants. Ils étaient vraiment magnifiques. Comme nous aimions les Beatles, pour notre mariage, nous avions un groupe de covers des Beatles. Nous étions au moins 250 sous un chapiteau, sur le lac. Le dimanche, La Bottine souriante était parmi nous. Nous avions organisé une espèce de cabane à sucre et une messe. Il y a eu une discussion sur l'amour à laquelle tout le monde a participé. C'était vraiment un beau mariage...
Et, après 15 ans, vous êtes toujours dans la continuité.
G: Il s’en passe des choses en 15 ans! J’ai été témoin dans ma vie de deux relations proches: celle que j'entretiens avec Nicole et celle que mes parents avaient. J'ai vu mes parents heureux, jusqu'à ce que ma mère soit malade. Je ne dirais pas que mon père a été malheureux après, mais c'est évident que tout a changé à partir de ce moment. Nous avons vécu le déclin de ma mère sur le plan de sa santé puis son décès. Nous avons eu mon père à la maison pendant un bon bout de temps. Il y a eu l'accident tragique de mon père. Nous n’avons pas le monopole du deuil et de la souffrance. Tout le monde vit ça, mais ces événements ont un impact sur la vie. Ce qui compte, c’est ce qu’on investit dans la relation. On ne peut pas retirer plus qu’on met. Quand on dit qu’on se marie pour le meilleur et pour le pire, moi je prends ça très au sérieux. J’y crois.