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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

«C'est incroyable et c'est gênant»: opération camouflage des chantiers par la Ville pour la F1

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Mylène Richard et François-David Rouleau

2025-06-11T22:27:24Z
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Comme lorsque vient la visite et qu’on envoie tout notre linge sale en dessous du lit, Montréal tente de se faire plus belle en cachant ses nombreux chantiers de construction alors que des milliers de touristes débarquent pour le Grand Prix de Formule 1.

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Et c’est une course contre la montre dans le but d’en camoufler plusieurs en apposant des bannières sur les clôtures des chantiers dans le quadrilatère formé du boulevard Saint-Laurent et des rues Peel, Saint-Antoine et Sherbrooke.

«Ça permet de cacher les matériaux, de faciliter le cheminement du piéton, ça rend les lieux plus agréables, plus attractifs», indique le porte-parole de la Ville, Philippe Sabourin.

Déjà, les travaux de longues durées (90 jours et plus) doivent obligatoirement être masqués. Et cette année, la Ville a décidé d’offrir des bannières à tous les entrepreneurs afin de maquiller le plus de travaux possible, en vue de la saison estivale, qui commence avec le Grand Prix et les Francos.

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L’objectif était d’habiller 60 chantiers, soit 80% des travaux du secteur, de toiles roses avec des dessins d’assiettes, de croissants, de sacs d’emplettes et de fleurs notamment.

«La Ville a acheté des bannières, a offert de les poser plus d’une fois et il y en a une vingtaine qui ont accepté. On n’a rien pour les forcer, mais ce n’est pas faute d’avoir essayé», soutient M. Sabourin.

La pose de 600 bannières de 8x6 pi (équivalant à 1,5 km) devait se terminer mercredi.

Le blitz d’embellissement ne se limite pas seulement à ça. Entre le 26 mai et le 6 juin, 215 cônes orange ont été enlevés de la circulation.

Un chantier masqué d'une bannière avec des cercles et des carrés rouges sur la rue Sainte-Catherine.
Un chantier masqué d'une bannière avec des cercles et des carrés rouges sur la rue Sainte-Catherine. Photo François-David Rouleau, Le Journal de Montréal

«C’est gênant»

L’an dernier, les gens avaient également éprouvé des difficultés à atteindre l’île Notre-Dame.

L’opposition à la ville est loin d’être convaincue que ce blitz de dernière minute réglera tous les problèmes.

«À moins de 48 heures du début de l’évènement, l’administration [de la mairesse Valérie Plante] n’a toujours pas retiré la majorité de la signalisation inutile ni libéré les voies de circulation essentielles, notamment sur le pont de la Concorde», s’est offusqué le porte-parole du parti Ensemble Montréal en matière d’infrastructures, Alan DeSousa.

Pas facile de circuler à Montréal, comme ici au coin de Mansfield et De Maisonneuve.
Pas facile de circuler à Montréal, comme ici au coin de Mansfield et De Maisonneuve. Photo Pierre-Paul Poulin

Le Journal a constaté mercredi que le centre-ville manquait beaucoup d’amour. Plusieurs chantiers étaient très visibles et encombrants.

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«C’est incroyable et c’est gênant, lance Abdualah Naji, gérant du magasin Moores de la rue Sainte-Catherine. Ça ralentit beaucoup nos affaires. Ce n’est vraiment pas beau et on a l’impression que les gens craignent de venir dans notre secteur. Ce n’est pas normal. Ça fait deux ans que c’est comme ça.»

Abdualah Naji, gérant du magasin de vêtements pour hommes Moores, doit composer avec les travaux de la rue Sainte-Catherine.
Abdualah Naji, gérant du magasin de vêtements pour hommes Moores, doit composer avec les travaux de la rue Sainte-Catherine. Photo François-David Rouleau, Le Journal de Montréal

«Ça l’air d’un bombardement»

À quelques endroits, des bouts de clôtures étaient drapés de bannières colorées, parfois avec des cercles et des carrés rouges. C’était souvent inconstant. Au coin d’une rue, il y avait un effort d’embellissement à droite, mais rien à gauche.

«Esthétiquement, ça l’air d’un bombardement», s’insurge le gérant de la boutique Vidéotron sur Sainte-Catherine, Philippe Chabot, qui a observé une baisse de clientèle de l’ordre de 30 à 40% au cours de la dernière année en raison des travaux.

Maxime Morali, gérant de la boutique Lacoste, sur Sainte-Catherine.
Maxime Morali, gérant de la boutique Lacoste, sur Sainte-Catherine. Photo François-David Rouleau

D’autres commerçants se résignent à leur sort.

«On est rendu habitué aux travaux. Ce n’est vraiment pas terrible. Personne n’aime la vie, la poussière, le son des travaux, dénonce Maxime Morali, gérant au Lacoste, sur Sainte-Catherine. En plus, c’est frustrant avec la grève de la STM [Société de transport de Montréal], car elle y a une importante influence sur l’achalandage.»

Impossible de tourner sur Sainte-Catherine ici.
Impossible de tourner sur Sainte-Catherine ici. Photo François-David Rouleau

Transports

Par ailleurs, le métro sera complètement opérationnel durant le week-end de la F1.

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Aussi, malgré des travaux sur les parapets du pont de la Concorde, l’infrastructure comportera deux voies dans chacune des directions, dont une réservée aux navettes et aux autobus vers le site de la F1.

Les cyclistes ne seront pas admis sur le pont. Ils seront redirigés vers un débarcadère où ils pourront y laisser leur vélo et prendre une navette en compagnie des usagers des taxis et des Uber.

Un ouvrier tente de se déplacer à travers les travaux à l'intersection des rues Mansfield et Sainte-Catherine.
Un ouvrier tente de se déplacer à travers les travaux à l'intersection des rues Mansfield et Sainte-Catherine. Photo François-David Rouleau

Opération nids-de-poule

Jeudi matin, alors que les centaines de membres des écuries, de la F1 et de la FIA se rendaient au circuit Gilles-Villeneuve à 24 heures de la première séance d'essais libres, les travaux publics avaient lancé une opération de réparation des nids-de-poule sur l'avenue Pierre-Dupuy. 

Sur Pierre-Dupuy, des employés réparaient des nids de poule, jeudi, jour des portes-ouvertes au circuit Gilles-Villeneuve.
Sur Pierre-Dupuy, des employés réparaient des nids de poule, jeudi, jour des portes-ouvertes au circuit Gilles-Villeneuve. PHOTO FRANÇOIS-DAVID ROULEAU / LE JOURNAL DE MONTRÉAL

Une machine automatisée s'affairait vers 9h30 à colmater les craques et les trous sur la principale voie d'accès menant aux îles Sainte-Hélène et Notre-Dame. 

Avec le passages de voitures et de camions lourds, il y avait donc du gravier partout sur la chaussée. 

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