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Culture

Ginette Reno: «Il ne faut pas garder ses souffrances pour soi»

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Michèle Lemieux

2025-11-13T11:00:00Z
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À l’occasion du 20e anniversaire du magazine La Semaine, nous avons invité Ginette Reno à renouer avec son célèbre courrier du cœur, une expérience qu’elle a tant appréciée et qu’elle était prête à revivre pour une seule fois. De toute évidence, la chanteuse a accueilli les confidences et les demandes de conseils de nos lecteurs avec une profonde bienveillance et un immense respect.

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Ginette, avez-vous été touchée que les lecteurs du magazine La Semaine vous fassent confiance en vous écrivant pour obtenir vos conseils sur des enjeux personnels?

Énormément. J’ai tellement fait de démarches dans ma vie. J'ai tellement fait de recherches sur moi-même, et je continue d’en faire. Je veux me comprendre, parce qu’en me comprenant, je suis capable de comprendre les autres. Tout part de là. 

Avez-vous été touchée en lisant certaines lettres?

J’ai été touchée par toutes les lettres. Je distingue et respecte le niveau d'évolution de chacun, même quand la situation peut sembler difficile à comprendre. À un moment donné, il faut accepter les gens où ils sont. Il faut respecter leur évolution.

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Qu'est-ce qui vous a le plus touchée?

Ce que les gens me confient, ça vient toujours me chercher. Il y a beaucoup de souffrance. Je me demande toujours ce qu'on pourrait faire pour aider les gens. J’ai aimé mon expérience et j’aimerais bien continuer éventuellement, si on avait besoin de moi.

Avez-vous quelque chose à dire à ceux à qui vous n'avez pas eu l'occasion de répondre?

Bien sûr. Je veux leur dire: «Essayez de vous accrocher. Parlez à un bon ami, à quelqu'un en qui vous avez confiance, quelqu'un qui vous aime et qui est près de vous. Mais parlez, exprimez-vous.» C’est important de le faire. Il ne faut pas garder ses blessures ou ses souffrances pour soi. Il faut pouvoir les partager avec une personne de confiance ou dans un groupe qui peut nous accueillir.

Qu’avez-vous appris en lisant les préoccupations de nos lecteurs?

Leurs lettres m’ont confirmé qu’il y a beaucoup de souffrance, de blessures. Je dis toujours à Dieu: «Donne-moi des nouvelles façons de comprendre les choses et de les expliquer simplement.» Je ne possède pas 6000 livres pour rien... Et j'ai compris qu'il y avait beaucoup de choses que je ne comprendrais jamais. Sur ce point aussi, il faut lâcher prise, l'accepter. Il faut faire le deuil de ce qu’on ne comprendra jamais. Certains disent qu’ils ne changeront jamais, mais ils ne soupçonnent même pas les trésors qu’ils ont en eux. Personnellement, j’ai remarqué que chaque fois que je me découvrais un talent, on aurait dit que j'en recevais un autre, puis un autre. L’univers est rempli de cadeaux et de surprises.

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Avec votre expérience de vie, êtes-vous capable de tout accueillir?

Oui, entre autres parce que j'ai passé cinq ans au monastère. Un jour, alors que j’étais en thérapie, tout le monde donnait son point de vue à une vieille dame qui connaissait des enjeux avec son mari, avec lequel elle était depuis 60 ans. J’ai fini par lui demander: «Est-ce que c’est ton meilleur ami? Si tu l’aimes, reste avec lui.»

On comprend pourquoi les gens s'adressent à vous. Votre sagesse et votre ouverture sont réconfortantes.

Pour moi, tout repose sur l’émerveillement. J'ai conservé l’émerveillement d'un enfant. Je m’émerveille constamment, et sur tout. Il y a un enfant en dedans de nous qui ne nous quittera jamais. Il sera avec nous jusqu’à la fin. Parfois, il peut nous dire des choses que nous aurions intérêt à écouter, parce qu'il a vraiment besoin de nous. Bien des personnes le jugent, ne le prennent pas au sérieux. Il y a bien des voix qui se font entendre dans notre tête, mais cet enfant-là mérite d’être écouté.

Vous êtes d’une nature introspective: vous n'avez pas peur d'aller voir ce qui se passe en dedans.

Parfois, j'ai peur, mais la différence, c’est que même si ça m’effraie, j’y vais quand même.

Photo : Julien Faugere / TVA Publications
Photo : Julien Faugere / TVA Publications

Auriez-vous une pensée ou une citation à partager avec nos lecteurs?

Quand je donne des conférences sur les dépendances aux enfants dans les écoles, je leur dis toujours que l'enfer, c'est de mourir sans avoir la chance d'être soi-même. Je leur dis aussi que le temps que l'on prend pour soi, c'est du temps gagné pour l'éternité, car on change l'héritage.

Et auriez-vous une suggestion de livre pour nous?

J’ai lu plusieurs livres dans ma vie. Parmi ceux qui m’ont fait le plus de bien, je dirais Le drame de l’enfant doué: À la recherche du vrai soi, d’Alice Miller, et celui qui a suivi, L’avenir du drame de l'enfant doué: Les options de l’adulte. Il y a plusieurs livres qui font tellement de bien. Parmi eux, j’ai lu récemment La voix intérieure de l'amour de Henri J. M. Nouwen, un prêtre qui avait d'énormes blessures. Quand j’ai lu son livre, ç'a été comme un baume dans ma vie...

  • Le drame de l'enfant doué : à la recherche du vrai soi de Alice Miller
  • L'avenir du drame de l'enfant doué : les options de l'adulte de Alice Miller

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