Geneviève Everell: «Ce sera un mariage intime»
Un an après son cancer
Michèle Lemieux
En août, Geneviève Everell entrait enfin en rémission d’un cancer du sein. Si la maladie l’avait obligée à repousser son mariage, c’est le 25 octobre qu’elle convolera finalement avec son amoureux, l’humoriste Nicholas Lavoie, devant une soixantaine de parents et amis. Ces jours-ci, celle qu’on connaît aussi sous le surnom de Miss Sushi nous présente Cher cancer: 8 étapes pour comprendre et vivre avec le cancer du sein, un guide des plus utiles pour les femmes atteintes de la maladie, mais aussi pour leurs proches.
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Geneviève, quelles sont les activités qui vous occupent actuellement?
À cette période de l'année, je mets en marché des produits super chouettes, qui sont disponibles dans tous les IGA du Québec, dont je suis honorée d’être l’une des ambassadrices. Octobre étant le mois de la sensibilisation au cancer du sein, on me contacte énormément pour avoir mon point de vue sur la question.
Vous venez de nous présenter un livre pour accompagner les femmes qui reçoivent un diagnostic de cancer du sein. C’est un guide pratique?
Oui, ce sont huit étapes pour démystifier et accompagner les femmes, mais aussi l’entourage. Je trouvais qu’il y avait peu d'ouvrages qui s'adressaient aux amis, aux membres de la famille. Quand on reçoit un diagnostic de cancer, ça affecte la personne touchée par la maladie, mais aussi l'entourage. On ne sait pas quoi dire ou quoi faire. Certains s'éloignent, parce qu'ils sont mal à l’aise, ont peur de déranger ou d’être de trop dans le processus de guérison. Avec ce livre, je transmets de l’information. Des professionnels de la santé partagent leurs conseils: nutritionniste, oncologue, chirurgienne. Il y a aussi les témoignages de mes sœurs de sein, comme je les appelle. Il y a différents types de cancers du sein. Quand on reçoit un diagnostic, on ne comprend pas toujours les mots qu’on nous dit. J'espère vraiment que ce livre va donner l'impression aux femmes que je leur tiens la main.
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J'ai le sentiment que vous avez écrit le livre que vous auriez aimé pouvoir consulter. Est-ce le cas?
C'est exact. Il y a huit étapes, un peu comme un processus de deuil. À partir du diagnostic, il y a les chirurgies, les traitements, la famille, l'amoureux ou l’amoureuse, l'alimentation. Et les commentaires. Certains disent: «Bats-toi pour tes enfants.» J'espère bien! Mais si je ne réussis pas, est-ce que c'est parce que je les aime moins? C'est plein de gentillesse, mais aussi de maladresse. Ou encore: «Elle a perdu son combat.» Je trouve que c'est un manque de respect pour la personne qui s'est battue, comme si elle n’avait pas donné assez. Quand tu reçois un diagnostic de cancer, tu fais ce que le docteur te dit. Moi, j'ai été une bonne élève, mais je dirais que c'est mon corps qui a décidé. Parce qu'au final, que tu te battes fort ou non, c'est ton corps qui décide.
Geneviève, rappelons, pour le bénéfice de nos lecteurs, que vous avez reçu un diagnostic de cancer du sein à 34 semaines de grossesse. Était-ce dû à la poussée hormonale?
Non, ce n'était même pas hormono-dépendant. Moi aussi, j'en étais convaincue. Je me suis demandé: «C’est quoi mon idée de faire un enfant à 38 ans?» Je n’avais pas d'antécédents familiaux. C'était probablement là, avant même que je tombe enceinte. À 34 semaines de grossesse, j’ai accouché par césarienne afin de pouvoir commencer mes traitements un mois après. Après la chimiothérapie, il y a eu la mastectomie complète puis la reconstruction en DIEP. Ensuite, radiothérapie et j'ai continué l'immunothérapie jusqu'à tout récemment.

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Ressentez-vous un certain soulagement d’être maintenant en rémission?
Je le suis depuis le mois d'août, mais c'est après cinq ans qu’on peut vraiment se prononcer. J’ai toujours des suivis plus étroits: on me fait une mammographie chaque année, des IRM, des scans. C’est rassurant de savoir que si quelque chose arrivait, je suis déjà suivie. Mais je n'y pense pas. Ça ne m'habite pas. Je n'ai jamais eu autant hâte de vieillir pour qu'on me dise que je suis totalement en rémission... (sourire)
Vous avez de belles raisons de vous réjouir avec votre famille.
Oui, mon garçon est rendu à neuf ans et ma fille, deux ans. Mon fils a été très mature, mais il a vraiment une belle vieille âme, cet humain-là. Quand j'ai annoncé à mon garçon que j'avais le cancer, je ne l'ai pas fait en mode dramatique, alors, inévitablement, il était zen. J’avais un projet pour la prochaine année, qui était de guérir parce que j'ai vraiment vu mon protocole de guérison comme un plan d'affaires. J’ai besoin de projets. Comme j'étais en arrêt de travail, c’est aussi pour cette raison que j’ai fait le documentaire et que j’ai rédigé les «Cher journal». Il fallait que j'occupe mon esprit. Si tu m’arrêtes de travailler, tu signes mon arrêt de mort.
Pour tout boucler, avez-vous appris à demander de l'aide?
J'étais quand même bonne pour déléguer, mais à partir de ce moment, j'ai organisé ma maladie. Mon chum est humoriste. Je ne voulais pas qu'il s'empêche d'aller faire des shows ou qu’il s'empêche de vivre à cause de moi. Je m'étais créé un groupe Messenger avec des amis. Quand il était en show, je demandais qu’on vienne nous garder, Millie et moi. Je n'étais pas apte à m'occuper de ma fille quand j’étais en chimio. Il y a eu une rotation d'amies. J’ai eu la chance d’avoir quelqu’un avec moi lorsque j’ai vécu les moments les plus marquants de ma maladie, lorsque mes cheveux sont tombés, par exemple. Pendant que je pleurais dans le bain, une de mes meilleures amies était en bas en train de s’occuper de mon bébé. Le jour où j'ai reçu mon diagnostic, mon chum avait un show en soirée. Ma meilleure amie, Stéphanie, est arrivée à la maison avec des trucs à grignoter. Nous avons pleuré toute la soirée, sans vraiment échanger un mot. J’ai été bien entourée.
Avez-vous constaté que certains n’étaient plus au rendez-vous?
Oui. Il ne faut pas attendre que la personne qui est malade nous demande de venir l’aider. Il faut mettre son malaise de côté, apporter des repas, faire un petit coucou de temps en temps. Quelques personnes de mon entourage m'ont dit qu'ils n'avaient pas trouvé leur place dans cette aventure-là. Et c'est vraiment correct. La maladie, ça ne met pas tout le monde à l'aise. L'espace était là. Certains ont su la prendre. Je n'en tiens rigueur à personne.
Avez-vous le sentiment que votre jeunesse vous a doté d’un esprit de combattante?
Très rapidement je me suis demandé ce qu’il fallait faire sans jamais me demander: «Pourquoi moi?» Un jour, en allant au CHUM, je pleurais. Quand je suis entrée dans l'hôpital, je me suis rendu compte que tout ce beau monde n’avait pas plus envie que moi d'être là. Me victimiser, ce n'est vraiment pas mon genre. Je l’ai fait une fois: ça a duré quatre minutes. Des mauvaises langues ont dit que j’ai utilisé ma maladie pour être encore plus connue. Non. Ma vie allait très bien. Ces deux dernières années, j’ai reçu des milliers de messages de femmes qui me disent que ça a changé leur vie. Certaines m’ont même dit que je leur avais sauvé la vie, car elles ont fait une mamo et découvert qu’elles étaient au stade 1. Je trouve que c'est très mesquin de penser que lorsqu'on a une maladie, on l’utilise pour faire parler de soi. Pour vrai, je m’en serais bien passée...
Si la maladie désunit certains couples, pour vous, le cancer a eu l’effet contraire puisque vous vous mariez prochainement.
Oui. Mon amoureux m'avait demandé en fiançailles, avant la maladie. C’est évident que la maladie a repoussé notre mariage. Nous savons que nous sommes capables de nous aimer, même dans la maladie. Ça nous a confirmé que nous devions nous marier parce que la maladie, nous savons comment composer avec. Nous n’avons pas arrêté d'être amoureux. Est-ce que mon amoureux a été obligé d'avoir un regard différent sur moi parce que ce n'était plus moi? Évidemment. Pendant les traitements, on ne se ressemble plus. On est vraiment une autre personne. Mon chum se disait que c'était temporaire. Lui et moi, nous avons une belle complicité. C’est quelqu’un de traditionnel et il souhaitait que notre mariage le soit aussi.
Porterez-vous une robe de mariée?
Oui. Je ne devais pas porter de robe de mariée, mais j’en ai trouvé une magnifique. Ce sera un mariage intime, nous serons une soixantaine de personnes: je n’avais pas envie de dépenser pour une robe. Puis, je me suis dit que je pouvais la louer. Je suis tombée en amour avec la première que j'ai essayée. Mon chum ne l’a évidemment pas vue.
C’est quand même une belle étape dans votre vie de couple et votre vie familiale?
C’est vrai. C'est une façon de dire que nous voulons toujours être ensemble. Nous voulons que ça dure. Je pense que mon chum et moi, nous nous sommes vraiment trouvés. Honnêtement, nous étions vraiment à la bonne place, au bon moment, avec les mêmes valeurs. Je pense que nous nous aimions sans même nous être vus. Avant d’aller en date, nous nous parlions et je pense que nous aurions pu nous dire «Je t’aime». Nous savions que c'était facile, sain, doux. Nous communiquons bien. Nous nous comprenons. Je pense que c'est la maturité qui nous a amenés à être ce que nous sommes. Il n’y a pas de confrontation. Nous formons un couple qui fonctionne super bien. Je suis vraiment heureuse.
Votre exemple donne espoir: il y a une vie après la maladie.
Oui, même s’il y a plein de défis au quotidien. En même temps, je pense qu'avec tout ce vécu, je réagis différemment. Depuis la maladie, les défis me semblent moins gros. Dans l’entreprise et dans la vie familiale, je consacre mon temps à ce qui m’excite vraiment beaucoup. Mon chum est humoriste. Je veux l’encourager. C’est à son tour de briller. Il vient de lancer son premier one man show. Il s'est occupé de moi; je veux être là pour lui et qu'il ait son moment, lui aussi...