Cinq investisseuses fraudées retrouvent leur argent quatre ans plus tard
Une représentante en assurance leur avait soutiré plus de 81 000$ en leur faisant miroiter des projets immobiliers

Gabriel Côté
Après quatre longues années, cinq femmes retrouveront finalement les dizaines de milliers de dollars qu’elles avaient perdus en faisant confiance à une représentante en assurance malhonnête qui les avait convaincues d’investir avec elle dans des projets fumeux.
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«Ç’a pris longtemps et on ne m’a pas remboursé les intérêts, mais quand même, c’est bien», a réagi l’une des victimes, sous le couvert de l’anonymat, en entrevue avec Le Journal.
Au printemps 2020, cette coiffeuse montréalaise d’origine haïtienne a renégocié son hypothèque afin d’investir un peu plus de 40 000$ avec sa représentante en assurance, Sandly Alteon Senat, dans le but d’acheter une unité de condo. Elle croyait ainsi pouvoir toucher éventuellement certains revenus de location.
Mais plutôt que de générer des profits, son argent a atterri directement dans le compte d’investissement d’une compagnie de Mme Alteon Senat.
Puis, quelques mois plus tard, la représentante en assurance a soutiré 10 000$ à quatre autres «investisseuses vulnérables», elles aussi membres de la communauté haïtienne, en leur faisant miroiter un «projet immobilier ou une franchise Tim Hortons», portant à 81 534$ les sommes qu’elle a recueillies illicitement.
«Je lui faisais confiance, nous faisons partie de la même communauté. Sauf qu’après que je lui ai donné ma part, je n’ai reçu aucun document, et je n’ai plus eu de nouvelles. C’est là que j’ai compris ce qui s’était passé et que j’ai contacté l’Autorité des marchés financiers», explique la victime.
Fonds bloqués
Cet appel a mené au déclenchement d’une enquête, et puis à une ordonnance de blocage qui a permis de protéger l’argent de ces cinq femmes, le temps de faire la lumière sur cette affaire.
Après de longues démarches, le Tribunal administratif des marchés financiers a finalement révoqué le certificat d’exercice de Sandly Alteon Senat, en plus de lui imposer une pénalité administrative de 20 000$ et d’ordonner la restitution des montants.
Dans sa décision, le Tribunal note qu’en tant que représentante en assurance, Mme Alteon Senat n’était pas autorisée à effectuer des contrats d’investissement.
Il souligne d’autres fautes graves, comme le fait de s’être placée en conflit d’intérêts en investissant avec l’une de ses propres clientes, et remarque que la représentante n’a pas fait preuve «du moindre repentir» au cours de l’audience.
Sentiment de communauté
Cette situation rappelle que les fraudeurs recherchent parfois leurs victimes au sein des groupes qui partagent les mêmes croyances ou les mêmes intérêts, selon le spécialiste en lutte contre la criminalité financière Claude Mathieu.
«Peu importe le type de fraude, la première chose qu’un fraudeur veut faire, c’est mettre ses victimes en confiance. Et le fait de faire partie d’une même communauté peut leur permettre d’arriver plus facilement et plus rapidement à leurs fins», a-t-il expliqué, en rappelant qu’il faut rester aux aguets.
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