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L'article provient de TVA Nouvelles
Affaires

Détournement de fonds: quand le fraudeur est le comptable de l’entreprise...

Fabrice Guimont-Duncan en 2013.
Fabrice Guimont-Duncan en 2013. Photo ESG UQAM
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Gabriel Côté

2025-02-17T05:00:00Z
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Aux prises avec un problème de dépendance, un comptable de Québec a subtilisé plusieurs chèques à son employeur en plus de manipuler le système de paie de l’entreprise où il travaillait pour éviter de payer de l’impôt.

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Fabrice Guimont-Duncan a reconnu sa culpabilité le mois dernier devant le conseil de discipline de l’Ordre des comptables professionnels agréés du Québec. Il a écopé d’une radiation de 15 mois.

Le comptable a notamment subtilisé plusieurs chèques à son employeur entre mars 2023 et février 2024, pour un total de plus de 58 000$.

Les bureaux de l'Ordre des comptables professionnels agréées du Québec.
Les bureaux de l'Ordre des comptables professionnels agréées du Québec. Photo tirée du site web de l'Ordre

Il a également «fait un usage inapproprié» de la carte de crédit de l’organisation pour laquelle il travaillait en effectuant plusieurs dépenses personnelles qui n’étaient pas autorisées, en plus de manipuler le système de paie afin d’éviter que des sommes destinées à l’impôt ne soient prélevées sur son salaire.

Des démons personnels

Dans le cadre de son témoignage, M. Guimont-Duncan a expliqué qu’il était, à l’époque des faits, aux prises avec des problèmes de dépendance et de dépression. Il a, depuis, suivi une thérapie, en plus de s’engager à rembourser tout ce qu’il doit à son ancien employeur.

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«Il a fait la preuve de sa réhabilitation en entreprenant des démarches très sérieuses pour se soigner et pour remédier à ses torts», souligne le comité de discipline, qui juge que le risque de récidive est «faible». «Son employeur actuel est au courant de son passé et l’appuie dans ses démarches.»

De plus en plus courant

Avec l’augmentation du coût de la vie dans les dernières années et l’incertitude économique actuelle, les situations comme celle-ci risquent de devenir de plus en plus fréquentes, prévient Simon Gaudreau, du cabinet comptable MNP.

Simon Gaudreau, directeur principal, juricomptabilité, chez MNP à Montréal.
Simon Gaudreau, directeur principal, juricomptabilité, chez MNP à Montréal. Photo MNP

«C’est la nature humaine, quand tu es face à un besoin, une grande pression peut t’amener à poser certains gestes regrettables», explique-t-il.

De fait, les «fraudes internes», c’est-à-dire celles qui sont perpétrées par des employés ou des cadres contre leur propre entreprise, peuvent représenter de 5 à 6% des revenus annuels d’une entreprise victime, ajoute sa collègue Corey Ann Bloom.

Et les cas les plus courants sont précisément le détournement de fonds (30%), les fraudes à la paie (25%) et les fraudes liées à la facturation (31%).

Vigilance

Selon M. Gaudreau, la prolifération de ces escroqueries s’explique en partie par le fait que les dirigeants d’entreprise concentrent leurs efforts sur les risques dont ils entendent le plus souvent parler, comme la cybersécurité ou le vol d’informations confidentielles.

«Ça crée une ouverture pour les autres menaces», dit-il. «Une manière d’enrayer ce genre de fraudes est de faire de meilleures vérifications des antécédents avant d’embaucher une personne.»

«Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, il arrive que les entreprises sautent cette étape. C’est malheureux», conclut M. Gaudreau.

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