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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

Folie furieuse pour Slafkovsky en Slovaquie: «À Montréal, les gens se mêlent plus de leurs affaires»

Juraj Slafkovsky dans le hall d'entrée de son école secondaire, où son nom est mentionné à de nombreuses reprises et où l'on voit souvent sa photo.
Juraj Slafkovsky dans le hall d'entrée de son école secondaire, où son nom est mentionné à de nombreuses reprises et où l'on voit souvent sa photo. Photo Zdenek Matejovsky
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Photo portrait de Jonathan Bernier

Jonathan Bernier

2025-03-12T09:00:00Z
2025-03-13T05:02:31Z
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VANCOUVER | Être le premier choix du Canadien, ça change une vie. À seulement 18 ans, le jeune hockeyeur même pas encore sorti de l’adolescence est projeté sous les feux de la rampe. C’est gros. Mais ça l’est encore plus quand on est originaire de la Slovaquie, un pays de 5,5 millions d’habitants, où le hockey est roi.

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En juin 2022, Juraj Slafkovsky est devenu le premier Slovaque à être sélectionné au tout premier rang du repêchage de la LNH. Sa popularité, déjà grandissante depuis qu’il avait aidé son pays à remporter la médaille de bronze lors des Jeux olympiques quelques mois plus tôt, a explosé.

Juraj Slafkovsky lorsqu'il a été repêché au tout 1er rang par le Canadien de Montréal lors du repêchage de la LNH 2022, au Centre Bell.
Juraj Slafkovsky lorsqu'il a été repêché au tout 1er rang par le Canadien de Montréal lors du repêchage de la LNH 2022, au Centre Bell. Martin Chevalier / JdeM

«C’était complètement fou», s’est rappelé l’attaquant du Canadien dans un entretien accordé au Journal lors du passage de l’équipe à Vancouver.

«Un jour, ma sœur et moi, on est allés au centre commercial dans une boutique de vêtements. Toutes les personnes qui se trouvaient dans le magasin se sont arrêtées et se sont approchées pour prendre des photos avec moi. C’était comme: wow...», a-t-il raconté, encore incrédule.

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C’est à compter de ce moment que Slafkovsky a compris que sa vie ne serait plus jamais la même. À Kosice, sa ville natale, là où il passe encore ses étés, il n’y a pas une journée où une promenade ne se transforme pas en séance de photos. Pas moyen d’aller prendre l’air 15 min.

Juraj Slafkovsky attablé à une terrasse de Kosice, sa ville natale, en Slovaquie, où «Le Journal» l'a notamment rencontré en juillet 2023.
Juraj Slafkovsky attablé à une terrasse de Kosice, sa ville natale, en Slovaquie, où «Le Journal» l'a notamment rencontré en juillet 2023. Photo Zdenek Matejovsky

Rien à voir avec Montréal

On pourrait croire que c’est la même chose à Montréal, considérant que les joueurs du Canadien sont adulés, mais Slafkovsky assure que ce n’est pas le cas.

«Montréal, ce n’est pas pareil. C’est plus gros et il y a tellement de nationalités différentes. Les gens originaires de Montréal et du Québec me reconnaissent. Mais auprès des autres, je passe inaperçu.»

«J’ai l’impression qu’à Montréal, les gens se mêlent plus de leurs affaires», a-t-il ajouté.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Il semble également que les partisans du Canadien soient plus conviviaux que ses propres compatriotes.

«Je n’aurai pas l’air gentil auprès des Slovaques, mais j’ai le sentiment que les gens à Montréal sont plus polis. Dans les restaurants, personne ne vient te déranger pendant que tu te mets de la bouffe dans la bouche», a-t-il déclaré.

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Juraj Slafkovsky en compagnie de Lea Kacova (en lilas), l'une de ses enseignantes au secondaire, qui l'a croisé dans les rues de Kosice, en Slovaquie, en juillet 2023.
Juraj Slafkovsky en compagnie de Lea Kacova (en lilas), l'une de ses enseignantes au secondaire, qui l'a croisé dans les rues de Kosice, en Slovaquie, en juillet 2023. Photo Zdenek Matejovsky

«À la maison, ça arrive. Je me souviens d’une fois où je mangeais des sushis sur la rue et un homme m’a approché en me disant: “Tu dois prendre une photo avec moi parce que tu es l’idole de mon fils.” S’il était arrivé 10 min plus tard, ça m’aurait moins dérangé, mais là, j’essayais de manger des sushis tranquillement.»

Trois ans plus tard, il soutient vivre un peu mieux avec cette popularité. En fait, disons qu’il a appris à la gérer.

«Tu dois être capable de reconnaître quand tu as envie de voir du monde et quand ce n’est pas le cas. Au début, je ne faisais pas ça et je sortais en public quand même.»

Avec comme résultat qu’il finissait par perdre son sourire et sa bonne humeur. Ça lui arrive encore à l’occasion, mais «quand je trouve que ça prend des proportions un peu trop grandes, je disparais et je vais m’asseoir dans mon auto».

Bon pour le sport

Le repêchage de 2022 fut plutôt faste pour la Slovaquie. Après Slafkovsky, Simon Nemec a trouvé preneur au deuxième rang et Filip Mesar, au 26e. Du jamais-vu pour ce pays.

S’il y a un aspect positif que le joueur du Canadien aimerait voir découler de cette célébrité, c’est une croissance du nombre d’inscriptions auprès des jeunes.

Selon les données de la Fédération internationale de hockey sur glace, la Slovaquie compte 11 728 joueurs de hockey, dont 9288 d’âge junior. On est loin des 87 000 du Québec.

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Juraj Slafkovsky nous montre une photo de lui, plus jeune, avec l'une des équipes sportives dont il a fait partie à Kosice, en Slovaquie, en juillet 2023.
Juraj Slafkovsky nous montre une photo de lui, plus jeune, avec l'une des équipes sportives dont il a fait partie à Kosice, en Slovaquie, en juillet 2023. Photo Zdenek Matejovsky

«De temps à autre, je reçois des messages de jeunes qui ont commencé à jouer au hockey. J’espère qu’il y en aura de plus en plus, a-t-il lancé. Mais en même temps, ça coûte très cher de jouer au hockey en Slovaquie. Les parents doivent débourser beaucoup d’argent.»

Sur ce dernier point, ce n’est pas très différent d’ici.

Plus célèbre que les stars de cinéma

VANCOUVER | Souriant, affable, blagueur: dans un environnement de plus en plus aseptisé, Juraj Slafkovsky détonne. À 20 ans, bientôt 21, il n’a pas encore appris à sortir la cassette des clichés. C’est peut-être ce qui le rend aussi populaire.

«Je suis conscient que j’attire moi-même un peu tout ça, a-t-il convenu. Si j’étais un gars timide, qui ne parle pas beaucoup, je serais plus plate à suivre. Mais, je souris tout le temps. Je dis des niaiseries et les gens aiment ça.»

Juraj Slafkovsky avec des lunettes style frères Hanson dans le cadre du concours d’habiletés du Canadien au Centre Bell, en février 2025.
Juraj Slafkovsky avec des lunettes style frères Hanson dans le cadre du concours d’habiletés du Canadien au Centre Bell, en février 2025. Photo Martin Chevalier

D’ailleurs, tout ce qui s’écrit ou se dit à son sujet en Amérique est traduit dès le lendemain dans les médias slovaques.

«Juraj est une supervedette en Slovaquie. Présentement, il n’est pas seulement le hockeyeur le plus populaire du pays. Il est l’athlète le plus reconnu», a expliqué Martin Turcin, journaliste pour le site slovaque Sportnet.

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Celui-ci ajoute que sa popularité se compare à celle des acteurs et des chanteurs les plus acclamés de la Slovaquie.

«Après les Jeux olympiques de Pékin, où il a marqué sept buts et a été nommé le joueur le plus utile du tournoi, il aurait pu se présenter à la course à la présidence. Même s’il n’avait pas l’âge requis, il aurait obtenu des votes.»

Des impacts sur sa famille

Turcin raconte que chaque matin, les faits saillants de ses buts, de ses passes et de ses plus beaux jeux sont découpés sur toutes les plateformes sportives.

«En plus de ses performances sur la glace, les tabloïds couvrent sa vie personnelle, y compris des histoires sur sa petite amie, sa résidence natale et presque toutes les publications qu’il publie sur les médias sociaux», ajoute le collègue slovaque.

Évidemment, quand il apprend que des photographes épient ses parents, qu’ils publient des photos de leur domicile et des reportages sur ce qu’ils font dans la vie, c’est là où ça accroche un peu pour Slafkovsky.

«Ce genre de truc est un peu irritant. Après tout, qu’est-ce que mes parents ont à voir là-dedans?»

Il faut croire que c’est la rançon de la gloire, même si ce genre de comportements est difficilement justifiable.

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