Fiasco SAAQclic: François Bonnardel plaide l’ignorance
«On n’a pas voulu me donner les informations adéquates», a dit le ministre devant la commission Gallant
Nicolas Lachance
François Bonnardel plaide l’ignorance. Malgré ses inquiétudes concernant l’explosion des coûts, le report du projet et l’apparition de risques, le ministre soutient que la SAAQ lui a dissimulé le portrait réel du fiasco SAAQclic.
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Deux PDG de la SAAQ auraient donc caché les coûts et les risques du projet CASA/SAAQclic au ministre des Transports entre 2018 et 2022. La PDG Nathalie Tremblay ne lui aurait pas fourni les informations adéquates sur le budget réel dès sa nomination au poste de ministre.
Il affirme que la SAAQ ne lui a jamais présenté le portrait global du projet, incluant les coûts d’exploitation. Le montant aurait dû dépasser les 900 millions$, comme l’indique le Vérificateur général du Québec.
Puis, en 2022, alors que la SAAQ se préparait à débourser 222 millions$ supplémentaires pour terminer le projet, le PDG Denis Marsolais lui aurait menti sur l’explosion des coûts en remettant à son cabinet un faux document.
«Mon indice de bullshit est assez fort. Mais je me rends compte aujourd’hui que certaines personnes ont réussi, de façon honteuse, à transmettre des informations inadéquates, ce qui nous a empêchés de voir le portrait réel de la situation», a déclaré le ministre François Bonnardel.
D’ailleurs, il ne croit pas que Denis Marsolais ait confié à un de ses conseillers politiques, à voix basse, que la SAAQ avait besoin de 222 millions$ en juin 2022, comme l’a affirmé sous serment l’ex-PDG de la société.
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Hausse du budget
Pendant deux ans, le ministre était convaincu que le budget du projet CASA/SAAQclic s’élevait à 458 millions$ pour les trois livraisons prévues.
Tout a changé en 2021, lorsque le vice-président aux affaires publiques de la SAAQ, feu Dave Leclerc, aurait candidement révélé au téléphone à un conseiller politique du ministre que le budget global était en réalité de 638 millions$.
En février de la même année, le ministre est informé que le montant officiel est de 682 millions$, incluant une augmentation de 42 millions$.
En raison de «doutes sur l’explosion des coûts du projet CASA et pour donner suite à l’évolution des chiffres», le ministre réclame une rencontre au sommet afin d’obtenir des réponses.
La SAAQ, la directrice de cabinet du ministre Éric Caire et le patron de l’informatique du gouvernement (Conseil du trésor) sont présents. Aucune trace écrite de cette rencontre n’existe. Le ministre n’a «pas de mémoire» des réponses obtenues. Il assure toutefois avoir été rassuré par la PDG de l’époque.
Le commissaire Denis Gallant souligne qu’il existe «un flou».
«Vous vous êtes contenté d’un napperon», a déclaré le commissaire. Les napperons sont de très brefs documents qui résument l’avancement du projet.
Certains indicateurs étaient passés au jaune. Des changements dans les notes auraient peut-être dû alerter le ministre, a présumé le juge Gallant.
Pas au courant
Mercredi, l’ancienne chef de cabinet du ministre, Véronik Aubry, a admis être intervenue directement dans les documents transmis aux élus de l’Assemblée nationale en mai 2020 afin de dissimuler le report de la livraison du projet SAAQclic. Le bureau du premier ministre avait aussi été informé du report à l’époque.
Une fois de plus, le ministre a assuré qu’il n’avait jamais été informé que des informations incomplètes avaient été transmises aux élus responsables de l’examen des dépenses.
«Pour moi, ce n’est pas une façon de faire. C’est inadéquat», a-t-il dit, critiquant le manque de transparence de son équipe.
Ce qu’a dit le ministre
«Je suis complètement bouleversé.»
«On dépensait, on dépensait, on dépensait, mais je n’avais pas l’information en main.»
«Fling-flang»
À la suite du dépôt du rapport accablant du Vérificateur général du Québec (VGQ) sur le fiasco SAAQclic, le directeur du cabinet de François Bonnardel, Sébastien Lépine, voulait garantir que son ministre n’avait pas été mis au courant.
«Je relis le rapport du VGQ sur la replanification de 2020. Si on s’appuie sur l’explication de la VG, il faut être solide sur le fait que jamais, au cabinet, nous n’avons eu vent du fling-flang que la SAAQ a fait pour dissimuler les 300M$», a-t-il écrit dans un texto envoyé au cabinet du premier ministre en 2025.
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