Hausser la charge des camions pour éviter de bloquer le Port de Montréal


Valerie Lesage
L’Association du camionnage du Québec demande au gouvernement du Québec de permettre une hausse de plus de 20% de la capacité de chargement des camions pour éviter la catastrophe au Port de Montréal, où le transport des marchandises est menacé par la fermeture de trois des six voies du tunnel Louis-Hippolyte-LaFontaine à partir du 31 octobre.
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« Donnez-nous les outils pour sauter le mur plutôt que de le frapper », demande le président de l’Association, Marc Cadieux, qui réclame et attend toujours une rencontre avec la nouvelle ministre des Transports Geneviève Guilbault et son cabinet.
L’Association représente 75% de l’industrie du camionnage au Québec. Son pdg discute avec le Port de Montréal, la Ville de Montréal, les sous-ministres concernés et le bureau de projet responsable des travaux. M. Cadieux plaide l’urgence d’agir pour minimiser les impacts des travaux routiers, particulièrement au Port, plaque tournante de l’approvisionnement en biens et marchandises pour l’industrie manufacturière et les commerces de détail.
« Il faut sortir de la boîte, car si on se résigne à la réglementation stricte actuelle, on n’y arrivera pas », affirme-t-il.
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Outre l’augmentation de la charge des camions, il demande des corridors réservés aux poids lourds sur des créneaux horaires précis, ainsi que l’utilisation accrue des transports collectifs par les particuliers. Malgré cela, il anticipe des temps de transport de trois à quatre fois plus longs sur certains trajets.
« Je ne veux pas être celui qui annonce les fatalités, mais c’est certain qu’il y aura des retards de livraison de marchandises et des ruptures dans l’approvisionnement. Ça va amener une perte de productivité parce que si les entreprises manufacturières ne reçoivent pas leur marchandise, il y a des employés qui ne pourront pas travailler dans les usines », dit M. Cadieux, inquiet.
L’idée de faire travailler les camionneurs de nuit est une solution partielle et certainement pas le miracle espéré par plusieurs, prévient-il.
« C’est un oui, avec beaucoup de mais... On est en pénurie de main-d’œuvre et beaucoup de nos clients ne sont pas ouverts la nuit. Même le soir, les grandes surfaces d’alimentation ont du personnel réduit », observe M. Cadieux, ajoutant que la réglementation à Montréal restreint le transport de nuit pour éviter de perturber le sommeil des citoyens.
Les coûts de transport ont augmenté beaucoup ces dernières années avec l’inflation des salaires, du carburant et des équipements. M. Cadieux prévoit d’autres hausses liées aux perturbations causées par les rénovations. À la fin, le consommateur en paiera le prix.
Au Port de Montréal, on indique collaborer avec le ministère des Transports du Québec et autres partenaires pour le déploiement d’éventuelles mesures de mitigation. La directrice des communications Renée Larouche précise que seulement 2% des 120 000 déplacements quotidiens dans le tunnel sont liés au Port de Montréal.
« Nous offrons déjà des horaires prolongés pour permettre aux entreprises de venir chercher leurs conteneurs à l’extérieur des heures de pointe », soutient Mme Larouche, invitant les entreprises à en profiter.
L’Association des employeurs maritimes dit surveiller la situation de très près avec ses partenaires. Ses terminaux sont ouverts jusqu’à 23 heures pour le transport de biens et marchandises. Le travail des débardeurs est payé à temps et demi le soir, ce qui aura aussi une incidence sur les coûts associés au transport des biens et marchandises.