Fermeture d’Olymel à Vallée-Jonction: «La pire annonce économique» pour la Beauce

Vincent Desbiens
La fermeture de l’usine Olymel a semé la consternation vendredi à l’hôtel de ville de Vallée-Jonction. Les élus locaux s’accordent tous pour dire qu’il s’agit d’une des «pires annonces économiques pour la Beauce», ces dernières années.
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«On dit que pour un emploi chez Olymel, c’est quasiment trois autres qui en découlent dans la région, c’est énorme», déplore la mairesse de Vallée-Jonction, Patricia Drouin.

Elle se dit inquiète de voir un exode dans la municipalité après la fermeture du plus gros employeur du secteur et l’impact que cela aura sur toute la filière porcine.
«Il y a des gens qui sont arrivés chez nous pour travailler chez Olymel, qui sont établis ici, qui ont des familles et des enfants qui fréquentent notre école primaire. Oui je suis inquiète, parce qu’il y en a qui auront la possibilité de se relocaliser dans d’autres usines de l’entreprise.»
La mairesse Drouin avoue également qu’elle aurait aimé «en savoir plus sur les mesures qui seront mises en place pour la suite», entre autres par rapport à ce qu’il adviendra de l’usine qui rapporte 100 000$ de taxes foncières chaque année à la Municipalité.
«J’aurais aimé avoir plus de réponses aussi par rapport à la centaine de travailleurs étrangers. Qu’est-ce qui va arriver avec ces employés-là qui sont attachés à l’usine Olymel?» se demande la mairesse Drouin.
Se retrousser les manches
Pour sa part, le préfet de la MRC de La Nouvelle-Beauce, Gaétan Vachon, croit que l’appui de la Chambre de commerce et du Développement économique de la Nouvelle-Beauce est la clé pour aider Vallée-Jonction et les environs à se relever.
«On a déjà un tableau des besoins de nos entreprises de la région. Ça va être un élément majeur dont il va falloir se servir. [...] C’est sûr qu’aujourd’hui, c’est triste, c’est plate pour Vallée-Jonction, c’est plate pour les travailleurs, mais la semaine prochaine, notre travail, ça va être de se mettre en marche et de voir qu’est-ce qu’on peut faire pour ces gens-là et pour l’ensemble de la population.»
Relocaliser les travailleurs
Aux yeux du préfet, les prochaines semaines devront être consacrées à muter et requalifier les employés touchés par les mises à pied, considérant le contexte d’emploi et le taux de chômage excessivement bas de la Beauce.
«C’est mieux d’avoir un besoin comme on a là, que de vivre un 11% de chômage. Il y a de la demande, et on va essayer de faire le mieux possible pour ces gens-là», conclut-il.
Nous sommes présents pour accompagner les travailleurs, familles et l’ensemble de la communauté. https://t.co/gIeLeuZdho
— Provençal Luc (@luc_provencal) April 14, 2023
Vallée-Jonction perd «son cœur du village»
Les citoyens de Vallée-Jonction avaient la mine basse après avoir appris l’annonce de la fermeture de l’usine locale d’Olymel. Les résidents et les commerçants y voient une immense perte pour la vitalité économique de la municipalité.
«Ça va faire mal, c’est vraiment triste», raconte une passante, Caroline Charron, visiblement inquiète pour le destin des employés.
Pour Danielle Cliche, une résidente de Vallée-Jonction, c’est carrément «le cœur du village» qui fermera ses portes dans les prochains mois.
«Je trouve ça épouvantable pour l’économie de Vallée-Jonction, c’est une grande perte. Le midi, ils vont chercher leur lunch à l’épicerie, ils vont mettre de l’essence. [...] Il y a des petits commerces qui vont en souffrir énormément.»
L’économie locale en souffrira
Aux yeux de Denis Leclerc, propriétaire de la boucherie Le Jarret noir, l’économie locale tournait en grande partie grâce aux travailleurs d’Olymel qui logeaient à proximité et dépensaient leur argent dans le village.

«C’est sûr et certain que ça va “impacter” tous les commerces dans le coin. Ces gens-là, c’était une bonne partie de ma clientèle et je ne suis pas seul. Ça va faire mal», constate-t-il, incapable de prédire l’avenir pour son entreprise.
Des producteurs inquiets
Le copropriétaire du Groupe Porcité de Saint-Elzéar, Gaétan Cyr, entrevoit un avenir plutôt incertain pour la production porcine dans la région.
«On produit 22 000 porcs par année. Si on doit les envoyer ailleurs qu’à Vallée-Jonction, ça va nous coûter jusqu’à 100 000$ de plus par année juste en transport. On fait quoi pour se virer de bord?»
Il s’attend à ce que plusieurs entreprises porcines de la région n’aient d’autres choix que de fermer d’ici quelques années.
Les entreprises de grains, de céréales et les meuneries, qui sont interreliées, pourraient aussi être touchées.
«On va vivre une crise comme on n’a jamais vécu dans le porc», craint M. Cyr.
– Avec Jérémy Bernier
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