Faux courriels, faux appels, fausses signatures: une représentante en placements a tenté de détourner près de 60 000$
Lucie Roland travaillait pour la Financière Banque Nationale depuis plus de 11 ans


Sylvain Larocque
Alors qu’elle était à l’emploi de la Financière Banque Nationale (FBN) à Joliette, une représentante a usurpé l’identité de trois clients pour tenter de détourner près de 60 000$.
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L’Organisme canadien de réglementation des investissements (OCRI) vient de conclure que Lucie Roland avait eu une «conduite inconvenante» en raison de ces agissements survenus à l’automne 2021.
À l’époque, Mme Roland cumulait pourtant plus de 11 ans d’expérience comme représentante en valeurs mobilières pour la FBN. Elle travaillait pour Gilles Therrien, conseiller en gestion de patrimoine.

Faillite
À la mi-septembre 2021, Mme Roland a déclaré faillite pour des raisons qui ne sont pas spécifiées dans la décision de l’OCRI.
Dix jours plus tard, elle a effectué un transfert de 22 000 $ du compte d’un client de M. Therrien à un compte de la Banque TD appartenant à une autre personne. Raison invoquée: «achat d’une voiture à un particulier». Le patron de Lucie Roland était alors en vacances.
Pour justifier le transfert, Mme Roland s’est fait envoyer un courriel «d’une adresse qui ressemble à celle du client», mais avec un nom de domaine différent. Elle a avoué à l’OCRI avoir fabriqué une lettre d’autorisation en utilisant la signature du client qui se trouvait dans ses dossiers.
Elle a ensuite reçu quatre appels téléphoniques provenant du numéro du client, dont deux d’à peine quatre secondes chacun, mais après l’envoi de la demande de transfert.
Lucie Roland a soutenu avoir été dupée par un «faux» client qui détenait des renseignements personnels sur la victime, une défense que l’OCRI n’a pas retenue.
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Pour «aider» une nièce
Ensuite, à la fin septembre, Mme Roland a effectué un transfert de 20 850$ à partir du compte d’une autre cliente, vers un compte de la Banque TD appartenant à la personne bénéficiaire du premier transfert. Raison invoquée cette fois-ci: «aider» une nièce à acheter une maison.
La demande provenait à nouveau d’une fausse adresse courriel.
«L’intimée [Lucie Roland] a fait preuve d’insouciance et de négligence en omettant de vérifier si l’adresse courriel de l’expéditrice de la demande de transfert était bien celle de [la cliente] dans les dossiers de FBN et en procédant au transfert sans avoir “reconnu ou dûment identifié” son interlocutrice au cours des appels téléphoniques», a tranché l’OCRI.
Enfin, au début d’octobre 2021, Mme Roland a reçu une demande de transfert de 14 800$. Or, la prétendue lettre d’autorisation ressemblait «étrangement» à celle que la représentante avait fabriquée deux semaines plus tôt. De plus, elle a été envoyée par courriel alors que la cliente n’avait pas d’adresse électronique.
Dans ce cas-ci, la première tentative de transfert a échoué, ce qui a poussé Lucie Roland à réessayer à deux reprises par la suite, toujours en vain.
Heureusement, aucun des trois clients n’a perdu d’argent dans cette affaire, puisque tous les transferts ont pu être annulés.
Le 13 octobre 2021, une enquête a été déclenchée et Mme Roland a été suspendue de son poste avec salaire. Elle a été congédiée deux mois plus tard. L’OCRI déterminera sous peu les sanctions qui doivent lui être imposées.
Lucie Roland a ensuite occupé brièvement, de février à avril 2022, le poste de directrice adjointe d’une résidence pour personnes âgées de Joliette, avant d’être congédiée en raison d’un manque d’assiduité, selon les informations recueillies par Le Journal.
Précision: une version antérieure de ce texte identifiait erronément le patron de Lucie Roland comme étant Guillaume Tellier. Nos excuses.
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