Nouvelle saison de F1: une lutte à trois écuries?
Les enjeux de la plus longue saison de l’histoire

Louis Butcher
Après une pause d’un peu plus de trois mois, le cirque de la Formule 1 s’est installé à Bahreïn en prévision dimanche de la première étape d’un calendrier qui comportera cette année un record de 23 escales.
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Une domination menacée
Si Max Verstappen tentera de devenir seulement le cinquième pilote de l’histoire, après Lewis Hamilton, Sebastian Vettel, Michael Schumacher et Juan-Manuel Fangio, à remporter trois championnats du monde consécutifs, il pourrait faire face à une opposition plus sérieuse en 2023.
L’écurie Red Bull sera-t-elle encore seule sur sa planète ? La réponse appartient à Mercedes et Ferrari, les deux seules écuries du plateau capables d’assurer la riposte à l’équipe autrichienne.
Lewis Hamilton et George Russell forment le duo le plus redoutable en F1. L’écurie Mercedes, qui s’est mal adaptée aux nouvelles règles imposées en 2022, dit avoir fait ses devoirs pendant l’intersaison.
Quant à la Scuderia, la venue d’un nouveau directeur, Frédéric Vasseur, est peut-être l’électrochoc dont avait besoin cette organisation. C’est ce que souhaitent Charles Leclerc et Carlos Sainz. Pour rappel, Kimi Räikkönen est le dernier pilote à avoir été titré au volant d’une Ferrari en 2007.
Autant Mercedes que Ferrari comptent profiter de cette sanction infligée à leur rivale pour combler l’écart. Red Bull a vu son allocation de tests aérodynamiques réduite de 10 % cette année, après avoir dépassé le plafond budgétaire en 2021.
Comme le bon vin
L’écurie Aston Martin, dirigée par le Montréalais Lawrence Stroll, a réalisé un bon coup en recrutant Fernando Alonso, reconnu encore aujourd’hui comme l’un des pilotes les plus doués du plateau malgré ses 41 ans.
L’Espagnol s’est montré compétitif au volant de sa nouvelle monoplace lors des essais hivernaux tenus la semaine dernière, bien qu’il reconnaît que les premières épreuves de la saison seront difficiles.
À ses côtés, Lance Stroll aura la chance, encore une fois, de compter sur la présence d’un champion du monde (après celle de Sebastian Vettel l’an dernier). Le Québécois, qui entame déjà sa septième saison en F1, n’est pas encore parvenu à effacer cette étiquette de pilote « payant » qui l’accompagne depuis le début de sa carrière. Le fait d’avoir raté les essais préparatoires est un handicap pour celui dont la présence au premier Grand Prix de la saison demeure encore incertaine.
Une recrue à surveiller
Parmi les trois pilotes qui vont entamer leur carrière en Formule 1, il faudra surtout surveiller Oscar Piastri, dont l’accession à la catégorie-reine est loin d’être une surprise. L’Australien de 21 ans a fait ses classes avec succès en F3 et F2 et il aurait tout le talent pour devenir un jour champion du monde.
Le Néerlandais Nyck de Vries, embauché par l’écurie AlphaTauri, et l’Américain Logan Sargeant, qui remplace le Canadien Nicholas Latifi chez Williams, seront probablement limités à un rôle de figuration.
Viva Las Vegas !
Malgré une autre annulation du Grand Prix de Chine, le calendrier comptera 23 étapes, du jamais vu. Le Qatar reprend sa place en 2023 et la F1 effectuera un retour à Las Vegas sur un tracé urbain qui empruntera la célèbre « Strip ». Pour la première fois en 40 ans, trois Grands Prix auront lieu aux États-Unis au cours de la même saison.
Six courses sprint
La F1 doublera la présentation de courses sprint, qui remplacent la traditionnelle séance de qualifications du samedi.
Elles auront lieu en Azerbaïdjan, au Qatar, en Autriche, aux États-Unis (Austin), en Belgique et au Brésil. Ces épreuves sont d’une durée de 100 km et leur résultat final dicte l’ordre des pilotes sur la grille de départ de la course principale du lendemain.
3 champions du monde
Le plateau de la Formule 1 ne regroupera que trois champions du monde en 2023 après le départ à la retraite de Sebastian Vettel à la fin de 2022. Max Verstappen tentera, lui, de devenir le 11e pilote de l’histoire à signer au moins trois titres en F1. Quant à Lewis Hamilton, la conquête d’un huitième championnat se fait toujours attendre après une saison 2022 décevante. Fernando Alonso est le troisième pilote de ce groupe sélect avec deux titres acquis en 2005 et 2006 alors qu’il portait les couleurs de l’écurie française Renault.
LEWIS HAMILTON

- 7 titres
- 310 départs
- 103 victoires
- 191 podiums
- 103 positions de tête
MAX VERSTAPPEN

- 2 titres
- 163 départs
- 35 victoires
- 77 podiums
- 20 positions de tête
FERNANDO ALONSO

- 2 titres
- 356 départs
- 32 victoires
- 98 podiums
- 22 positions de tête
Les inscrits
RED BULL
- Max Verstappen
- Sergio Pérez
FERRARI
- Charles Leclerc
- Carlos Sainz
MERCEDES
- Lewis Hamilton
- George Russell
ALPINE
- Esteban Ocon
- Pierre Gasly
MCLAREN
- Lando Norris
- Oscar Piastri
ALFA ROMEO
- Valtteri Bottas
- Zhou Guanyu
ASTON MARTIN
- Lance Stroll
- Fernando Alonso
HAAS
- Kevin Magnussen
- Nico Hülkenberg
ALPHA TAURI
- Nyck de Vries
- Yuki Tsunoda
WILLIAMS
- Alexander Albon
- Logan Sargeant
Ils changent d’équipe

Après deux saisons peu fructueuses où il n’a accédé au podium qu’une seule fois (3e place au Qatar en 2021), Fernando Alonso quitte l’écurie Alpine pour rejoindre Aston Martin, dirigée par le milliardaire montréalais Lawrence Stroll. L’Espagnol, qui paraît certes plus motivé que son prédécesseur, Sebastian Vettel, est non seulement le plus âgé du plateau (41 ans), mais aussi le plus expérimenté avec 356 départs à son actif, un sommet dans l’histoire de la F1. Pour remplacer Alonso, Alpine a fait appel à Pierre Gasly (photo), qui cohabitera avec son compatriote Esteban Ocon. La question est maintenant de savoir comment cette équipe se comportera avec ce duo de pilotes français dont les débats en piste dans les catégories inférieures ont été jadis tumultueux.
Ils arrivent
Contrairement à l’année passée, où le Chinois Zhou Guanyu avait été la seule recrue du plateau, ils seront trois à entreprendre leur carrière de pilote titulaire au Grand Prix de Bahreïn en fin de semaine.
L’Australien Oscar Piastri, qui a chassé son compatriote Daniel Ricciardo chez McLaren, a certes mérité un baquet régulier en F1, lui qui a été couronné champion de Formule 3 (2020) et de Formule 2 (2021), avant d’être promu pilote de réserve chez Alpine l’an dernier. Il n’est âgé que de 21 ans.

Si certains des pilotes engagés en Formule électrique ont été des transfuges de la F1, Nick de Vries (photo) a plutôt choisi le chemin inverse. Après avoir été titré en FE avec Mercedes en 2021, il obtient une première chance en F1 à l’âge tardif de 28 ans, grâce à l’écurie AlphaTauri, qui l’a embauché pour combler le départ de Pierre Gasly. Le Néerlandais a aussi été couronné champion de F2 en 2019 et s’est familiarisé à la F1 à titre de pilote de réserve chez Mercedes de 2020 à 2022. Enfin, Logan Sargeant, 22 ans, vivra lui aussi son baptême de la F1 dimanche à Bahreïn. Celui qui remplacera le Canadien Nicholas Latifi au sein de l’écurie Williams deviendra le premier pilote américain à prendre le départ d’un Grand Prix depuis Alexander Rossi en 2015.
Il revient

Après avoir perdu son volant chez Renault à la fin de 2019, Nico Hülkenberg (photo) retrouve son rôle de pilote à temps plein en 2023 pour succéder à Mick Schumacher au sein de l’écurie américaine Haas. Il a su toutefois garder la main quand il a été appelé en relève pour remplacer des pilotes indisposés lors de quatre épreuves, soit deux en 2020 (Racing Point) et deux autres en 2022 (Aston Martin). L’Allemand, qui détient le record peu enviable de plus grand nombre de départs (181) sans aucune présence sur le podium, sera le coéquipier du Danois Kevin Magnussen, avec qui il a eu des discussions musclées dans le passé, dont l’une mémorable au Grand Prix de Hongrie en 2017 où il avait traité son rival de trou de... cul.
Ils sont partis

La liste des engagés ne comptera qu’un seul pilote canadien (Lance Stroll) en 2023, puisque sans surprise l’écurie Williams n’a pas renouvelé son entente avec Nicholas Latifi (photo), dont le parcours s’est avéré compliqué et parfois controversé. Si ses chances de renouer un jour avec la F1 sont nulles, ce ne serait pas le cas pour Daniel Ricciardo et Mick Schumacher, qui ont été libérés par McLaren et Haas respectivement. Tous deux restent directement impliqués dans l’univers de la F1 dans l’espoir d’y revenir à temps plein l’an prochain. L’Australien a accepté un rôle de pilote de réserve chez Red Bull alors que Schumacher, qui n’a pas réussi à se faire un prénom depuis sa venue en F1 en 2021, occupera la même fonction, à la fois chez Mercedes et chez McLaren. Enfin, Sebastian Vettel a mis fin à une brillante carrière à la fin de la saison 2022, avec quatre championnats du monde à sa fiche, 53 victoires et, notamment, 122 présences sur le podium.