Exportation de véhicules volés: les députés demandent des comptes
L’Agence des services frontaliers du Canada devra s’expliquer devant le comité sur la sécurité publique

Nora T. Lamontagne
Les députés fédéraux se pencheront pendant plusieurs jours sur le fléau de l’exportation des véhicules volés en comité, vu l’ampleur du problème à la grandeur du pays.
«Il est plus que temps qu’on s’intéresse à ce dossier-là. Même chez nous, en région, je connais des gens qui se sont fait voler leur véhicule», a affirmé en point de presse la députée Kristina Michaud, porte-parole du Bloc en matière de sécurité publique.
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L’élue originaire d’Amqui a déposé lundi une motion pour aborder la question des vols d’autos pendant six jours au comité permanent de la sécurité publique.
La motion a été adoptée à l’unanimité par les parlementaires, qui ont été nombreux à témoigner des impacts de ce fléau dans leurs circonscriptions respectives.
Ces derniers veulent demander des comptes à l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), responsable d’inspecter les marchandises au port de Montréal.
Un récent dossier de notre Bureau d’enquête a révélé à quel point il était facile pour les criminels d’exporter ces véhicules sous le nez de l’Agence, majoritairement via le port de Montréal.

Le ministre de la Sécurité publique Dominic LeBlanc, des fabricants de véhicules, des compagnies d’assurance ainsi qu’une escouade spéciale formée pour contrer les exportateurs de véhicules volés pourraient aussi être appelés à témoigner.
Cibler, identifier, gérer le risque
Croisé au Sénat, le ministre responsable de la Sécurité publique Dominic LeBlanc a d’ailleurs évoqué son «inquiétude croissante» envers ces exportations illicites.
«Vérifier tous les produits qui quittent d'un port aussi occupé que Vancouver ou Montréal n'est tout simplement pas réaliste. Alors, à l'intérieur de ça, qu'est-ce que [les agents de l’ASFC] peuvent faire pour cibler, identifier, évidemment, gérer le risque?», a-t-il réagi.

Dominic LeBlanc a proposé du même souffle la création d’une équipe d’enquête conjointe qui comprendrait l’Agence des services frontaliers, à qui plusieurs reprochent un manque de collaboration.
Visite au port
Le ministre a également dit vouloir visiter les installations du port de Montréal en compagnie d’autres élus pour constater de ses propres yeux comment les exportations y étaient contrôlées.
Plusieurs députés siégeant au comité sur la sécurité publique avaient formulé la même demande plus tôt dans la journée.
Écoutez la discussion quotidienne entre Félix Séguin, journaliste au Bureau d'Enquête de Québecor au micro de Richard Martineau, disponible en balado ou en audiovisuel via la plateforme audio QUB radio:
«Ça va être important d’aller aux ports à Montréal et à Vancouver pour voir à quel point le nombre d’inspections n’est pas sérieux», a commenté l’élu néodémocrate de la Colombie-Britannique Peter Julian.
L’ASFC pouvait compter sur 5 employés pour contrôler plus de 580 000 conteneurs qui ont quitté le port de Montréal l’an dernier, selon le Syndicat des Douanes et de l’Immigration.
La technologie à la rescousse
Dane Lloyd, un conservateur, a également souligné le besoin de se pencher sur les solutions technologiques pour protéger les Canadiens, lui qui a récemment été victime d’un vol de véhicule.
«J’ai pu le récupérer grâce à un dispositif de suivi, mais malheureusement, on doit payer un abonnement pour y avoir accès», a-t-il affirmé.
En moyenne, 43 Québécois par jour se sont fait dérober leur véhicule depuis le début de l’année, selon les chiffres d’Équité Association, soit plus de 11 000 personnes.
Avec la collaboration de Guillaume St-Pierre