Près de 200 Québécois arrêtés en Ontario pour des vols d'autos
Nos criminels font des centaines de kilomètres pour s’approvisionner dans la province voisine
Nora T. Lamontagne et Denis Therriault
Des dizaines de Québécois ont été interceptés au volant de véhicules volés sur les autoroutes qui relient Toronto à Montréal dans la dernière année, alors qu’ils s’aventurent de plus en plus loin pour commettre leurs méfaits.
«On est des victimes en Ontario, les véhicules sont volés chez nous et ensuite emportés chez vous», constate le sergent-détective Gaston Thibodeau, de la police provinciale de l’Ontario (OPP).
Dans la première moitié de l’année, 15 044 véhicules ont été volés chez nos voisins, soit pratiquement le double du Québec, selon Équité Association.
Seulement dans l’est de l’Ontario, les autorités ont arrêté près de 200 Québécois depuis novembre dernier pour tentative de vol ou vol de véhicules d’après l’OPP. Ces chiffres n’incluent pas le territoire du Grand Toronto.
Les criminels sont particulièrement intéressés par véhicules de la province voisine parce qu’ils sont moins souvent équipés de dispositifs de suivi que ceux du Québec.

C’est qu’il était jusqu’à récemment interdit aux assureurs ontariens d’offrir des rabais pour l’installation d’équipement de sécurité supplémentaire.
Des commandos organisés
À force d’enquêter sur les commandos de voleurs québécois, la police ontarienne a saisi leur modus operandi.
D’abord, une équipe se fie sur une «liste de magasinage» de véhicules souhaités pour faire du repérage dans les quartiers cossus ou près des autoroutes.

Les comtés frontaliers avec le Québec comme Hawkesbury, Lancaster et Cornwall sont particulièrement ciblés. Mais des Québécois ont été arrêtés aussi loin qu’à London, à 700 kilomètres de Montréal.
Arrive ensuite un commando composé d’au moins d’un voleur, d’un transporteur, et du conducteur du véhicule de fuite.
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«Un soir, ils vont chercher trois-quatre Lexus, un autre soir des Honda, ensuite, dans le temps de le dire, ils sont rentrés au Québec», décrit le sergent-détective Thibodeau, rattaché au projet de renseignement Émission, sur les véhicules volés.

À la faveur de la nuit, ils empruntent l’autoroute 401 ou l’autoroute 417 qui traversent l’est ontarien pour retourner à Montréal le plus vite possible et exporter leur butin au port.
«On a des policiers vigilants le long de la 401 qui attendent un message de la répartition. Un beau Dodge Ram flambant neuf à 6h-7h le matin, ils vont peut-être commencer à le suivre », illustre Gaston Thibodeau, natif du Québec.
Certains voleurs se rabattent désormais sur les petites routes de campagne plus au nord pour éviter de se faire attraper.
Interception à haut risque
N’empêche, les arrestations à haut risque de voleurs de voitures sont «quotidiennes» en bordure des autoroutes, soulève M. Thibodeau en s’inquiétant pour la sécurité des policiers et du public.

Car les criminels qu’ils interceptent tentent souvent de prendre la fuite à haute vitesse en multipliant les manœuvres dangereuses, en plus de posséder des armes à feu.
«Ils sont jeunes, ils n’ont pas de respect pour la vie humaine, ils n’ont pas d’expérience au volant et souvent ils ont consommé. Ce sont de véritables dangers publics», laisse-t-il tomber.
Municipalité (nombre de vols)
Nombre de vols à une même adresse
Cette carte des vols de véhicules sur le territoire du Québec couvre l’année 2023, du 1er janvier jusqu’à une date entre le 30 juin et le 12 octobre, selon la ville.
Les données proviennent de la Sûreté du Québec, du service de police de la Ville de Montréal, de la ville de Laval, de la ville de Longueuil, du service de police de la Ville de Gatineau, du service de police de la ville de Québec, du service de police de la ville de Lévis, du Service de police de Sherbrooke, de la ville de Blainville, du service de police de Châteauguay, du service de police de la ville de Mascouche, de la ville de Granby, de la ville de Trois-Rivières, du service de police de la ville de Bromont, de la Régie de police du Lac des Deux-Montagnes, de la Régie de police de Memphrémagog, du service de police de la Ville de Saint-Eustache, du service de police de Saint-Jean-sur-Richelieu, de la ville de Repentigny, de la ville de Mirabel, et d’Équité Association. Certaines ont été obtenues par accès à l’information.
À noter que des municipalités peuvent avoir compté des véhicules comme des motos, des camions ou des bateaux dans leur bilan. Quant aux données de localisation, elles nous ont été transmises sous différentes formes : code postal, coin de rue, rue ou quartier.
Compilation des données : Nora T. Lamontagne et Philippe Langlois, Bureau d’enquête