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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Évictions : les aînés, des «cibles parfaites» pour des propriétaires véreux

Ils sont de plus en plus nombreux à se faire évincer par des proprios voulant augmenter le prix de leur loyer

Les aînés sont de plus en plus victimes d'évictions de la part de nouveaux propriétaires.
Les aînés sont de plus en plus victimes d'évictions de la part de nouveaux propriétaires. Archives
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Photo portrait de Clara Loiseau

Clara Loiseau

2023-05-15T04:00:00Z
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De plus en plus d'aînés deviennent des «cibles parfaites» pour des propriétaires véreux et devraient être davantage protégés.

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 « Souvent, les aînés vivent dans leur logement depuis plusieurs années, donc leur loyer va être moins élevé, donc ils vont être souvent ciblés par des tactiques d’évictions, frauduleuse ou légitime, pour augmenter les loyers entre deux locataires », déplore Cédric Dussault, co-porte-parole du Regroupement des comités logement et des associations de locataires du Québec (RCLALQ).

Si les aînés sont victimes de propriétaires qui souhaitent les évincer, c’est aussi parce qu’ils sont plus souvent réticents à s’opposer à une éviction, plus craintifs, et subissent plus d’intimidation.

«Malheureusement ça arrive beaucoup, on en voit de plus en plus et surtout maintenant avec les nouveaux propriétaires et investisseurs, ce sont des “cibles parfaites”», ajoute M. Dussault.

«Jeunification des quartiers»

Selon lui, le phénomène est toutefois difficile à chiffrer puisque beaucoup d’aînés ne contesteront pas leur éviction et préféreront s’en aller sans entamer des démarches pour refuser leur éviction.

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«Ce sont des processus qui sont très lourds et épuisants pour tout le monde, alors pour une personne âgée c’est d’autant plus drainant », ajoute-t-il.

À cause de ces situations en partie, les quartiers centraux montréalais vont être ceux avec la plus faible proportion d’aînés, estime Julien Simard, chercheur à l’Université du Québec à Montréal et spécialiste de la gérontologie sociale.

«Ce qui se passe, il y a une jeunification des quartiers centraux et une relégation sociale des aînés hors de ces quartiers où, ironiquement, il y a tous les services [dont ils ont besoin]», explique-t-il.

Mise à jour

Depuis 2016, des modifications ont été apportées au Code civil du Québec pour mieux protéger les aînés lors des évictions. Selon la loi, il n’est plus possible d’évincer un locataire âgé de plus de 70 ans, qui occupe le logement depuis au moins 10 ans et qui a un faible revenu.

Pour Cédric Dussault, il faut absolument que ce dernier critère soit revu à la hausse vu le prix des loyers et la pénurie de logements.

«Avec l’explosion des loyers, même si leur revenu est plus élevé que le seuil, les gens ne pourront jamais retrouver un logement abordable», dénonce-t-il, en martelant qu’il faut absolument mieux protéger l’ensemble des locataires québécois contre les évictions.

Mais même lorsque les gens remplissent tous les critères, il faut encore qu’ils veuillent se confronter à leur propriétaire, souligne Julien Simard.

«Cette loi a aussi un effet pervers qui augmente la discrimination envers les aînés puisque des propriétaires ne veulent pas louer à des aînés parce qu’ils vont être pognés avec», affirme celui qui s’intéresse à la problématique depuis 10 ans.

Selon lui, pour éviter une «catastrophe humanitaire», il faut que le gouvernement mette en place un moratoire total sur les évictions et les reprises pour les aînés et accélère la construction de logements sociaux.

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