Couple de septuagénaires triplement menacé d’éviction: «On ne demande rien, à part rester dans notre logement!»
Le couple a reçu trois avis d’évictions pour le logement qu’ils occupent depuis 28 ans et qu’ils paient 685$ par mois


Clara Loiseau
Un couple de retraités qui a reçu trois avis d’évictions en trois ans ne baisse pas les bras pour garder son logement et rester dans le quartier où ils font leur vie depuis 28 ans.
• À lire aussi: Évictions : les aînés, des «cibles parfaite» pour des propriétaires véreux
• À lire aussi: Un registre des loyers «clé en main» pour lutter contre la crise de l’habitation
«On ne demande rien, à part rester dans notre logement! On sait que tous les ans [le fils de notre propriétaire] va essayer de nous faire partir, mais on ne veut pas, on ne peut pas», laisse tomber Denise Caron, 73 ans, qui réside depuis 1995 dans une rue tranquille de Saint-Léonard.
Avec son conjoint, Lucien Dion, 77 ans, la septuagénaire paie 685$ de loyer par mois.
«Ça va passer à 710$ le 1er juillet», indique M. Dion.
Si avec la pénurie de logements à bas prix, ils craignent de ne plus pouvoir se loger à Montréal, ils angoissent encore plus d’être forcés de se déraciner de leur quartier.
«On a tout ici, mon frère, ma fille, des amis, notre pharmacien. Tout se fait à pieds», plaide Mme Caron.
«C’est chez nous ici», renchérit son conjoint.
Plusieurs menaces d’évictions
Les deux locataires s’accordent pour dire qu’avant, ils n’avaient jamais eu de problème avec le propriétaire qui leur avait fait signer un bail en 1995.
«C’était un gentleman», insiste M. Dion.
Mais depuis trois ans, c’est le fils de leur propriétaire, décédé en décembre, qui s’occupe de la gestion du logement. Depuis, le couple de retraités affirme se faire pousser vers la sortie.
«Chaque année il essaie une nouvelle manière de nous faire partir, soit ce sont des avis de reprise de logement, soit des hausses de loyers de centaines de dollars pour de soi-disant réparations dans le futur», raconte Mme Caron, qui attend depuis trois ans que son comptoir de cuisine datant de 1973 soit changé.

Comme le couple gagne «un peu trop» d’argent pour être protégé par la loi qui empêche certains aînés de plus de 70 ans de se faire évincer (voir autre texte), ils craignent de chaque année devoir revivre le même stress de se faire menacer d’éviction.
Prête pour la prochaine
Dans leur modeste logement, elle et son conjoint s’occupent des réparations mineures, de redonner un coup de pinceau pour rafraîchir la peinture ou même de remplacer à leurs frais les calorifères capricieux pour garder un logis en bon état et agréable à vivre.
Pour les deux locataires, il est clair que leur éviction permettrait de faire grimper le loyer considérablement.
«Si on part, on sait qu’on ne retrouvera rien à ce prix-là dans le quartier et à Montréal», lance Mme Caron.
Chaque fois, le couple a toutefois pu rester notamment parce que les papiers envoyés par le fils du propriétaire n’étaient pas correctement remplis. Selon le registre foncier, il n’est pas encore devenu propriétaire de la bâtisse, qui est toujours au nom de son défunt père.
«Il a aussi ouvert un dossier au Tribunal administratif du logement pour une reprise de logement, mais s’est désisté juste avant que l’audience ait lieu», ajoute M. Dion.
«Je me prépare déjà pour l’an prochain», souffle Mme Caron.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.