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L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

Fiasco SAAQclic: le ministre de la Cybersécurité et du Numérique Éric Caire démissionne

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Photo portrait de Nicolas Lachance

Nicolas Lachance

2025-02-27T19:01:53Z
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Le «shériff» de La Peltrie n’a pas survécu au scandale SAAQclic. Devenu «une distraction» en raison de nombreuses révélations troublantes à la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), Éric Caire a décidé de démissionner de son poste de ministre du Numérique, plaidant «ne pas avoir été assez méfiant».

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«Éric Caire m’a offert sa démission», a déclaré François Legault.

Des révélations du Journal et du quotidien Le Devoir sur le fiasco SAAQclic ont fait plier le ministre. 

Néanmoins, l’ex-ministre estime qu’il n’a rien à se reprocher, sauf «ne pas avoir été assez méfiant».

«Même si j’ai assumé mes responsabilités de ministre dans cette affaire et que je n’ai rien à me reprocher, hormis de ne pas avoir été assez méfiant, j’en suis venu à la conclusion que c’était devenu une distraction qui nuisait à mon gouvernement et à mon premier ministre. Je lui ai donc offert ma démission comme ministre de la Cybersécurité et du Numérique», a déclaré Éric Caire. Il restera d'ailleurs député de La Peltrie et membre du caucus de la CAQ. 

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Dans un rapport qu’elle a déposé la semaine dernière, la vérificatrice générale du Québec rapporte que le budget de 638 M$ pour le projet la transformation numérique de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) a explosé et que les coûts atteindront «minimalement» 1,1 G$.

Depuis, le premier ministre affirme que son gouvernement a été berné. Les ministres plaident qu’ils ont été «trompés». «On nous a menti», a signalé la ministre des Transports, Geneviève Guilbault. Même chose du côté de l'ex-ministre des Transports François Bonnardel. 

Le premier ministre dit avoir toujours confiance en ses ministres. «Il y en a qui disent qu’on devrait peut-être aller plus loin», a indiqué François Legault. «On est ouvert. Moi, je veux aller au fond des choses, moi, je n’ai rien à cacher.» Il plaide que son intégrité est la chose la plus importante. «Les trois ministres concernés me disent qu’ils n’ont eu aucun indice. Maintenant, est-ce qu’il faut faire une autre enquête indépendante? Faut-il donner plus dans la mission de la vérificatrice générale?», a-t-il mentionné.

Plusieurs révélations

Depuis le dépôt du rapport de la vérificatrice générale, de nombreuses révélations se sont succédé dans les médias. Les partis d’opposition réclamaient sa tête ainsi que celles des ministres François Bonnardel et Geneviève Guilbault.

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Selon Le Devoir, le vice-président de l’expérience numérique de la SAAQ, Karl Malenfant, avait rencontré Éric Caire le 3 juin 2022 pour lui présenter le détail des dépassements de coûts associés à SAAQclic.

Puis, notre Bureau parlementaire dévoilait mercredi que son sous-ministre de l’époque, Pierre E. Rodrigue, admirait la «vision» de l’architecte du projet SAAQclic et connaissait depuis longtemps «les risques» de dérapage qui ont mené à une explosion de la facture de 500 M$.

Aussi, neuf jours après avoir été officiellement informé des dépassements de coûts associés au projet SAAQclic, le ministre Éric Caire a signé un arrêt ministériel qui a permis à la SAAQ de contourner les règles du Conseil du trésor et de cacher à la population une facture de 222 M$ supplémentaire pour ce fiasco.

Capture d'Ècran assnat
Capture d'Ècran assnat

Le 22 juin 2022, le ministre Éric Caire a changé les règles du jeu dans le dossier SAAQclic. Le ministre de la Cybersécurité et du Numérique a signé «l’arrêté numéro 2022-03». Il permettait ainsi à la SAAQ et aux entreprises du gouvernement de se soustraire de certains mécanismes de surveillance du Trésor pendant leur virage numérique.

«En juin 2022, le conseil d’administration [de la SAAQ] a décidé que les redditions de comptes concernant le programme CASA seraient dorénavant effectuées directement auprès du conseil d’administration», mentionne d’ailleurs le rapport sur le fiasco SAAQclic de la vérificatrice générale dans une note de bas de page.

Un boulet?

Quelques heures avant de démissionner, Éric Caire défendait encore son bilan. Grippé, il s’était présenté devant les journalistes parlementaires, tentant de réfuter toutes les révélations médiatiques.

La confiance du public à l’endroit du ministre et en sa gestion du dossier SAAQclic semblait néanmoins minée.

Comment pourra-t-il retrouver la confiance de la population? «Je vais continuer de faire de mon mieux», avait-il dit, soutenant que c’était au premier ministre de décider s’il était un «boulet» pour son gouvernement. Trois heures plus tard, il a annoncé sa démission.

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