Avec son livre «Expat», Fadwa Lapierre raconte l'histoire de 75 expatriés québécois
Gaëlle Jan
Adapté de la série Expat, diffusée sur CASA depuis 2019, le livre Expat: Choisir de vivre à l'étranger, pour le meilleur et pour le pire de Fadwa Lapierre, journaliste, chroniqueuse et recherchiste, se veut un prolongement de l’émission, mais avant tout une ode au voyage, aux découvertes et aux récits de vie. Rencontre avec l’autrice québécoise, férue de voyages et profondément attachée à ses multiples racines.
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Il aura fallu environ deux ans de travail à Fadwa Lapierre pour sélectionner, parmi les centaines de formulaires reçus par saison de la télésérie, les candidats éparpillés dans le monde entier, réaliser les entrevues, compiler et écrire le tout, non sans difficultés: «Avec les différents fuseaux horaires, c’était un gros travail de coordination, et je voulais rapporter le plus fidèlement possible les témoignages», nous raconte-t-elle. Guidée par l’émotion, Fadwa est parvenue à concevoir un objet-livre à l’allure d’un carnet de bord ou de voyage. «J’ai pris la thématique de l’avion, de l’embarquement à l’atterrissage, sans oublier les turbulences, pour regrouper plein de petites histoires. J’étais à la recherche de pépites qui méritaient d’être partagées. Dès que je trouvais quelque chose qui suscitait une émotion, que ce soit de l’étonnement, du découragement, de la surprise ou de la passion, qui sortait de l’ordinaire ou qui pouvait rejoindre les gens, je le sélectionnais.»

C’est ainsi qu’une variété d’histoires, d’action et d’aventures d’expatriées et expatriés québécois, qui mettent en avant des traits culturels spécifiques, se sont inscrites entre ces pages. Le tout étant enrichi par l’ajout de paroles d’experts, comme une professeure en psychologie sociale et culturelle, des experts en sécurité, en ressources humaines ou encore en nostalgie — un sentiment qui emporte tout un chacun, et parfois plus encore celles et ceux qui, en s’éloignant de leurs racines, sont pris dans une sorte de déchirement perpétuel. «Je trouvais que c’était intéressant d’avoir un regard de chercheur, en plus du côté pratique et informatif pour ceux qui veulent s’expatrier», explique la journaliste.
Fadwa Lapierre insère également tout au long du livre des liens et parallèles avec son vécu, qu’il s’agisse de ses expériences de voyage ou de son histoire familiale, et donc de sa familiarité avec les notions d’expatriation et d’immigration. «Je réalisais que les histoires m’amenaient à réfléchir et faire des liens avec ma propre vie. Ma mère était une expat. Elle est venue du Maroc pour étudier, puis est devenue immigrante. Elle a rencontré mon père et est restée ici, nous confie l’autrice. Le livre s’inscrit dans une sorte de quête personnelle liée au fait de se sentir parfois étrangère ou se demander si l’herbe est plus verte ailleurs.»

Expat nous pousse en effet à nous questionner sur nos choix de vie. Comme nous le rappelle Fadwa, «ces expats-là ont fait le choix d’écouter leur petite voix, de suivre leurs envies. Je voulais amener les lecteurs à s’interroger sur cette démarche. Notre destinée nous appartient et il ne faut pas l’oublier.»
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Néanmoins, depuis les débuts de la télésérie et du travail de Fadwa Lapierre sur le livre, le contexte international a beaucoup évolué, que ce soit dû à la pandémie, aux conflits géopolitiques, au contexte économique et à la crise climatique. Une certaine prise de conscience et un changement de comportement chez les expatriés et l’autrice peuvent se faire remarquer. «L’expatriation est un privilège, souligne Fadwa. Et les Québécois se rendent compte qu’au Québec aussi, on est privilégiés. Liberté, insécurité, changements climatiques (menaces d’ouragans ou tsunamis, par exemple, pour les insulaires) peuvent motiver certains à revenir. S’expatrier est une décision difficile à prendre, rentrer également. Mais les doutes ne peuvent pas rester.»
Le livre de Fadwa Lapierre, Expat: Choisir de vivre à l'étranger, pour le meilleur et pour le pire, publié aux éditions Trécarré, est disponible en librairie.
