Emmanuel Bilodeau et Normand D’Amour: amis complices, mais rivaux à l’écran
Nathalie Slight
Normand D’Amour et Emmanuel Bilodeau sont amis dans la vie, mais ennemis jurés dans la série STAT. Leur complicité naturelle rend leurs confrontations à l’écran encore plus savoureuses. Rencontre avec deux bons chums qui apprécient visiblement de se donner la réplique.
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Les gars, vous rappelez-vous la première fois que vous avez travaillé ensemble?
Normand: C’était sur la pièce de théâtre Les noces de Figaro, présentée au Théâtre du Nouveau Monde en 2008. Ç’a cliqué immédiatement entre nous deux, une amitié instantanée. Mais sur scène, on jouait des antagonistes.
Emmanuel: Avant même de se croiser sur ce projet, on se connaissait quand même un peu. Petite anecdote: ma blonde (Édith Cochrane) avait loué ton chalet en Estrie pour m’organiser une fête surprise pour mon 45e anniversaire, entouré de ma famille et de mes amis. On a passé un superbe moment chez toi, c’est l’un des plus beaux souvenirs de ma vie.
Normand: Imagine si j’avais été présent, ce moment aurait été encore plus mémorable! (rires) Quelques années après Les noces de Figaro, on a joué dans Les peintres du charbon chez Duceppe.
Vous deviez être heureux de vous retrouver!
E.: Oui, au point où on a décidé de partager la même loge, parce qu’on savait qu’on allait bien s’entendre, qu’on allait avoir du plaisir.
N.: C’est là que j’ai dit, lors d’une entrevue: «Tout est sous problème, il n’y a pas de contrôle.» Cette phrase a fait le tour du Québec à l’époque. Les gens pensaient qu’il s’agissait d’une citation d’un grand philosophe, mais non, c’était une réflexion de mon cru! (rires)
Quelle fut votre première impression l’un de l’autre?
E.: De prime abord, je l’ai trouvé beau, grand et fort! (rires) Sérieusement, j’ai toujours admiré l’artiste qu’il est. Normand est, selon moi, l’un des plus grands acteurs du Québec — autant sur scène qu’au cinéma et à la télévision. Un gars hyper talentueux, mais très humble en même temps. Même s’il porte un spectacle sur ses épaules, il n’est jamais nerveux, jamais stressé. Il livre la marchandise avec une aisance déconcertante.
N.: Ben merci, c’est gentil! Moi, je te retourne le compliment. De son côté, Emmanuel a toujours l’air un peu stressé, mais en fait, il est content d’être content — il adore les gens. C’est de la fébrilité plutôt que de l’anxiété.
E.: À la maison, j’ai un petit côté solitaire, je ne parle pas tant que ça. Mais quand j’arrive dans une salle de répétition ou sur un plateau de tournage, il y a quelque chose qui s’allume en moi: je deviens une vraie bibitte sociale! (rires)
Êtes-vous stressés avant une représentation?
E.: Pour ma part, j’avais le trac auparavant. Mais depuis que j’ai découvert le yoga, il y a 15 ans, j’ai appris des techniques de respiration qui m’aident à rester dans le moment présent. Les soirs de première, je ne suis pas énervé, je suis heureux.
N.: Même chose pour moi. J’ai hâte de monter sur scène, je suis quasiment euphorique. Cela dit, j’ai déjà eu le trac en début de carrière. Mais vous savez ce qui m’a guéri de ça? La naissance de mon fils. Ça m’a permis de relativiser bien des choses. Nous, les acteurs, on ne sauve pas des vies! Si je bafouille sur scène, si j’ai un blanc, ce n’est pas plus grave que ça, je vais être capable de me reprendre d’une manière ou d’une autre.

Depuis la saison dernière, vous vous donnez la réplique dans STAT. Comment est-ce arrivé?
E.: J’ai été approché en novembre 2024. La production voulait savoir si j’étais intéressé à jouer le nouveau directeur des services professionnels de l’Hôpital Saint-Vincent, en remplacement de Pascal St-Cyr. Ma première réaction fut: «Hein? Normand D’Amour quitte STAT?» Je n’avais pas plus de détails, personne ne pouvait me répondre, c’était une information top secrète.
N.: J’étais au courant qu’Emmanuel était pressenti pour incarner Laurent Lamy. J’aurais pu le texter, mais je ne pouvais vraiment rien révéler.
E.: Dès la lecture des premiers textes, j’ai compris que mon personnage prenait le poste de DSP de Pascal St-Cyr, mais que ce dernier restait travailler à l’hôpital. J’ai bien aimé que ces deux-là s’haïssent à mort. Je me suis dit qu’on aurait du fun à jouer ça.
Y a-t-il une scène marquante que vous avez jouée ensemble?
N.: Lors de la dernière scène qu’on a jouée ensemble la saison dernière, Pascal et Laurent avaient une discussion à propos des démissions en bloc du personnel de Saint-Vincent.
E.: Ton personnage dit: «Just watch me», et je réponds: «En français, s’il vous plaît!» Tu répliques avec un «Fuck you... en français!» On a improvisé ces quelques phrases à la toute fin de la scène, et ils ont conservé ça au montage.
Est-ce qu’avoir une belle complicité dans la vie aide à jouer des scènes où vous vous détestez?
N.: On exerce notre métier depuis des années. On a un travail à faire, on joue la scène. Alors, qu’on soit amis ou pas, ça n’a aucune incidence sur notre jeu.
E.: Dans un film, j’ai déjà eu à jouer le meilleur ami d’un comédien que je n’appréciais pas tant que ça. Je le trouvais à la limite gossant.
N.: Leonardo DiCaprio. C’est bien ça?
E.: Ben, je ne voulais pas nécessairement nommer son nom, mais je ne crois pas qu’il va lire l’entrevue. (rires) Donc, oui, ce cher Leonardo. On était meilleurs amis à l’écran, mais on était de grands menteurs aussi!
En terminant, avez-vous des passions communes?
E.: J’aime bien jouer à des jeux de société de temps en temps. Ce n’est pas ma passion première, comme Normand. Je dirais même que ma blonde aime plus ça que moi — surtout quand il s’agit de lire les règlements. Elle est définitivement la «maître du jeu».
N.: Emmanuel cuisine son propre pain. On peut faire de la pâte à pizza chez nous, mais pas du pain. C’est d’ailleurs un talent que j’envie chez mon ami!