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L'article provient de 24 heures

Elle enseigne les rudiments de la séduction et du potluck aux nouveaux arrivants

Photomontage Marilyne Houde
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Photo portrait de Léa  Martin

Léa Martin

2024-03-07T22:21:00Z
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Comment aborde-t-on une Québécoise? C’est l’homme ou la femme qui fait les premiers pas? Comment ça marche, un potluck? Voilà quelques-unes des questions auxquelles répond la professionnelle en sexologie Kanica Saphan dans sa formation Approcher l’autre: les relations aux Québec.

«Les Québécois sont faciles d’approche pour discuter, mais c’est difficile de passer ce cap [pour développer une relation plus profonde]», témoigne Alexandrine, 29 ans.

Comme une vingtaine d’autres personnes, qui arrivent du Mexique, du Brésil, de la Côte d’Ivoire, du Togo ou de l’Iran, l’étudiante originaire de France a assisté à la formation de Kanica Saphan au début du mois de mars.

«Je suis à ma deuxième session ici, mais après avoir vu mes collègues plusieurs fois, ils ne me saluent pas [en classe]. J’ai l’impression qu’on ne me voit même pas», regrette un autre étudiant rencontré à l’Espace interculturel de l’Université Laval.

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L’étiquette d’un potluck

Kanica Saphan insiste: une intégration réussie, ce n’est pas juste de parler français, de se trouver un emploi et un logement. C’est aussi de comprendre les codes sociaux.

Voilà pourquoi, dans sa formation, qu’elle a donnée une quarantaine de fois, elle aborde une panoplie de sujets, des relations amoureuses à l’étiquette à respecter lors des soirées entre amis. Elle répond à des questions simples, par exemple, s’il faut apporter à boire dans un party et si on peut se servir dans l’alcool des autres sans demander la permission.

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Elle explique également le fonctionnement d’un fameux repas-partage.

«Je n’avais jamais entendu parler d’un potluck, admet Mohamed, qui débarque de Tunisie. Chez moi, quand on invite des gens, on cuisine pour tout le monde.»

«Des gens repartent avec la bière qu’ils ont amenée?», se surprend un autre étudiant.

Léa Martin
Léa Martin

L’amour à la québécoise

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Kanica Saphan l’admet d’emblée: dater au Québec, «c’est difficile pour tout le monde». Ça peut donc être un casse-tête de s’y retrouver quand on arrive d’ailleurs sur la planète.

Avant de s’installer au Québec, Karen, une Mexicaine de 27 ans, avait l’habitude que les hommes fassent les premiers pas, la charment ou encore l’invitent au restaurant.

Au Congo, d’où Joyce est originaire, les hommes ont l’habitude de se montrer insistants auprès des femmes qui les intéressent. «Plus la personne insiste, plus on considère que la personne a de l’intérêt», explique le jeune homme de 21 ans.

«Au Québec, on essaie vraiment de déconstruire cette idée. Quand on dit “non”, ça veut dire non. Et quand on est intéressé, on dit qu’on est intéressé, souligne Kanica. Je ne veux pas que vous ayez peur d’approcher des gens, vous pouvez toujours le faire, mais pas 15 fois.»

«La différence entre la séduction et le harcèlement, c’est que la séduction se passe à deux, c’est le fun et dynamique. Dès qu’une des deux personnes montre qu’elle n’est plus intéressée et que l’autre continue, c’est là que ça devient un problème», ajoute-t-elle.

Tout le monde hoche la tête avec intérêt.

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La recherche du bonheur

En discutant avec 24 heures, la conférencière avait un message pour les Québécois «de souche».

«Si vous en avez envie, allez parler avec eux [les nouveaux arrivants] et montrez-leur que vous pouvez être une personne-ressource», suggère-t-elle.

«Ce qu’ils veulent, c’est être heureux, avoir une job, vivre de manière digne et honorable et avoir des relations satisfaisantes avec leur entourage, leur communauté. C’est un besoin psychologique de base.»

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