Le nombre de demandeurs d'asile au Canada a explosé en 2023, malgré la fermeture de Roxham

Mathieu Carbasse
La fermeture du point d’accès Roxham, le 25 mars dernier, n’a pas permis de ralentir les arrivées de demandeurs d’asile au pays, bien au contraire.
Selon les chiffres publiés ce vendredi par Statistique Canada, plus de 144 000 demandes d’asile ont été effectuées auprès des services frontaliers (ASFC) et du ministère de l’Immigration (ICC) l’année dernière.
Il s’agit d’une hausse de 57% par rapport à l’année 2022, lors de laquelle un peu moins de 92 000 demandeurs d’asile avaient été interceptés aux frontières du pays.
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Au Québec, les chiffres sont également en hausse, même si la contribution de la province à l'effort canadien a nettement ralenti.
Si le Québec reste la province qui a accueilli le plus de demandeurs d’asile avec 65 570 dossiers, soit 46% du total canadien, l’Ontario n’arrive pas loin derrière avec 63 390 personnes, soit 44% du total canadien.
En 2022, le Québec représentait près de 64% du total canadien.
Difficile toutefois d’attribuer cette diminution de la contribution du Québec à l'effort canadien à la fermeture du chemin Roxham. En 2023, c’est par les airs que les demandeurs d’asile arrivent principalement au pays.
L’année dernière, 25 755 personnes sont arrivées par les airs au Québec, comparativement à 20 550 par la voie terrestre. En 2022, c’était 11 655 par voie aérienne et 39 910 par voie terrestre.
Pour Stephan Reichhold, directeur de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI), le Québec et le Canada ont les moyens d’accueillir 150 000 personnes par an, même si les organismes communautaires se retrouvent sous pression.
«Alors que le taux d’acceptation des demandeurs est de l’ordre de 70%, les gouvernements canadiens et québécois ne semblent pas se projeter dans le futur, ils ne voient que les arrivées à la frontière... Malheureusement, ce sont surtout les organismes communautaires qui absorbent le flux de réfugiés et qui les aident pour trouver un logement, une école pour les enfants, etc. », déplore-t-il.
200 000 Ukrainiens
«À titre de comparaison, on a accueilli près de 200 000 Ukrainiens depuis un an et demi au Canada, qui ont accès à tous les services. Ça se passe plutôt bien. Au Canada, au Québec, on est capable d’absorber les demandeurs d’asile. C’est d’autant plus vrai quand on se compare avec la France, l’Allemagne ou l’Angleterre», explique encore M. Reichhold.
Ce dernier regrette par ailleurs que l’arrivée massive de réfugiés soit parfois présentée comme la principale raison des dysfonctionnements de certains services publics.
«C’est de la mauvaise foi, ce n’est pas propre au Québec. Les demandeurs d’asile sont toujours rejetés. »
À titre de comparaison, l’Allemagne a accueilli 330 000 demandeurs d’asile en 2023 (pour une population de 85 millions de personnes), en plus d’avoir servi refuge à un million d’Ukrainiens.