Elks ou Eskimos : un mauvais roman-savon!


Benoît Rioux
EDMONTON – À la sortie du vestiaire de l’équipe locale, à Edmonton, une affiche attire l’attention: «Once an Eskimo, Always an Eskimo»!
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Le retour d’une telle pancarte est le plus récent chapitre d’un mauvais roman-savon! L’organisation n’abandonnera pas pour autant le nom des Elks, mais elle a décidé d’arrêter de faire comme si les Eskimos n’avaient jamais existé.

«Il ne faut jamais oublier ton historique», tranche le directeur général des Alouettes Danny Maciocia, questionné sur le sujet, alors que l’équipe montréalaise prenait part, jeudi soir, à l’ouverture de la saison locale à Edmonton.
«À travers mon parcours, je suis très fier d’avoir fait partie de l’organisation des Eskimos pendant une certaine époque et je crois que c’est une opinion que plusieurs partagent», d’ajouter Maciocia.
Autre signe de respect pour leur passé: les Elks ont décidé de ramener l’ancien gérant d’équipement Dwayne Madrusiak, qui avait été remercié en 2020 à l’aube d’une 50e saison avec l’équipe.
«Je suis de retour parce que je veux bien être de retour», a-t-il confié à Maciocia, jeudi après-midi, lors de touchantes retrouvailles sur le terrain du stade du Commonwealth.
Une fierté renouvelée
C’est le nouveau président et chef de la direction des Elks, Chris Morris, nommé en octobre dernier, qui a décidé de ramener le glorieux passé de la concession à l’avant-plan. Ce n’est peut-être pas une mauvaise chose puisque depuis le changement de nom, pour la saison 2021, les Elks ont maintenu une fiche de 18 victoires et 51 revers (avant le match contre les Alouettes). Ils ont aussi complété, en août 2023, une affreuse séquence de 22 défaites à domicile. Oui, vous avez bien lu: 22 défaites consécutives devant leurs pauvres partisans!
Dans une ligue à neuf équipes, les Elks ont finalement raté les éliminatoires quatre fois en autant d’occasions depuis qu’ils portent ce nom, lequel avait été adopté, doit-on le rappeler, à la suite d’une polémique entourant le terme «Eskimos», jugé raciste et offensant pour certains membres de la communauté inuite.
«Nous allons être fiers de l’époque des Eskimos, a désormais promis Morris, le mois dernier, en conférence de presse. C’est fini de garder dans l’ombre quelque chose [qu']on ne devrait pas craindre, notamment 14 championnats de la Coupe Grey.»
Deux championnats avec Maciocia
Aujourd’hui âgé de 56 ans, Morris a lui-même défendu les couleurs des Eskimos pendant 14 saisons, de 1992 à 2005. Il faisait d’ailleurs partie de l’équipe, comme joueur de ligne offensive, quand Maciocia a remporté sa première Coupe Grey à titre de coordonnateur à l’attaque, en 2003, puis encore en 2005 lorsque le Montréalais était désormais l’entraîneur-chef de la formation d’Edmonton.

«Chris Morris était l’un de nos meneurs dans le vestiaire, se souvient le DG des Alouettes. C’était l’un des capitaines de l’équipe et, à l’extérieur, il a été professeur et directeur d’école. Il était très, très respecté et vraiment intelligent.
«Quand il jouait au football, il y avait comme une switch en lui et il avait un côté méchant sur le terrain, de poursuivre Maciocia. Durant mes 30 années dans le domaine du football, je considère que les deux joueurs les plus durs [que j’ai côtoyés] sont Mike Pringle et Chris Morris. Chris jouait souvent en dépit de blessures, c’est inimaginable. Il trouvait la volonté, la force et le désir de continuer et c’est pourquoi il avait autant de leadership.»
«La personne idéale»
Ce leadership, Morris compte le mettre à nouveau au service de l’équipe de football d’Edmonton. Il s’est d’ailleurs déjà excusé auprès des partisans rappelant que la base d’amateurs tenant au nom des Eskimos avait été «diabolisée» au cours des dernières années.
«C’est la personne idéale qui, selon moi, aurait dû être là depuis plusieurs années», a laissé tomber Maciocia, précisant avoir encouragé la candidature de Morris à la présidence lorsqu’un dirigeant l’a sondé à ce sujet, l’année dernière.
Ne reste plus maintenant aux Elks qu’à retrouver la vieille culture gagnante des Eskimos. Ça va prendre plus qu’une affiche «Once an Eskimo, Always an Eskimo» près du vestiaire et un fidèle gérant d’équipement, mais c’est déjà un commencement.