D’une butte de Saskatoon au top 5 mondial de ski acrobatique
Maïa Schwinghammer figure au quatrième rang du classement de la Coupe du monde cette saison


François-David Rouleau
SAINT-CÔME | À regarder Maïa Schwinghammer dévaler une piste de bosses, on imagine difficilement qu’elle a appris les notions de base du ski alpin dans sa tendre enfance sur une minuscule butte enneigée de... Saskatoon. Quinze ans plus tard, la skieuse figure dans le top 5 du classement mondial de sa discipline.
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C’est surprenant d’apprendre qu’il est possible de skier dans les plaines canadiennes. Ce l’est d’autant plus de découvrir qu’il y a des montagnes.

«Non, ce n’était pas une montagne. C’était une petite côte d’environ 45 m d’élévation nommée Blackstrap, corrige Schwinghammer avec amusement. Mes parents en étaient les gestionnaires. Il y avait un remonte-pente, un T-bar et un tapis magique.
«C’était plaisant, car je pouvais skier partout librement et m’amuser dans les bosses», ajoute celle qui a des racines québécoises du côté de sa maman, qui vient de Montréal.
Encore aujourd’hui, elle se demande pourquoi ils géraient ce petit centre, qui est aujourd’hui fermé. Mais son père a toujours gravité dans le ski acrobatique. Il y a couru pour ensuite entraîner.
Descente d’argent
C’est lors des Jeux olympiques de Vancouver en 2010 qu’elle a véritablement eu la piqûre du ski acrobatique. Alors que son paternel était chef de compétition, la petite skieuse d’à peine 9 ans a vu de ses propres yeux la descente en argent de la Canadienne Jennifer Heil à Whistler.
«Les yeux grands ouverts et émerveillés, j’ai dit: “C’est ça que je veux faire plus tard.” Et me voilà.»
Son parcours vers l’équipe nationale n’a pas été aussi facile que de claquer des doigts. Il a pris naissance dans les nombreux périples familiaux au centre de ski du Parc olympique de Calgary, où elle a progressé et gravi les échelons du ski acrobatique régional et provincial. Après un passage dans l’équipe élite de la Colombie-Britannique, elle a percé la formation nationale à 16 ans.

Avant de s’imposer cette année, il lui aura fallu plusieurs saisons et une amère déception de ne pas participer aux Olympiques de 2022 à Pékin.
«En y repensant, c’était une bonne affaire, car j’y serais allée comme une simple participante ou touriste. J’ai beaucoup appris depuis deux ans. Je me pousse et je m’améliore constamment. Je vise les Jeux de 2026 en Italie. Là, je n’irais pas en touriste, mais pour avoir des chances de gagner une médaille.»
En bas ou non?
«Elle fait de mieux en mieux. Elle réussit à être constante, note l’entraîneur Michel Hamelin. Avant, c’était tout ou rien quand elle descendait. J’étais stressé à savoir si elle allait arriver en bas de la piste ou non. Ça fait longtemps qu’on travaille. Elle nous offre du solide ski.»

Avant de débarquer à Saint-Côme, où elle a connu du succès dans sa carrière, l’athlète de 23 ans comptait une médaille de bronze et quatre présences au pied du podium sur le circuit de la Coupe du monde cette saison.
Dans Lanaudière, elle a l’opportunité de se qualifier pour les Jeux de Milan et de Cortina d’Ampezzo. Les enjeux sont élevés et elle est prête à pousser la machine pour vivre son rêve.