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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Touchants témoignages d’une famille de survivants de l’attaque au camion-bélier d’Amqui

Cinq membres d’une même famille, dont deux enfants de 3 ans et 6 mois, ont miraculeusement survécu à la collision provoquée par Steeve Gagnon

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Photo portrait de Pierre-Paul Biron

Pierre-Paul Biron

2025-05-20T17:26:59Z
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RIMOUSKI | «J’ai lâché la main du petit pour qu’il aille trouver sa maman, et là, j’ai tout perdu.»

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Ce qui devait être une belle sortie pour «gâter les enfants» s’est transformé en véritable cauchemar pour cinq membres d’une famille qui ont eu le malheur de croiser la route de Steeve Gagnon, auteur de l’attaque au camion-bélier à Amqui, le 13 mars 2023.

Le petit Julien* (prénom fictif) avait convaincu ses grands-parents d’aller au Dollarama cet après-midi-là.

«Je lui devais des surprises», s’est rappelé avec un sourire dans la voix son grand-père mardi au procès de Steeve Gagnon.

Le garçon de 3 ans était donc accompagné de sa petite sœur, qui était âgée d’à peine 6 mois, de sa maman et de ses grands-parents sur le trottoir du boulevard Saint-Benoît.

La famille ne peut être identifiée puisqu’une ordonnance protège l’identité des enfants.

Le grand-père a raconté que Julien lui a demandé d’aller marcher avec sa mère dans les secondes précédant le drame. Le dernier souvenir qu’a l’homme de cette journée ensoleillée, c’est le petit qui lui lâche la main.

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Après, c’est le noir.

«Je ne sais plus rien de ce qui s’est passé, mais je ne me suis pas rendu à la maison», s’est rappelé le survivant .

Photo d’archives, STEVENS LEBLANC
Photo d’archives, STEVENS LEBLANC

Blessures graves

«Il m’a cassé la colonne, il m’a cassé la hanche, déplacé l’enveloppe du cœur. Il m’a cassé 15 côtes, m’a perforé un poumon, m’a fait un traumatisme crânien, une embolie pulmonaire. J’avais du sang au niveau du cerveau, du foie, de la rate, de la vessie», a confié en larmes le survivant.

La liste des blessures du sexagénaire est longue, mais elle n’a jamais fait broncher l’accusé, Steeve Gagnon, totalement impassible dans le box des accusés.

Le grand-père et sa belle-fille, la mère des deux enfants, ont passé trois semaines au total à l’hôpital.

La jeune femme, fauchée de plein fouet elle aussi, a souffert d’une fracture ouverte du fémur et d’une fracture de l’omoplate en plus de «plusieurs petites fractures» à la colonne vertébrale ainsi qu’une commotion cérébrale.

Plusieurs témoins l’ont décrite comme étant «enroulée» dans les rampes en métal de la microbrasserie La Captive, où elle a été projetée.

Photo déposée au tribunal
Photo déposée au tribunal

Solide pendant son témoignage, la jeune femme dans la trentaine a quitté d’un pas rapide la salle d’audience, sans jamais regarder l’accusé et en retenant ses larmes.

Sa mère, qui a aussi témoigné, a quant à elle eu le pied fracturé. Aucun des membres de la famille ne se rappelle l’impact.

Projetés en l’air

Les enfants, eux, s’en sont sortis presque indemnes, Julien n’ayant souffert que d’une commotion cérébrale et de contusions pulmonaires.

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À la vue des photos de la scène, notamment la poussette de la petite avec les quatre roues arrachées, et à l’écoute des témoignages troublants livrés, il tient du miracle que les cinq membres de la famille aient survécu.

«Il a accéléré, et j’ai vu les gens rentrer en dessous du camion, voler à côté. J’ai vu les enfants monter dans les airs, a relaté Chantal Lavoie, qui a été témoin de toute l’attaque. Ils volaient en l’air comme des oiseaux.»

«Ça n’arrive pas, des affaires de même»

Mme Lavoie et son mari sont tous deux originaires de la région d’Amqui, mais habitent le nord de l’Ontario depuis près de 30 ans.

Ils étaient en visite le 13 mars 2023 et circulaient sur le boulevard Saint-Benoît pour «voir ce qui a[vait] changé» depuis leur départ.

Quand la femme a vu la camionnette de Steeve Gagnon monter sur le trottoir, elle n’en croyait pas ses yeux.

«Je me suis dit: “Ben voyons, on est à Amqui. Ça n’arrive pas, des affaires de même.”» a-t-elle témoigné mardi.

La réalité l’a malheureusement rattrapée.

«Quand j’ai vu quelqu’un rentrer en dessous de la voiture, j’ai compris qu’il n’arrêterait pas», a ajouté la femme.

Steeve Gagnon fait face à trois chefs d’accusation de meurtre prémédité ainsi qu’à deux chefs d’accusation de tentatives de meurtre à l’aide d’un véhicule sur neuf personnes.

Selon la thèse du ministère public, l’homme de 40 ans entretenait une haine envers le système. Son procès devant jury est prévu pour huit semaines au palais de justice de Rimouski.

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