Dominique Laroche déclaré coupable d’abus sexuels sur une adolescente
L’ex-champion de ski acrobatique et courtier immobilier bien connu de la région de Québec a été reconnu coupable de cinq des six chefs d’accusation portés contre lui

Pierre-Paul Biron
Dominique Laroche est coupable d’abus sexuels sur une mineure. Le tribunal a rejeté la version de l’ex-skieur acrobatique et courtier immobilier bien connu de la région de Québec, concluant qu’il a agressé sexuellement pendant plusieurs années une adolescente proche de sa famille.
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Contacts sexuels, incitation à des contacts sexuels et exploitation sexuelle: la juge Marie-Claude Gilbert a déclaré Dominique Laroche coupable de cinq des six chefs d’accusation qui pesaient contre lui lundi matin. Il a été acquitté d’un chef d’agression sexuelle qui visait la période où la victime était adulte, le ministère public reconnaissant lui-même que la victime avait consenti aux rapports sexuels.
Lors du procès qui s’est tenu à l’hiver dernier, la victime de Laroche avait témoigné comment celui qu’elle idolâtrait avait abusé d’elle. Et ce, dès ses 13 ans.
«Je voulais lui plaire, je voulais qu’il m’aime», avait confié la jeune femme lors de son éprouvant témoignage où elle affirmait idolâtrer l’ex-champion.
«Elle voulait lui plaire, [...] il a exploité sa confiance pour obtenir son consentement aux diverses activités sexuelles», a conclu la juge Gilbert dans une longue décision étoffée.
Champion déchu
La plaignante, dont l’identité est protégée par une ordonnance du tribunal, avait raconté au procès avoir développé une relation «secrète» avec Laroche, qui est de plus de 30 ans son aîné. Elle était à ce moment hébergée par la conjointe de l’homme à un moment plus trouble de son adolescence.
«Mes premiers échanges avec un garçon, un homme, c’était avec lui. Il me disait qu’il avait une sexualité différente un peu, que la plupart de ses conquêtes ne faisaient pas ce que lui aimait et que moi, j’avais du guts, puis que j’allais pouvoir faire ça», avait confié la victime à la juge Marie-Claude Gilbert lors de son témoignage.
Dans sa plaidoirie finale, le procureur de la Couronne, Me Michel Bérubé, avait décrit l’histoire de la jeune femme comme celle d’une enfant «corrompue», transformée en «jouet sexuel» alors qu’elle était «sous le joug» d’un homme qu’elle admirait en raison de son aura de vedette du ski et d’homme d’affaires à succès.
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Le vernis de réussite de Dominique Laroche a toutefois craqué de façon irrémédiable lundi matin quand la juge Marie-Claude Gilbert a prononcé le verdict qui lui accole maintenant l’étiquette d’agresseur sexuel avant celle de champion.
«L’accusé n’est ni fiable ni crédible», a soutenu la magistrate dans son évaluation de la crédibilité du témoignage de Laroche. «Son témoignage ne soulève pas de doute raisonnable, pas plus que sa défense.»
Manipulée
Laroche niait l’ensemble des relations sexuelles avant la majorité de la jeune femme, soulignant que la suite n’était que «du sexe entre adultes consentants».
La juge a déploré que l’homme se place en «acteur passif», rejetant la responsabilité des rapprochements sur la victime. «Pourtant, c’est lui qui a une libido élevée [...], une sexualité assez présente [...], qui a fabriqué des machines à pénétrer et à sodomiser télécommandées, qui a une armoire remplie de jouets sexuels [...], qui a une adresse courriel secrète appelée ‘’Extremsex’’», a fait remarquer Mme Gilbert.
D’ailleurs, sur la chronologie des événements, la juge a souligné l’importance du témoignage non contredit d’une amie du secondaire de la victime, à qui elle s’est confiée sur ses relations avec Laroche. Cette amie racontait même l’avoir accompagné à la pharmacie pour aller chercher la pilule du lendemain.
Pour le ministère public, ces éléments démontraient que Laroche avait manipulé la jeune femme et l’avait «emmenée dans un univers sexualisé». Me Michel Bérubé a d’ailleurs demandé au tribunal l’incarcération immédiate de Dominique Laroche, qui est en liberté depuis son arrestation en 2021. La juge Gilbert entendra les arguments des parties mardi matin.
En défense, Me Charles Levasseur a indiqué être «surpris» de la décision, soulignant toutefois qu’il était trop tôt pour déterminer si son client allait porter la décision en appel. Quant à Laroche, il était «dévasté» et «déçu» selon son avocat.
Rappel des faits
Dominique Laroche avait été arrêté à son domicile en juin 2021 pour les infractions à caractère sexuel. La nouvelle avait secoué les communautés sportives et d’affaires de la région.
Au procès, il a été établi que l’ex-skieur et la plaignante avaient entretenu une «relation secrète» sur plusieurs années, soit des 13 ans de la victime jusqu’à sa mi-vingtaine. Elle a notamment témoigné que Laroche possédait dans sa résidence une «chambre du sexe», une pièce où se trouvait un matelas au sol ainsi qu’une armoire verrouillée où il rangeait ses nombreux jouets sexuels.
L’enquête policière a permis d’établir que l’ADN de la jeune femme se trouvait sur certains de ces jouets.
CE QU'ILS ONT DIT
«L’accusé a été placé devant des contradictions et il a fini par les concéder. Sa version parait quelques fois ajustée. Plusieurs aspects de son témoignage sont apparus surprenants ou invraisemblables. Enfin, la fiabilité de sa mémoire a été mise à mal» - Marie-Claude Gilbert, juge
«On parle d’une victime dans une situation de vulnérabilité et d’un agresseur qui a un statut. Mais malgré toute cette image de force que présentait Dominique Laroche, la vérité a triomphé. La voix, la parole, le témoignage d’une jeune victime vulnérable a triomphé» - Me Michel Bérubé, procureur de la poursuite.
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