Digne d'un «roman d'espionnage»: plus de quatre ans de prison pour avoir planté des micros chez son ex
Marc Gordyn fut l'auteur d'un «cas unique et nouveau d’atteinte à la vie privée d’une ex-conjointe», a décrit la juge


Laurent Lavoie
Un criminel qui s’était incrusté de «manière insidieuse» dans la vie de son ex-conjointe au point de planter des micros chez elle a récemment écopé de plus de quatre ans de prison.
• À lire aussi: Un homme pouvant être dangereux recherché par la police de Sherbrooke
• À lire aussi: Une victime de délit de fuite croit aux remords de son chauffard pour s'aider à tourner la page
• À lire aussi: Meurtre à l’arme blanche à Gatineau en 2020: deux hommes condamnés pour homicide
«[L]’usage qu’il a fait des informations ainsi obtenues, durant six mois, font la preuve d’un désir de contrôle rarement vu, voire d’une fixation [à] la limite délirante, sur tout ce qui touchait cette femme, de près ou de loin», a rédigé dans une décision-fleuve Claude Dallaire, juge à la Cour supérieure.
La magistrate a condamné au palais de justice de Sherbrooke Marc Gordyn à quatre ans et demi de pénitencier pour diverses infractions de harcèlement et interception de communications privées.
Notons toutefois qu’une majeure portion de sa peine a été purgée en détention préventive.
Cette histoire troublante, qui représente un «cas unique et nouveau d’atteinte à la vie privée d’une ex-conjointe», aux dires de la juge Dallaire, a débuté en juin 2018.
Un roman d’espionnage
La victime avait alors décidé de mettre un terme à la relation qui s’est échelonnée sur quelques années.
C’est là que la «folie de Marc a pris toute son ampleur et que ma vie est devenue invivable et insupportable», décrit la victime dans une lettre présentée en cour.
Dans les semaines qui ont suivi, Gordyn a contacté à répétition son ex-partenaire par textos, messages téléphoniques. Elle l’a finalement dénoncé à la police.
Gordyn, qui était en fin de période de probation pour des infractions antérieures, a été arrêté et soumis à diverses conditions.
Or, après avoir été surpris à espionner son ex et un prétendant, il fut envoyé en thérapie, pour traiter sa consommation de stupéfiants, à l’automne 2018.
«Jusqu’au 11 février 2019, Gordyn semble respecter les termes de sa remise en liberté, mais ce n’est finalement qu’une illusion, car ce que la police finit par découvrir [...] relève du roman d’espionnage», écrit la juge Dallaire.
C’est qu’après avoir été dénoncé à la direction de son centre pour un comportement suspect, on a trouvé dans un sac appartenant à l’accusé un cellulaire et des cartes SIM, des objets pourtant interdits en thérapie.
Le délinquant de 60 ans avait alors fui son centre, avant d’être arrêté à nouveau par la police, au mois de mai.
Des messages scrutés
L’enquête a démontré que divers incidents étranges étaient survenus précédemment dans la vie de son ancienne partenaire, entre autres lorsqu’elle discutait avec des prétendants.
Des personnes étaient jointes par texto par un individu, dont les propos laissaient croire que leurs échanges étaient interceptés et écoutés.
«Les divers ordinateurs, téléphones cellulaires, disques durs, nombreuses cartes mémoire, balayeurs d’ondes, analysés par la Sûreté du Québec, finissent par livrer leurs secrets, et démontrent d’intenses activités d’écoute illégale, et d’espionnage», écrit la juge Dallaire.

Signe du comportement inédit du sexagénaire, l’appartement de la victime a même été passé au peigne fin par des spécialistes de contre-espionnage de la police provinciale, qui visitent par exemple les bureaux du premier ministre du Québec.
Trois micros ont été trouvés, dont un par la victime, derrière son micro-ondes. Des milliers de fichiers audio ont par ailleurs été saisis par les autorités.
Mentionnons qu’à l’été 2019, Gordyn, qui s’est représenté seul durant son procès, a tenté de fuir la prison Talbot, à Sherbrooke, mais sans succès.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.