Une victime de délit de fuite croit aux remords de son chauffard pour s'aider à tourner la page
La dame de 35 ans se dit également satisfaite de la peine de 10 mois d'emprisonnement imposée au fautif


Jonathan Tremblay
Malgré des séquelles qui la handicaperont peut-être à vie, une victime d’un délit de fuite survenu l’hiver dernier en Montérégie a décidé de croire aux remords du chauffard qui l’a happée, l’aidant ainsi à tourner la page sur ce geste odieux.
«Ça m’aide à passer à travers. Au fond de moi, je sais qu’il n’est pas juste le geste qu’il a commis», confie Catherine Dumberry, 35 ans, quelques jours après le prononcé de la peine de Philippe Pelletier-Jacques, au palais de justice de Longueuil.

Vendredi dernier, le chauffard de 33 ans a écopé d’une sentence de 10 mois de prison et de 120 heures de travaux communautaires.
«Ça me soulage vraiment. On ne s’attendait pas à ce que ce soit aussi près de la demande de la Couronne. C’est exceptionnel, surprenant même, que la juge ait été aussi sévère envers quelqu’un au dossier vierge», estime la victime.
Celle-ci se dit donc plus que satisfaite de la décision du tribunal, qui a tenu compte des séquelles physiques et psychologiques qu’elle endure, depuis le 9 décembre dernier.
Propulsée
Ce soir-là, vers 21 h 30, Mme Dumberry rentrait chez elle, à Saint-Basile-le-Grand.
En descendant d’un autobus sur la route 116, près de la rue Jean-Charles-Michaud, la mère de famille a traversé la route en empruntant le passage piétonnier.
C’est alors qu’elle a été fauchée et projetée à plusieurs mètres de la voiture.

«Je n’ai aucun souvenir, ou presque», raconte celle qui est passée bien près de la mort.
Le conducteur ne s’est cependant jamais arrêté pour s’enquérir de sa condition.
La piétonne, qui a subi de multiples fractures a été secourue par des automobilistes puis transportée à l’hôpital.

Dépendante
Depuis, la trentenaire doit constamment avoir recours aux services d’autrui.
«Je n’ai plus d’autonomie. Je suis incapable de me laver, me faire à manger, me brosser les cheveux, s’attriste Mme Dumberry. Je dépends des autres pour la survie de base.»
«Les spécialistes ne savent pas si ça va être comme ça toute ma vie», poursuit-elle.

Pour sa part, le fuyard a été arrêté deux semaines plus tard. Puis, en avril dernier, il a plaidé coupable de délit de fuite causant des lésions et de méfaits.
Il a été inculpé de cette seconde infraction après avoir fourni une fausse déclaration aux policiers, ayant d’abord lui-même tenté de jouer à la victime d’un délit de fuite.
Sincère
Néanmoins, sa victime croit désormais à sa prise de conscience.
«Il a exprimé des regrets sincères. Et de pouvoir m’adresser à lui à la Cour, ça m’a fait du bien, assure Mme Dumberry. J’ai encore de la colère, parfois, mais beaucoup moins.»
«Il a juste paniqué, comme probablement d’autres le feraient. Ça n’excuse pas le geste, mais ça aide à le comprendre, relativise-t-elle. Il n’est pas complètement sans cœur.»
Cette dernière souhaiterait pouvoir suggérer au chauffard d’effectuer son bénévolat obligatoire dans des centres pour personnes présentant un handicap physique.
«Pour qu’il comprenne ma réalité, dit-elle. Mais ce n’est pas moi qui choisis.»
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.