Des marqueurs biologiques seraient liés à la dépression chez les adolescents, établit une étude de l’Université McGill


Claudie Arseneault
Des chercheurs de l’Université McGill de Montréal ont identifié dans une nouvelle étude des marqueurs biologiques qui pourront aider à détecter la dépression plus tôt chez les adolescents et à prédire l’évolution de leurs symptômes au fil du temps.
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Cette avancée scientifique pourrait permettre de repérer les adolescents vulnérables plus tôt et avec plus d’objectivité et de prédire l’évolution de leurs symptômes.
Cecilia Flores, auteure en chef de l’étude et professeure au Département de psychiatrie de McGill, dit s’alarmer de la propagation de la dépression chez les ados.
«Lorsque la dépression commence tôt, ses effets peuvent être graves et durables», a-t-elle ajouté.
Une intervention précoce peut avoir un impact majeur sur la trajectoire psychiatrique.
«Les adolescents atteints de dépression sont plus susceptibles d’avoir des problèmes de toxicomanie, de souffrir d’isolement social et d’éprouver des symptômes souvent difficiles à traiter», a expliqué la chercheuse au Centre de recherche Douglas.
À l’aide d’une nouvelle méthode de laboratoire qu’ils ont mise au point, les chercheurs de l’Université McGill, avec ceux de l’Université de Stanford et de l’Université de Californie à Los Angeles, ont trouvé neuf molécules dont la concentration était élevée dans le sang d’adolescents ayant reçu un diagnostic de dépression.
Grâce à ces molécules, l’équipe est parvenue à prédire l’évolution des symptômes.
Les scientifiques examinent également de plus près ce que font ces neuf molécules dans le cerveau, comment elles affectent le développement du cerveau et comment elles sont impliquées dans le processus biologique qui mène à la dépression.
Les molécules médient l’interaction entre l’environnement et les processus biologiques. Ainsi, il s’agit de la façon dont les facteurs environnementaux tels que le stress, la pollution ou l’alimentation influencent le corps, en particulier le cerveau.
Les molécules, que les chercheurs appellent «microARN», n’ont pas été associées à la dépression chez l’adulte. Ces processus biologiques seraient ainsi propres aux ados.
L’étude s’est concentrée sur 62 adolescents en Californie: 34 souffrant de dépression et 28 sans dépression. «Il y a un contexte sociodémographique spécifique, et il est essentiel pour nous d’élargir également ce travail», a précisé Alice Morgunova.
La scientifique, boursière postdoctorale de McGill, a déclaré que leur méthode de laboratoire possède un énorme potentiel et facilite grandement la collecte de données.
Ils recueillent des taches de sang séché en prenant un peu de sang du doigt et en le déposant sur un morceau de papier pour obtenir des informations sur les molécules.
Le sang séché est ensuite congelé pour préserver l’intégrité moléculaire à long terme.
Par ailleurs, les chercheurs recrutent actuellement des jeunes pour poursuivre l’étude qui suit leurs nouvelles trouvailles scientifiques.
Selon les chercheurs, les résultats de l’étude clinique pourraient permettre de détecter la maladie avant que les symptômes ne s’aggravent et ne deviennent difficiles à traiter.