Démystifiez enfin les douleurs musculaires pour mieux les prévenir
Voici ce qu'il faut savoir et les gestes à poser
Paul Therrien
Les douleurs musculaires font partie du quotidien de nombreuses personnes, qu’elles soient actives ou non. Pour les démystifier, nous avons rencontré Edith Castonguay, physiothérapeute et présidente de la Fédération des cliniques de physiothérapie du Québec.
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Douleur musculaire vs articulaire
Faire la distinction entre la douleur musculaire et la douleur articulaire est crucial pour une prise en charge adéquate. La douleur musculaire est typiquement ressentie lors d’un effort et touche les «parties molles», comme les cuisses ou les bras. Plus la sollicitation du muscle augmente, plus la douleur s’intensifie. En revanche, la douleur articulaire se manifeste même au repos et n’est pas nécessairement liée à un effort. Elle est ressentie plus en profondeur, souvent au niveau des articulations, et reste présente, peu importe la force appliquée.
Les blessures musculaires
L’élongation
Il existe quelques types de blessures musculaires, que l’on confond souvent. Commençons par l’élongation musculaire. Il s’agit d’un étirement excessif des fibres musculaires, sans rupture. Elle peut survenir lors d’un mouvement dépassant l’amplitude normale d’un muscle mal préparé. La douleur est présente, mais le muscle conserve une partie de sa fonction.
Le claquage et la déchirure
Le claquage va plus loin: c’est une déchirure partielle des fibres musculaires, causée par un effort soudain et intense, souvent dans une amplitude exagérée. Enfin, la déchirure complète, elle, est la forme la plus sévère. Elle correspond à une rupture totale du muscle, comme cela peut arriver en soulevant un poids trop lourd ou lors d’un choc important. Le muscle perd alors toute fonction à l’endroit de la blessure. Dans ce cas, une intervention médicale rapide s’impose.
Les courbatures
Elles apparaissent lorsqu’un effort physique non habituel est demandé au corps. Pour les éviter, il est crucial d’augmenter l’intensité de l’effort de façon progressive. Si les courbatures sont présentes, on doit rester modérément actif en faisant des activités comme la marche, le vélo léger ou la natation. Celles-ci aident à activer la circulation sanguine et à éliminer les déchets musculaires. Une hydratation convenable, du repos et une alimentation saine favorisent aussi une récupération rapide.
Les causes et les facteurs aggravants
Le surmenage et les blessures sportives sont les causes de douleurs les plus fréquentes. Toutefois, des facteurs comme la sédentarité, les troubles posturaux (notamment rester assis trop longtemps sans bouger), une mauvaise préparation à l’activité physique, des carences nutritionnelles (par exemple, en protéines ou en électrolytes) et la déshydratation peuvent aussi aggraver ou favoriser l’apparition de douleurs.
Les meilleurs traitements
Ils dépendent toujours de la nature de la douleur. «En fait, il faut savoir distinguer une douleur normale d’une douleur anormale», explique Edith Castonguay. S’il s’agit d’une simple douleur «normale» après un effort, on laisse le corps récupérer naturellement en 24 à 48 heures. Pendant cette période, on évite d’en redemander trop au muscle pour ne pas aggraver la situation. «On sentira alors qu’il y a une évolution favorable de cette douleur-là, une diminution progressive. Le corps est une belle machine capable de récupérer et de se réparer elle-même», mentionne Edith Castonguay.
Le chaud et le froid
Le froid est utile pour atténuer une douleur vive à court terme: il agit comme un anesthésiant local. La chaleur, quant à elle, peut détendre les masses musculaires en cas de tension, comme dans le bas du dos. Cependant, ni le chaud ni le froid n’accélèrent véritablement la guérison des courbatures. Leur effet est plutôt sur les symptômes, car ils influencent la perception de la douleur sans réellement réduire le temps de récupération.
Quand consulter?
S’il n’y a pas d’amélioration au bout de 48 heures, ou si la douleur est vive, qu’elle empêche de bouger normalement ou si elle s’accompagne d’un bleu ou d’un claquement, il est préférable de consulter rapidement un professionnel de la santé. Un médecin généraliste dirigera son patient vers un physiothérapeute, le spécialiste des douleurs musculosquelettiques, qui évaluera alors les compensations corporelles et proposera des exercices ou des ajustements ciblés pour favoriser une récupération optimale.
La prévention
Avant l’effort
Avant l’activité physique, assurez-vous d’être reposé, bien hydraté et nourri adéquatement. Un bon échauffement est essentiel. Pendant l’activité, adaptez-vous au matériel utilisé et évitez les gestes brusques si vous testez de nouveaux équipements.
Après l’effort
Privilégiez un retour au calme, une réhydratation et une alimentation adaptée. Les étirements peuvent être faits plus tard dans la journée pour conserver la souplesse musculaire. Ne sous-estimez jamais l’importance d’une récupération complète avant de reprendre un effort semblable. Or il est toutefois important de demeurer actif en privilégiant les efforts légers, comme la marche ou le vélo. Vous conserverez ainsi une condition physique optimale avant de vous remettre aux efforts plus poussés.
Cet article est tiré du nouveau magazine Stop à la douleur, offert en kiosque et à jemagazine.ca
