Démission de Sophie Brochu: elle avait évoqué les raisons qui la pousseraient à partir
Patrick Bellerose | Bureau parlementaire
La PDG d’Hydro-Québec, Sophie Brochu, se disait en poste pour rester l’automne dernier, lors d’une entrevue avec Paul Arcand. Celle qui vient d’annoncer sa démission-surprise évoquait toutefois les raisons qui pourraient la pousser à partir.
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Lorsque l’animateur du 98,5 FM avait évoqué des rumeurs d’un départ au printemps, la PDG avait nié son intention de quitter ses fonctions et se projetait dans l’avenir.
«Moi, ce qui me motive, c’est ce qu’on voit devant et le cadre de gouvernance. Tant que le cadre de gouvernance à l’intérieur du gouvernement, d’Hydro-Québec, est sain pis qu’on est capable de faire valoir les grandes prérogatives du besoin du système énergétique, je vais être là», déclarait Mme Brochu le 12 octobre dernier.
«C’est sûr que si, pour une raison ou pour une autre, ce cadre-là était différent pis que je voyais qu’on mettait à risque l’évolution du système énergétique, j’aurais de sérieuses conversations avec mon actionnaire», ajoutait-elle au sujet du gouvernement québécois.
L’important pour une PDG, insistait-elle, était d’être en «symbiose» avec l’actionnaire sur la vision, notamment en matière de développement industriel.
Un peu plus tôt dans l’entrevue, Sophie Brochu avait évoqué sa crainte de voir le Québec devenir le «magasin à une piasse» de l’électricité. Devenu à la fois ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon a depuis annoncé son intention d’utiliser l’hydro-électricité pour attirer de nouveaux investissements.
Pas de chicane
Mardi, Mme Brochu a été avare de détails sur les raisons de son départ en avril prochain, exactement trois ans après sa nomination, soit un des plus courts mandats depuis les années 1970.
Tant du côté d’Hydro-Québec qu’au gouvernement Legault on fait valoir que l’ex-patronne d’Énergir était venue en renfort en plein cœur de la pandémie.
Une source à Québec affirme d’ailleurs que les supposés désaccords entre Mme Brochu et le ministre Fitzgibbon relèvent d’une «enflure» médiatique. «Les deux s’entendent bien, assure-t-on. On n’est jamais allé contre le plan stratégique d’Hydro-Québec. Il n’y a pas d’acrimonie.»
Il est trop tôt pour savoir qui pourrait remplacer Mme Brochu dans ce poste névralgique pour les ambitions du gouvernement Legault.
Dans le communiqué annonçant le départ prochain de la PDG, Hydro-Québec assure que son conseil d’administration avait déjà prévu des noms pour assurer la relève et sera en mesure de fournir une liste de candidats et candidate au gouvernement.
Départ «très inquiétant»
Pour Québec solidaire, cette démission soudaine de la PDG d’Hydro-Québec est « très inquiétant ». Son député Haroun Bouazzi souligne que Mme Brochu « s’inquiétait des récents choix du gouvernement Legault qui risquaient de faire du Québec le "Dollarama" de l'électricité pour les grosses compagnies, avec pour conséquence que les citoyennes et citoyens paient la facture à l’arrivée ».
« Est-ce que M. Fitzgibbon profitera du départ de Mme Brochu pour installer une direction qui lui est fidèle, comme on l'a vu faire à Investissement Québec? », demande-t-il.
Le Parti libéral du Québec, de son côté, a réclamé que la nomination du prochain PDG d’Hydro-Québec fasse l’objet de transparence et d’un « dialogue national ».