Déjà 40 ans de carrière pour Michel Laperrière
Il souligne aussi 25 ans d'amour avec Chantal Lamarre
Patrick Delisle-Crevier
Celui qui incarne Me Lapointe dans la série Indéfendable nous parle de l’importance de ce personnage dans sa carrière qui s’étale sur quatre décennies. Il est aussi question de ses 25 ans d’amour avec Chantal Lamarre, de son rôle de père auprès d’Agathe et de Timothé, et de bien d’autres choses.
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Michel, comment allez-vous?
Je vais très bien. Je serais même très mal placé pour me plaindre! Ma vie va bien et celle de ma famille aussi. Alors, que pourrais-je demander de mieux? En ce moment, je suis beaucoup ma femme, Chantal Lamarre, qui est en tournée de rodage. J’adore ça et je suis surtout très fier d’elle. Quand je le peux, je fais la route avec elle et, sérieusement, je ne me lasse pas d'assister à son spectacle. Elle me fait rire. Je suis tellement heureux pour elle parce qu’elle a travaillé avec tellement de monde depuis si longtemps et elle a tellement nourri du monde grâce à ses talents autant dans la mise en scène et l’écriture que dans ses chroniques. Et enfin, voilà qu’elle a vraiment sa place à l’avant-plan devant les projecteurs. Ça marche, ce spectacle. Les gens réagissent fort: ils sont pliés en deux de rire.
D’ailleurs, vous avez été tous les deux gratifiés d'une statuette lors du dernier Gala des prix Gémeaux!
Oui. Ç’a tellement été une belle soirée. De mon côté, c’était ma deuxième statuette en carrière. J’en avais eu une à l’époque pour mon rôle dans La vie, la vie. J’ai eu plusieurs nominations en carrière, mais pas tant de statuettes. Recevoir cette reconnaissance sincère, qui m'a profondément ému, représente pour moi une belle marque d'appréciation du milieu. Il faut croire que le personnage de maître Lapointe a touché le cœur des gens.
Que représente ce personnage pour vous?
C’est un si beau personnage. C’est le mentor, le doyen de l’équipe. Pour lui, ses collègues sont sa famille: il a tissé des liens très forts avec chacun d’eux. C’est quelqu’un qui prend soin des gens autour de lui et qui est un peu de l’autre côté du spectre: il n’est pas en guerre ni en chicane, il ne cherche pas à se venger des gens dans sa vie. C’est un très beau personnage à défendre, et je pense qu’il touche les gens. Ça fait du bien et c’est rassurant de voir quelqu’un comme lui à l’écran, surtout par les temps qui courent où tout semble mal aller et où les gens se traitent de tout et de rien sur les réseaux sociaux. Avec lui, c’est l’humain avant tout, et je pense que les gens l’aiment. Ce que j’aime aussi, c’est que c’est notre quatrième saison, mais il se passe toujours quelque chose de nouveau. Je n’ai jamais l’impression, en tant qu’acteur, de jouer toujours la même chose.
Comment vivez-vous avec le rythme fou d’une quotidienne?
Je vis très bien avec ça et je dirais que je trouve ça beaucoup plus facile maintenant qu’au début. Pour moi, les textes sont beaucoup plus faciles à apprendre maintenant qu’au début. Au cours de la première année, je trouvais ça difficile, car j’arrivais dans un monde nouveau, celui du juridique, et je me perdais dans les termes. En plus, comme mon personnage est souvent celui qui explique les choses, j’ai dû ramer pas mal. Mais aujourd’hui, c’est plus facile. Je connais mon personnage, son vocabulaire, son rythme et son phrasé et, comme nous sommes maintenant quatre avocats au lieu de trois, nous nous divisons les causes, et ça divise le travail.
Comment se prépare-t-on pour un tel rôle?
J’y suis allé d’instinct. Je n’ai pas suivi de cours de droit ni suivi d’avocat pendant des semaines. Je me suis toujours intéressé à l’actualité et aux procès qui sont rapportés dans les médias. J’étais en mesure de savoir un peu où je m’en allais. Ce qui est intéressant avec Indéfendable, c’est qu’on traite de différentes causes, mais sous la lorgnette de la défense. Nous ne rapportons pas uniquement un crime en le décrivant sommairement. Cela nous permet de montrer l’autre côté de la médaille et c’est très le fun à jouer.
Qu’est-ce qui attend maître Lapointe dans cette quatrième saison?
Disons qu’il est un peu déprimé de voir celui qu’il considère comme son deuxième fils en prison. Il se consacre donc beaucoup à la cause de Léo et il défend aussi d’autres causes en parallèle, mais c’est certain qu’il souhaite tout faire pour sortir Léo de prison.
Quand on fait partie d’une telle quotidienne, est-ce que ça laisse tout de même de la place pour d’autres projets?
Non, pas beaucoup. Nous avons trois mois de pause en hiver. C’est donc une période plus calme pour moi. J’en profite pour vivre, me refaire une santé, dormir un peu plus tard le matin et respirer un peu.
Vous avez 40 ans de carrière au compteur... Qu’est-ce que ça représente pour vous?
Quand tu fais ce métier et que tu sors de l’école de théâtre, tu ne penses pas à ta carrière et à ce que tu en feras. Tu penses surtout à survivre et à gagner ta vie. C’est un métier qui est difficile, tu fonces dans le tas et tu prends ce que tu penses qui est bon pour toi. J’ai eu la chance, moi, de faire du théâtre et d’avoir des contrats en sortant de l’école; ça m’a beaucoup aidé à me désangoisser. Ç’a aussi été une belle carte de visite, puisque je me faisais voir et connaître dans le milieu. L’un de mes premiers rôles à la télévision a été dans Peau de banane, avec des vieux de la vieille. J’étais entouré de gens pour qui j’avais une grande admiration; Benoît Girard, Louise DesChâtelets, Yves Corbeil et Juliette Huot, entre autres. C’est Louise DesChâtelets qui a proposé mon nom pour un rôle dans ce téléroman. J’ai aussi joué dans des émissions jeunesse qui ont été marquantes pour une certaine génération, dont Une grenade avec ça?.
Avez-vous des regrets?
Au théâtre, j’aurais aimé qu’on me confie des rôles qui finalement ne sont jamais arrivés. J’aurais tellement aimé, entre autres, jouer du Michel Tremblay. Du Tchekhov aussi. J’aimerais aussi incarner un vrai grand méchant, un serial killer, et fouiller ça. Je ne suis jamais allé là dans ma carrière, mais je pense de plus en plus que je suis prêt pour ça.
La retraite ne fait donc pas partie de votre vocabulaire...
Non, pas du tout. Même que je viens d’une famille pour qui ce mot n’existe pas. J’ai été élevé sur une ferme, et chez nous, la retraite n’existe pas. Je compte faire ce métier tant et aussi longtemps que ma santé me le permettra. J’aime faire ce métier, rencontrer de jeunes acteurs et actrices, et échanger avec eux. Mais, mes trois mois de pause sur Indéfendable me rappellent que j’aime ça avoir du temps pour ne rien faire, lire et regarder dehors. Je peux faire ça très longtemps. Ce métier m’habite depuis mon enfance. Dès que j’ai vu ma première pièce de théâtre. J’ai déjà voulu être avocat aussi. Donc, il n’y a pas de hasard. Je suis acteur et je joue un avocat.
Est-ce que vous avez déjà songé à rependre la ferme familiale?
Non, je ne me voyais pas faire ça durant toute ma vie. C’est une grosse affaire. Mais je m’ennuie quand même de ça parfois. Il m’arrive de me dire que si un cultivateur avait besoin d‘aide pour faire les foins ou un truc du genre, j’irais l’aider tellement ça me manque. J’y pense chaque été et je le ferais vraiment. J’aimerais vraiment ça. Et c’est la même chose pour la période des sucres au printemps.
Vous partagez votre vie avec Chantal Lamarre depuis plus de 25 ans. Ça se passe comment?
C’est tout sauf ennuyant: elle est tellement extraordinaire. Nous nous sommes rencontrés alors que j’étais dans la quarantaine. Je savais pas mal plus ce que je voulais et ce que je ne voulais pas, et elle aussi. Tout s’est fait naturellement entre nous: nous étions tous les deux célibataires, et on dirait que notre histoire était déjà écrite. L’année dernière, on a célébré notre anniversaire de mariage au Japon.
Vous êtes papa de deux enfants, Agathe et Timothé, qui sont grands aujourd’hui. Comment s’est passée la paternité pour vous?
C'est une expérience extraordinaire et c’est la plus belle chose qui me soit arrivée. Je voulais des enfants, et Chantal aussi. Elle est arrivée dans ma vie au bon moment. Être père, c’est la chose la plus passionnante qui soit. Chaque jour, il y a quelque chose de nouveau. Je tente d’accompagner mon gars et ma fille du mieux que je le peux. Notre fille, Agathe, travaille comme sommelière à Paris. Elle vient tout juste de terminer son cours et elle travaille dans un resto très renommé. Je suis content pour elle et je suis très fier. Je m’ennuie beaucoup d’elle, mais heureusement, nous nous faisons des FaceTime. Notre fils, Timothé, étudie en littérature au cégep. Il a lu 1000 fois plus de livres et vu 1000 fois plus de films que moi du haut de ses 20 ans! Il a tout lu et tout vu, et il écrit très bien. Il me propose même des livres à lire.
À 67 ans, quel bilan faites-vous de votre vie?
Bah... ça va bien. Je fais un métier que j’aime, je travaille dans une belle série avec une équipe formidable et je ferais ça encore pendant des années. Cette équipe, c’est un magnifique cocon! C’est un plaisir d’en faire partie. Et de plus, j’ai une famille que j’aime et je suis heureux.
En terminant, qu’est-ce qu’il vous reste à faire que vous n'avez pas encore fait?
Professionnellement, j’aimerais faire du théâtre, qu’on m’offre un rôle qui serait passionnant à interpréter. J’aimerais jouer un grand rôle marquant, un genre de Cyrano, un rôle épique. Bon, je suis un peu vieux à près de 70 ans pour jouer Cyrano, mais ce serait vraiment un fantasme. Sur le plan personnel, je veux continuer d’accompagner mes enfants dans leur vie de jeunes adultes et de suivre ma blonde en tournée. Elle m’impressionne et elle est belle à voir aller.