Découvrez quel travail occupait Benoit McGinnis pour payer ses études en théâtre
Les billets pour «Bond symphonique» sont disponibles sur le site placedesarts.com
Marjolaine Simard
Qu'il incarne un directeur d'agence de relations publiques dans Le retour d’Anna Brodeur, un directeur de police dans Alertes, ou qu'il fasse vibrer les planches d’un théâtre, Benoit McGinnis conquiert inlassablement le cœur du public. Enfant, son rêve était de devenir chanteur, et il n'hésitait pas à offrir des concerts improvisés dans le confort de sa chambre. Il ne pouvait alors imaginer qu'il interpréterait un jour les plus grands succès des films de James Bond dans Bond Symphonique, sur la scène de la Salle Wilfrid-Pelletier, aux côtés de Véronic DiCaire et de 48 musiciens. Rencontre avec ce comédien d'exception, au charisme lumineux et aux multiples talents.
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Benoit, le public a pu découvrir ta voix dans plusieurs pièces, mais également dans la populaire émission Chanteurs masqués...
Petit, mon rêve était de monter sur scène et de chanter. L’idée d’être acteur ne m’effleurait même pas l'esprit. Je disais à mes parents que j’allais chanter dans ma chambre et je m’organisais des concerts privés. Je me souviens de ma cassette de Marjo, Celle qui va, que je chantais au complet. En y repensant, j’ai dû faire mes premiers échauffements vocaux ainsi, sans même m’en rendre compte. Pour moi, c’était comme dessiner ou faire du vélo. Mes parents ne disaient rien, mais ils devaient bien m’entendre. (rires)
Quand as-tu commencé à chanter devant un public?
Ma passion a vraiment pris son envol à l’École nationale, où on nous a appris à chanter en groupe, à faire des harmonies... C’est là que quelque chose s'est déclenché, car pour la première fois, j'ai eu l’occasion de monter sur scène avec un band. Ma professeure de chant, Catherine Gadoua, la fille d’Andrée Lachapelle, m’a confirmé que j’avais une belle voix. Catherine a été une figure clé dans mon développement. À ma sortie de l’école, j'ai beaucoup travaillé avec René Richard Cyr, qui faisait du théâtre musical.
Comment est-ce de chanter avec un orchestre dans le spectacle Bond symphonique?
Au départ, je trouvais ça stressant comme proposition. C’est Véronic qui m’a proposé ce projet. Elle m’a rassuré en disant: «On va le faire ensemble et on va avoir du fun!» Elle voulait un acteur pour chanter les grands succès des films de James Bond. J'ai accepté, et maintenant, je chante avec elle, l'orchestre FILMHarmonique et une cinquantaine de musiciens. Nous avons déjà joué trois fois avant Noël, et nous avons une autre représentation, le 8 mars, à la salle Wilfrid-Pelletier. C’est génial!
Tu es sorti de l’École nationale de théâtre en 2001. Ça fera donc bientôt 25 ans...
C’est drôle de réaliser ça! J’ai toujours l’impression que les gens ne me connaissent pas et que j’ai encore tout à accomplir. Je sais que j’ai une bonne réputation dans mon milieu et que les gens m’apprécient, mais j’ai l’impression de ne pas vraiment être connu. Par exemple, je disais à ma mère qu'après un événement, Lynda Lemay était venue me demander comment j’allais. Cela m'avait étonné, mais ma mère m’a répondu: «C’est normal, tu fais plein de choses à la télé!» Moi, je l’oublie souvent. Je suis du genre à me présenter comme si j’étais un inconnu.
Qu'est-ce qui t'a poussé à entrer à l'École nationale?
J’ai commencé le théâtre en secondaire cinq, où j'ai rencontré une belle gang d’amis. Après le secondaire, un groupe de l’école s’en allait au Cégep Saint-Laurent pour faire un DEC en théâtre. J’ai juste suivi. Après deux ans, certains de mes amis ont décidé de passer les auditions pour des écoles professionnelles, et j'ai encore suivi. J'ai auditionné à l'École nationale sans trop d'attentes, et j'ai été retenu. J'avais 19 ans.
Que pensaient tes parents de ton choix de carrière?
Ils ont été super ouverts et cool, même s'ils ne venaient pas d'un milieu artistique. Ils me disaient: «Va voir et on se réajustera si ça ne marche pas!» Quand j'ai été accepté, ils étaient tellement fiers! Ils m'ont tout le temps encouragé.
Travaillais-tu pour payer tes études?
Mon père était patron chez Sucre Lantic, sur la rue Notre-Dame, et j'y ai travaillé pendant six étés pour payer mes études en théâtre. L'École nationale, c'était cher, et l'usine payait bien, à l'époque. J'ai travaillé au laboratoire, j'ai travaillé à l'emballage de sachets de sucre, aux grosses poches de sucre à glacer... C’était du travail à la chaîne. Je travaillais parfois de nuit. Ma sœur y a travaillé aussi. De son côté, mon père était content que ses enfants travaillent pour lui.
Tu as donc une sœur...
Oui, j’ai une sœur aînée qui travaille dans le domaine juridique. Personne dans ma famille n’est dans le milieu artistique, bien que mes parents aient une petite fibre artistique. Mon père est un gars drôle, ouvert et sociable. Tout le monde l’adore! Il arrive dans un événement, fait des blagues, serre des mains... je tiens ce côté-là de lui. Ma mère est très sensible, elle aime la télé, les arts et les artistes. Je suis un bon mélange de mes deux parents. Ma sœur est lumineuse et charismatique, mais plus réservée que moi. Elle ne monterait jamais sur scène. C’est fou qu’on vienne de la même famille et qu’on soit si différents!
Tu sembles venir d’une famille tissée serrée.
Oui, et je me sens tellement privilégié. L’autre jour, je parlais avec un ami et je lui disais que s’il y a une chose dont je n’ai pas manqué, c’était bien d’amour! J’ai eu tellement d’amour que je peux en donner à mon tour. En tant qu’adulte, de ne jamais avoir manqué d’affection, c’est une chance incroyable. Mes parents m’ont offert cela, et ça me touche d'en prendre conscience aujourd'hui.
Veux-tu des enfants?
C’est une question intéressante, parce que je me la suis posée lorsque ma sœur était enceinte. Voir toute la beauté de cette aventure, puis rencontrer cet être qui allait devenir un membre de notre famille, ça m’a profondément touché. Je me suis demandé si je voudrais un enfant qui vienne de moi... Mais dès que ma sœur a accouché, j’ai changé d’avis. J’éprouve une grande angoisse à l’idée d’être étouffé, d’avoir des contraintes. J’ai besoin de liberté, et un enfant, c’est un engagement à vie. Bref, moi, j’ai un chien. (rires)
Tu profites donc des enfants à travers ton rôle d'oncle...
J’adore les enfants de ma sœur, on est très proches. Je suis aussi le parrain des filles de ma cousine Manon. C’est un vrai bonheur d’avoir autant d’enfants autour de moi! Je vois dans les enfants de ma sœur l’esprit de notre famille qui s’est transmis. Pour moi, ils font aussi partie de moi.
Quels sont tes prochains projets?
Il y a la série Le retour d’Anna Brodeur, un projet incroyable que je partage avec Julie Le Breton. On reprend les tournages l’été prochain. En mars, je commence à jouer au TNM dans la pièce Classique(s), de Mani Soleymanlou et Fanny Britt. On est huit sur scène. C'est une super équipe qui comprend, entre autres, Kathleen Fortin, Julie Le Breton et Martin Drainville... C’est vraiment excitant!