José Gaudet révèle ce qui le rend le plus fier de sa relation avec ses deux enfants
Dave Morissette
Au fil de ses 30 et quelques années de carrière à la radio, à la télé et sur scène, José Gaudet a vécu à peu près tout ce qu'un artiste peut rêver de faire. Il lui restait toutefois à lancer son premier one man show, ce qui est maintenant chose faite avec le spectacle Y'était temps. Il souhaitait aussi élaborer son propre concept télévisuel, qu'il teste cet été à Sucré Salé.
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José, tu lances ton premier one man show, Y'était temps, et la réaction des gens est super bonne. En voyant ça, as-tu l'impression qu'il était vraiment temps?
On ne le saura jamais! Je vais comparer ça au hockey, parce que je te connais un peu, quand même: sur la glace, la vision du jeu, c'est de faire la passe à la bonne personne au bon moment pour la rentrer dans le net, et on s'entend que la fenêtre d'opportunité est petite. Mais dans ma tête à moi, ma fenêtre était là. Peut-être que si j'avais essayé il y a deux ans, au moment où j'étais à la télé à temps plein, ç'aurait été une autre affaire. Y'a tellement de «peut-être» que je ne peux pas savoir, mais une chose est sûre, c'est que dans mon cœur à moi, y'était temps. Et à voir la façon dont les choses se sont placées d'elles-mêmes avec le public, qui est visiblement au rendez-vous, y'était temps pour lui aussi! Alors, je ne pense pas avoir trop attendu. J'arrive au bon moment, et je fais confiance au destin.
Es-tu surpris de voir à quel point les gens t'aiment et t'apprécient encore?
Oui. Depuis que je suis dans le showbusiness, je gère mes affaires comme si ça pouvait s'arrêter demain matin. Mario Tessier et moi, malgré le tsunami de popularité que les Grandes Gueules ont connu, on est toujours restés conscients que tout ça était éphémère. Aujourd'hui, je suis mieux placé pour apprécier les années de fou qu'on a eu, parce que je n'ai pas vu passer le temps avec les Grandes Gueules. On était trop occupés à juste faire la job. Aujourd'hui, avec ma tournée, j'ai le temps. J'ai 54 ans et ça ne me tente plus de travailler 24 heures sur 24. Alors je gère mon agenda. Je ne suis pas pressé, je peux rencontrer les gens après mes spectacles et voir l'amour qu'ils me portent depuis longtemps. Je vois le respect qu'ils ont, mais je suis quand même surpris, parce que je m'attends toujours à ce que ça finisse. Je me dis que si ça s'arrête, j'irai vendre des chars!
Tu parles de gérer ton temps, mais tu es quand même chroniqueur à Sucré Salé cet été! Ça m'a surpris, parce que tu es en tournée; tu dois gérer ton énergie et profiter de l'été. Pourquoi as-tu accepté?
Ça fait trois ans que je m'obstine avec l'équipe de Sucré Salé parce que je ne voulais pas le faire, mais je vais te dire un secret... C'est un peu gênant, et je ne veux pas avoir l'air de me vanter, mais j'ai appris que depuis les débuts de l'émission, je fais partie du top 3 des invités qui attirent le plus de téléspectateurs. Alors ils m'ont dit: «Viens donc faire de quoi avec nous autres, le monde a du fun avec toi!» Évidemment, c'est très flatteur, mais il fallait que ça rentre dans l'agenda. Cette année, la fenêtre était belle, et j'ai pu réaliser ma propre idée de «confessions de garage». J'appelle ça des «auto-biographies»: j'apprends à connaître les invités via les voitures qui ont traversé leur vie, et ça donne des réponses auxquelles on ne s'attend pas.
Tu dis ça et je pense tout de suite à ma première voiture, une Monza 1969... Ça me ramène à une autre époque de ma vie!
Ça évoque où tu étais, ce que tu faisais, ce dont tu avais l'air, les amis que tu avais, tes peines et tes joies, tes premières aventures intimes... Y'a tellement de stock! J'avais peur au début, je me demandais si j'étais la seule personne à penser que c'est intéressant, mais finalement, ça donne beaucoup de choses à raconter. C'est un autre secret, je ne sais pas si j'ai le droit de le dire, mais... l'équipe aime beaucoup l'idée, et je pense qu'ils veulent tester si on pourrait faire un vrai show de télé avec ça!
Tellement! Je veux être ton premier invité!
(Rires) On irait chercher des souvenirs le fun. Et ce n'est pas comme Michel Barrette dans le temps (NDLR: avec l'émission Viens-tu faire un tour?), la voiture n'avait pas de lien avec l'entrevue. Ça pourrait aussi être un livre. Ça fait trois ans que j'ai proposé l'idée et cette année, ça marchait dans mon horaire. Je me suis fait dire par d'autres que d'être collaborateur à Sucré Salé alors que j'animais des talk-shows, c'était ordinaire, mais je ne vois pas ça comme une rétrogradation. On passe l'été avec du monde qu'on aime, on a beaucoup de liberté, ça se tourne chez nous en quatre jours, alors je vois ça comme un party et je suis vraiment content de le faire.
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Tu dis parfois que le rire est une forme de thérapie, et tu as un impact positif dans la vie des gens depuis des années. Qu'est-ce qui te rend heureux, toi?
En général, ce qui me rend heureux, c'est de rendre les gens heureux. J'ai une facilité à alléger l'esprit et le cœur des gens, c'est le cadeau que j'ai reçu de la vie. Je suis rassembleur, je suis un gars d'équipe, j'amène un peu de bonheur un peu partout et c'est ce que je fais le mieux. Quand je fais ça, je suis heureux. Après ça, quand je suis seul chez nous, j'aime partir en auto... et c'est pour ça que je suis aussi malheureux l'hiver!
À 54 ans, tu te dis plus posé. Qu'est-ce que ça veut dire pour toi? Est-ce que ça signifie de prendre des décisions différentes, de prendre plus ton temps?
C'est tout ça. Par exemple, j'ai eu des offres prestigieuses pour cet été, mais ça m'aurait demandé cinq mois d'ouvrage et de stress. Alors je me suis demandé si j'avais plus besoin de prestige ou de faire des affaires que j'aime avec des gens que j'aime, et j'ai choisi le bonheur plutôt que la notoriété et la visibilité. Ça, pour moi, c'est être posé.
Tout le monde le sait: ta fortune est faite. Alors, comment définis-tu la retraite?
La retraite, c'est différent pour tout le monde: pour quelqu'un qui a travaillé toute sa vie 40 heures semaines à la même place, c'est peut-être de ne plus rentrer là. Mais dans ma job, je ne sais pas si ça existe... Ce serait une retraite forcée, parce que le showbusiness ne voudrait plus de moi, et si c'était ça, je ne m’obstinerais pas. Je ferais autre chose, parce que je serais malheureux de ne rien faire. De toute façon, tous ceux que j'ai vu arrêter de faire des choses sont tombés malades, alors ça me fait un peu peur. Et puis, moi, je me sens presque déjà en préretraite, parce que j'ai plus de temps pour moi. Pouvoir partir cinq jours avec ma blonde entre deux contrats, profiter de mon été pour faire rouler mes chars, c'est déjà un peu une retraite, même si ç'a l'air fou parce que je suis quand même occupé. Puis, les enfants sont grands, ils ont leur char et leur carte de crédit, et ça aussi, ç'a changé ma vie!
Tu dis que tu es bien, mais changerais-tu quoi que ce soit dans ta vie?
J'aimerais pouvoir manger tout ce que je veux sans engraisser! (rires) Mettons que je frotte une lampe magique et que j'obtiens un vœu, je ne veux pas être plus riche ou plus beau: je veux pouvoir manger tout ce que je veux sans prendre une livre! Je suis gourmand, je suis gras en ce moment, et j'essaie de faire attention, mais je suis incapable de prendre une bouchée de biscuit et de laisser ça là. Je prendrais la boîte au complet!
Quel âge ont tes enfants?
Mon gars a 23 ans et ma fille 21.
Qu'est-ce qui te rend le plus fier de ta relation avec eux?
C'est un gros sujet, et c'est complexe parce qu'en ce moment, je me pose beaucoup de questions sur le chemin que j'ai pris pour les élever, où on en est rendus dans notre relation maintenant, et la distance qu'il y a entre nous. Ils ont grandi et ils sont occupés, alors avec toute cette distance-là, je me demande si je les ai perdus, si je les ai échappés, si j'ai fait la bonne affaire. C'est important qu'ils soient autonomes, mais là, on ne soupe plus ensemble et j'ai l'impression de les déranger. Alors je suis là-dedans... C'est drôle qu'on parle de ça, parce que je viens d'écrire un texto à mon gars, qui répond une fois sur huit, et je l'ai croisé ce matin. Je lui ai dit que j'aimerais ça qu'on se parle. La semaine passée, on avait un souper et lui, il est allé manger avec sa blonde dans le sous-sol. J'avais le goût de lui dire: «Je te fais-tu honte ou quoi?» Il a sûrement ses raisons, mais ça me blesse et il ne le sait pas. En même temps, à 23 ans, je me sacrais bien de mes parents, alors c'est comme ça pour eux aussi... mais j'aimerais mieux que non! J'en vois d'autres pour qui ce n'est pas comme ça et je me demande ce que j'ai fait de pas correct... Malgré tout, je suis fier d'eux, de voir qu'ils sont beaux, grands et autonomes. C'est juste que j'ai l'impression de ne pas les voir assez.