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Culture

Déconstruire les clichés autochtones dans «Rire sans tabous»

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Julie Loiselle

2025-07-24T10:00:00Z
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La série documentaire Rire sans tabous est de retour pour une deuxième saison, toujours menée par l’humoriste Jean-François Mercier, reconnu pour sa sensibilité et son ouverture sur le monde. Dès le premier épisode, l’émission propose une réflexion profonde et percutante sur la perception que la société entretient trop souvent à l’égard des Autochtones. Pendant trois jours, l’animateur part à la rencontre de personnes marginalisées et victimes de nombreux préjugés.

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«Ensemble, on va regarder comment mettre fin aux clichés qui nuisent à leur dignité», lance Jean-François avec sérieux en début d’émission, entouré de quelques invités d’origine autochtone. Mais, fidèle à l’esprit de la série, il enchaîne aussitôt avec une blague mordante: «Il y a un invité qui ne s’est pas présenté. Probablement trop saoul ou trop gelé... Tu sais comment ils sont!» Et c’est là toute la force de Rire sans tabous: utiliser l’humour comme outil pour faire passer des messages sociaux essentiels.

Des histoires à hauteur humaine

Marie Eve
Marie Eve Bell Média

Les téléspectateurs suivent Jean-François alors qu’il rencontre notamment René, Marie Eve et Jimmy. Avec une grande sincérité, chacun partage son histoire, offrant au public une fenêtre sur une réalité encore trop méconnue. L’émission s’ouvre sur une partie de pétanque, accompagnée de la célèbre chanson E Uassiuian du duo innu Kashtin, qui a été emblématique à la fin des années 1980. Marie Eve est la première à briser la glace. Jusqu’à 15 ans, elle a grandi sur la Côte-Nord, à Betsiamites, loin du brouhaha urbain. Quand sa mère a retrouvé l’amour, elles ont déménagé à Granby, en Estrie. «Je ne voulais rien savoir de me ramasser là. Je n’avais jamais vu de grandes villes», se souvient-elle. Elle évoque ensuite ses difficultés d’adaptation et son premier choc culturel marquant: l’odeur du fumier. «Je n’avais jamais cohabité avec des élevages d’animaux; nous, on avait le caribou dans le bois!»

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D’autres récits bouleversants

Bell Média
Bell Média

L’épisode laisse ensuite place à d’autres témoignages tout aussi marquants. Jimmy, un Algonquin de 56 ans né dans le parc de La Vérendrye, livre des souvenirs douloureux. À cinq ans, il entre pour la première fois en contact avec «l’Homme blanc». «Quand on est partis au pensionnat, ç’a été une période sombre. La Gendarmerie royale du Canada (GRC) arrivait avec un autobus, et avec l’aide du prêtre, elle forçait les enfants à monter. Si les parents refusaient, on leur coupait les vivres ou on les envoyait en prison.» Jimmy décrit les pensionnats comme de véritables enfers: «On nous lavait la bouche avec du savon ou on nous donnait des coups de ceinture si on parlait notre langue. On en est venus à avoir honte de notre culture.» De son côté, René exprime sa colère face à l’hypocrisie des autorités à l’heure actuelle: «On veut montrer les Autochtones aux touristes, on en est fiers, mais à l’interne, on s’en fout. Plus de 200 communautés sont sans eau courante, nos femmes sont assassinées... Quelqu’un s’en soucie?»

Des problèmes qui perdurent

Bell Média
Bell Média

Les Autochtones rencontrés lors de cet épisode ne se voilent pas la face: ils sont conscients des enjeux persistants au sein de leurs communautés. «Je n’ai pas eu une belle enfance; les sévices sexuels, c’était un fléau. Dans les petits patelins, c’est l’oncle, la tante... alors on ne disait rien», confie Marie Eve. Jimmy renchérit: «Les gens ne comprennent pas pourquoi l’Autochtone consomme souvent, mais beaucoup sont prisonniers de leurs propres fantômes, et nombreux sont ceux qui n’ont pas la force de traverser ça seuls.» Nourri par ses rencontres avec les différentes communautés, Jean-François propose ensuite un numéro humoristique qu'il présente devant une salle bondée. Avec cette expérience sociale unique, il espère toucher le grand public et ébranler, une bonne fois pour toutes, des tabous qui ont la couenne dure.

Rire sans tabous, dès le lundi 26 juillet, 20 h, à Noovo.

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