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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Débarquement de Normandie: il y a 80 ans, les alliés débarquaient sur les plages de Normandie dans une gigantesque opération militaire couronnée de succès

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Photo portrait de Martin Landry

Martin Landry

2024-06-01T04:05:00Z
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Des milliers de soldats canadiens sont débarqués, il y a 80 ans, sur des plages de Normandie pour mettre en place le premier jalon d’un vaste plan d’invasion de l’Europe par le nord de la France.

Le débarquement de Normandie est le fruit d’une longue et minutieuse planification qui s’est échelonnée sur plusieurs années. Vous savez sûrement que depuis 1940, l’Europe et la France en particulier vivent au rythme du totalitarisme hitlérien. Une grande partie du continent européen est sous le contrôle des forces de l’Axe et les Alliés réfléchissent à la meilleure stratégie pour se déployer militairement afin de renverser le régime fasciste.

Le mur de l'Atlantique.
Le mur de l'Atlantique. Domaine public

OPÉRATION OVERLORD

Dès 1942, la Normandie, en France, apparaît comme le meilleur choix pour un important débarquement des forces alliées à partir de la Grande-Bretagne. Un premier plan d’invasion est accepté à la conférence de Québec en août 1943 et les Alliés se donnent comme objectif que le débarquement se déploie en mai de l’année suivante. Le commandement suprême de l’opération nommée «Overlord» («suzerain» en français) est placé sous l’autorité du général américain Dwight Eisenhower.

Adolf Hitler et ses généraux savent bien que les Alliés vont attaquer par le nord de la France, mais ils ne connaissent pas le lieu précis. Ils sont prêts, ils ont construit un grand système de défense qui s’étend le long du littoral atlantique. Leurs bunkers forment une longue ligne défensive du nord de la Norvège au sud de la France. La propagande nazie présente ce mur de l’Atlantique comme une forteresse imprenable. D’ailleurs, l’histoire regorge de ces forteresses qui se disaient invincibles!

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Jour J. Les escadrons de l’Aviation royale du Canada patrouillent dans le ciel les côtes normandes et attaquent des cibles au sol. Sur la mer, 10 000 marins sont répartis sur les 110 navires de la Marine royale du Canada pour soutenir l’invasion.
Jour J. Les escadrons de l’Aviation royale du Canada patrouillent dans le ciel les côtes normandes et attaquent des cibles au sol. Sur la mer, 10 000 marins sont répartis sur les 110 navires de la Marine royale du Canada pour soutenir l’invasion. Photo BIBLIOTHÈQUE ET ARCHIVES CANADA

Pour réaliser la délicate opération, les généraux alliés déploient massivement leurs troupes et leurs ressources vers la Grande-Bretagne. De là, les soldats sont cantonnés aux quatre coins de l’île et peuvent s’entraîner pour le Jour J. Progressivement, le matériel militaire nécessaire au débarquement est stocké dans des bases secrètes. Pendant ce temps, les avions de reconnaissance alliés photographient les positions allemandes, des milliers d’espions rapportent un maximum d’informations stratégiques, les industries produisent les avions, les navires, les véhicules, les munitions et même les ports flottants qui serviront à établir cette tête de pont pour permettre l’invasion du continent.

En juin 1944, après des mois de préparation intenses, les forces alliées s’apprêtent au débarquement de plus de 150 000 soldats américains, britanniques et canadiens sur cinq plages de Normandie pour percer le mur de l’Atlantique.

Elles vont orchestrer la plus grande opération amphibie et aéroportée de tous les temps. On confie l’attaque sur les plages Utah et Omaha aux forces américaines. Celles de Gold et Sword sont données aux troupes britanniques (quoiqu’une poignée de Français y participent). Finalement, la plage de Juno doit être libérée par des soldats placés sous le commandement canadien.

L’assaut du Jour J.
L’assaut du Jour J. Photo BIBLIOTHÈQUE ET ARCHIVES CANADA

Plan de l’invasion de Normandie pour percer le mur de l’Atlantique.
Plan de l’invasion de Normandie pour percer le mur de l’Atlantique. Photo Magazine Time

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DÉBARQUEMENT CANADIEN DU 6 JUIN

Juste avant le débarquement, la résistance fait couler à l’état-major allemand l’information qu’un débarquement est imminent, mais du côté de la côte du Pas-de-Calais. L’armée allemande est sur le qui-vive, elle ne peut concentrer ses troupes sur un seul lieu.

Placée sous les ordres du général Keller, la 3e division d’infanterie canadienne s’apprête à débarquer sur la plage de Juno. Elle doit chasser les Allemands et sécuriser les routes entre Courseulles-sur-Mer et Saint-Aubin-sur-Mer. Les soldats canadiens et britanniques doivent par la suite poursuivre leur percée vers l’aérodrome de Carpiquet. La 3e division d’infanterie canadienne a, par ailleurs, la mission d’occuper la route et le chemin de fer reliant Caen et Bayeux.

Débarquement sur les plages de Normandie.
Débarquement sur les plages de Normandie. Domaine public

Juste avant le lever du soleil, 450 parachutistes canadiens sont envoyés dans les terres normandes pour déstabiliser l’ennemi derrière ses lignes de défense. Presque simultanément, les bombardiers et les chasseurs de l’Aviation royale canadienne se mettent en action pour nettoyer le ciel de la côte normande et frapper les positions allemandes. Les soldats canadiens sortent alors de leur caserne et foncent vers leur objectif. Au petit matin, malgré une mer agitée et des conditions météorologiques difficiles, les navires de guerre et les chalands de débarquement de la Marine royale du Canada sont majestueusement déployés sur des kilomètres en direction de la plage de Juno. Au large de la côte, une vingtaine de minutes avant l’arrivée des troupes, des hommes-grenouilles dégagent des eaux le plus d’éléments de défense possible. Le Jour J est bel et bien commencé, les contre-torpilleurs bombardent la plage et de grandes péniches s’approchent du rivage. Les premières vagues d’assaut sont lancées vers 7h35. Les défenses allemandes restent solides malgré les bombardements préliminaires et les combats sont sanglants. Presque un soldat allier sur deux est blessé ou tué.

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Déploiement canadien pour établir la tête de pont du débarquement. Des soldats d’infanterie du Régiment de la Chaudière se reposent. On est le 8 ou le 9 juin 1944.
Déploiement canadien pour établir la tête de pont du débarquement. Des soldats d’infanterie du Régiment de la Chaudière se reposent. On est le 8 ou le 9 juin 1944. Photo BIBLIOTHÈQUE ET ARCHIVES CANADA

Ce 6 juin 1944, quelque 21 000 soldats foulent la dangereuse plage Juno, 14 000 soldats canadiens et un détachement de 7000 soldats britanniques. Ces hommes débarquent en France pour affronter l’artillerie lourde la plus avancée au monde. Ils doivent contourner une quantité astronomique de mines, se frayer un chemin à travers des fils barbelés et surtout affronter les balles des puissantes mitrailleuses allemandes qui les attendent pour les canarder. Les combats sont sanglants. Au bilan, 381 soldats et aviateurs canadiens sont tués, 584 sont blessés et au moins 131 sont faits prisonnier ce jour-là. Au cours des semaines suivantes, près de 5500 soldats canadiens subissent le même sort sur les terres de Normandie. Ces hommes ont en moyenne moins de 20 ans.

Des villages clés comme Courseulles-sur-Mer et Bernières-sur-Mer sont maîtrisés au cours de l’après-midi du 6 juin, mais les Allemands basés à Caen résistent. Même si les troupes allemandes opposent une résistance acharnée, les soldats canadiens débarqués ce jour-là tiennent solidement leurs positions. En fin de soirée du Jour J, 156 115 soldats alliés ont réussi à débarquer sur les cinq plages de Normandie. Les pertes sont moins importantes que prévu. On compte environ 10 000 morts, blessés ou disparus alors que l’état-major avait estimé ce nombre à 25 000. On pense qu’environ 3000 civils normands ont perdu la vie sous les bombardements. Du côté de l’armée allemande, on estime ce chiffre entre 4000 et 9000.

Ville en Normandie pendant l'invasion. Rapidement, les villages côtiers autour de Juno Beach se retrouvent au cœur d’un embouteillage jamais vu avec l’arrivée de milliers de camions de ravitaillement.
Ville en Normandie pendant l'invasion. Rapidement, les villages côtiers autour de Juno Beach se retrouvent au cœur d’un embouteillage jamais vu avec l’arrivée de milliers de camions de ravitaillement. Photo BIBLIOTHÈQUE ET ARCHIVES CANADA, MINISTÈRE DE LA DÉFENSE NATIONALE

On peut conclure que le plus gigantesque débarquement de l’histoire est une réussite complète pour les Alliés. Ils peuvent alors mettre en place toute la logistique nécessaire au débarquement de millions d’hommes, afin d’entamer une imposante offensive à l’intérieur du continent. Cette avancée sera lente et coûteuse en vies humaines, car les soldats devront encore se battre pendant onze longs mois pour faire tomber le IIIe Reich.

Références: Juno Beach Centre: https://www.junobeach.org/about-us, Veterans Affairs Canada: https://www.veterans.gc.ca/en/remembrance/memorials/juno-beach-centre, L’Encyclopédie canadienne: https://www.thecanadianencyclopedia.ca/en/article/normandy-feature

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