De la cathédrale d’Augusta à l’atmosphère électrisante de la patinoire de l’Omnium canadien
Petite virée à la normale 3 du championnat national ressemblant à une patinoire depuis 2017


François-David Rouleau
CALEDON | Au loin, à plus de 700 verges, on peut entendre l’hymne national 10 fois plutôt qu’une, les «Let’s go Oilers!» 100 fois, les cris et d’autres chants comme les «Olé, olé, olé!»: c’est l’indication qu’on approche de la «patinoire» où s’amusent plus de 3000 spectateurs et la quasi-totalité des golfeurs participant à l’Omnium canadien.
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Il n’y a rien de plus canadien qu’une patinoire au championnat national. Même sur la pelouse d’un terrain de golf. L’environnement autrefois feutré et silencieux de ce sport a laissé quasiment toute la «glace» à la fête.
Il y a de ces endroits dans l’univers du golf professionnel qui valent le détour. Le pèlerinage à l’Amen Corner et une promenade complète autour de l’Augusta National lors du Masters à Augusta sont de purs délices pour les yeux et l’esprit.
À l’autre extrême, un après-midi ensoleillé au 17e du Stadium Course au TPC Sawgrass lors du Players en Floride vaut son pesant d’or et son lot de plaisir. Idem pour le 16e du «Coliseum» à l’Omnium de Phoenix et le septième de Pebble Beach lors de l’Omnium américain.
L’Omnium canadien se distingue depuis 2017 par son incontournable atmosphère à «The Rink».

Transpiration nationale
Sous un soleil de plomb enfumé ce week-end au TPC Toronto, l’endroit respirait le sport national autour du tertre du 14e trou, une courte normale 3 d’environ 120 verges.
Le tertre est bordé par des bandes tapissées de commanditaires, une zamboni protège le vieux trophée de l’omnium canadien, les jalons de départ sont des masques de gardien et une douzaine de zébrés tentent de faire régner, un tant soit peu, le respect de l’étiquette. Surtout dans un contexte politique explosif.
Car, en pleine finale de la Coupe Stanley opposant les Oilers aux Panthers ainsi qu’avec les dérapages de Donald Trump, les plus bruyants porte-couleurs canadiens ne se gênent pas pour prendre en grippe ceux exposant fièrement les couleurs de la bannière étoilée.

Entre les encouragements envers les golfeurs qui se succèdent, ils s’enguirlandent de part et d’autre avec des mots aussi durs que gras. Tout y passait dans les insultes. Trump, les Bills de Buffalo, les Blue Jays, les Leafs, etc.
Le houblon et d’autres boissons hors de prix y aidant, bien sûr. Dans les gradins, on peut facilement distinguer ceux qui s’hydratent avec les lignées de canettes et consommations vides sur les tablettes. Ils sont généralement les plus bruyants, distrayants et hilarants.

Un plaisir

Leur bâton en main, les golfeurs sourient avant d’essayer de se concentrer pour s’exécuter et faire bondir ou rugir la foule par un coup d’éclat près du fanion.
Les plus précis obtiennent de bruyantes félicitations quand les spectateurs tapent sur les bandes, alors que les plus erratiques sont chahutés. Les golfeurs canadiens qui se succèdent sur le tertre sont portés en héros par les encouragements sous l’hymne national maintes fois entonné.
«C’est vraiment plaisant, a noté Mackenzie Hughes. Je suis très fier d’être un Canadien. C’est un grand pays. Je sens toute cette fierté avec l’attention qu’on nous porte et le soutien des spectateurs. C’est phénoménal.»
Adam Hadwin n’a pas hésité à enfiler le chandail de l’équipe canadienne à la coupe des 4 nations pour la première fois.

«L’atmosphère est électrisante. C’est vraiment incroyable», a aussi ajouté Nick Taylor lors du tournoi.
Mais «The Rink» porte aussi sa malédiction. Des quelque 2800 coups exécutés du tertre depuis huit ans, aucun n’a trouvé le fond de la coupe. On y compte 349 oiselets, 36 doubles bogueys et quatre autres figures démoniaques démolissant une carte.
Avec son ambiance, «The Rink» a fait sa place sur le circuit de la PGA.
