Davies ne voulait pas faire d’ombre
Le héros canadien s’est finalement adressé aux médias


Dave Lévesque
DOHA, Qatar | Alphonso Davies est la vedette incontestée de l’équipe de l’unifolié, et, à ce titre, on le protège jalousement chez Canada Soccer. Mardi, il a enfin rencontré les médias.
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Dimanche, après avoir marqué le premier but de l’histoire du pays à la Coupe du monde, Davies s’était brièvement adressé au diffuseur officiel, mais il ne s’était pas arrêté devant les journalistes canadiens qui attendaient dans la zone mixte.
Il a expliqué qu’il ne voulait pas que toute l’attention soit dirigée vers lui après son exploit.
« Oui, le but était important, mais je voulais parler de l’équipe. J’étais content de marquer, mais on a perdu le match. »
« Je voulais laisser retomber un peu la poussière avant de parler de ce but. J’étais dévasté de savoir que nous étions éliminés », a poursuivi le joueur étoile.
Longue depuis un camp de réfugiés
Il faut rappeler l’histoire de la jeune vedette de 22 ans qui fait les beaux jours du Bayern Munich, en Bundesliga.
Il est né dans un camp de réfugiés du Ghana, après que ses parents eurent fui la guerre au Libéria. C’est en 2005 que la famille a pris le chemin du Canada pour s’installer en Alberta.
Ses parents, qui sont à Doha, ont assisté à son filet historique et Davies en a parlé avec un brin d’émotion.
« Quand j’ai marqué, ma mère a pleuré. Partir d’un camp de réfugiés pour venir au Canada et ensuite marquer [à la Coupe du monde], c’est un exploit. »
Bousculé lors des célébrations
Quand on a demandé à Davies de raconter comment il a vécu le but le plus important du soccer masculin canadien, il a bien entendu décrit la séquence des événements qui ont mené à ce coup de tête magique après seulement 67 secondes de jeu face à la Croatie.
Mais c’est surtout ce qui s’est passé après qui rend la scène encore plus intéressante.
« Quand j’ai fait ma tête, j’ai regardé à gauche et j’ai vu mes coéquipiers qui couraient vers moi et c’était un sentiment incroyable. Les gars tiraient mon chandail, me poussaient, j’ai même reçu un coup de tête. »
Jonathan Osorio, qui a rencontré les médias avant Davies, avait lui aussi son récit sur cette réussite.
« C’était incroyable, c’est le genre de moment qui donne la chair de poule et dont tu te souviens pour le reste de ta vie. Ça témoigne de notre progression et des sacrifices que nous avons faits pour être ici », a raconté le milieu de terrain.
« Nous inspirons beaucoup de jeunes dans nos villes respectives. Il faut que les jeunes Canadiens rêvent de dépasser le premier tour et non pas juste de jouer à la Coupe du monde », a ajouté le Torontois de 30 ans.
En Confiance pour le Penalty
Comme Le Journal n’avait pas pu parler à Davies après le match face à la Belgique, il a évidemment été question de son tir de pénalité qui a été bloqué par le gardien Thibaut Courtois.
Beaucoup se sont demandé pourquoi c’était lui, un défenseur latéral, qui s’était présenté au point de penalty plutôt que Jonathan David, un attaquant qui marque avec régularité en Ligue 1 française.
« J’ai pris le tir de pénalité parce que je me sentais en confiance. Je me suis présenté au point de penalty, j’ai choisi une direction et le gardien a bien lu mon intention », a-t-il expliqué.
« Oui, j’ai repassé les images dans ma tête le soir, mais je ne pouvais pas le faire trop longtemps pour passer au prochain match. »
Devenir le leader
Après cette Coupe du monde, il risque d’y avoir un certain roulement au sein de l’effectif canadien.
Des vétérans comme Atiba Hutchinson, 39 ans, Steven Vitoria, 35 ans, et Milan Borjan, 35 ans, risquent de céder leur place à de plus jeunes en vue du prochain cycle du Mondial de 2026 qui aura lieu au Canada, aux États-Unis et au Mexique.
Est-ce que Davies veut devenir le meneur de cette équipe, et, pourquoi pas, le capitaine pour succéder à Hutchinson ?
« Ces gars-là ont vécu plusieurs cycles de qualification avant de jouer à la Coupe du monde, ils ont énormément d’expérience », a prudemment répondu Davies.
« Je veux être un leader, aider mes coéquipiers et je veux le faire de toutes les façons possible », a-t-il assuré.