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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

Coupe du monde: un match sous haute tension entre les États-Unis et l'Iran

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Photo portrait de Dave Lévesque

Dave Lévesque

2022-11-29T22:03:37Z
2022-11-30T03:18:45Z
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DOHA, Qatar | Révolte avec plus de 300 morts en Iran, familles de joueurs iraniens menacées, gazouillis litigieux des Américains : tous les ingrédients y étaient pour un match sous tension entre l’Iran et les États-Unis mardi soir.

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Dans cette rencontre où une place en huitièmes de finale était à l’enjeu, ce sont les Américains qui l’ont emporté 1 à 0, grâce à un but de Christian Pulisic en première demie (38e minute). 

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Pulisic a payé le prix en entrant en collision avec le gardien ; il a terminé la demie, mais pas le match.

La tension a été palpable même avant le début de la rencontre. Les Iraniens, qui étaient très majoritaires parmi les 42 000 spectateurs, faisaient un vacarme à vous percer les tympans tandis que les partisans américains, moins nombreux, essayaient de leur donner la réplique.

La rencontre s’est disputée à un rythme insoutenable du début à la fin, les joueurs étant transportés par cette énergie qui émanait des tribunes.

Les Américains ont maintenant rendez-vous avec les Pays-Bas, samedi.

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C’était seulement la troisième fois que ces deux pays s’affrontaient.

Ils s’étaient fait face une première fois lors de la Coupe du monde de 1998, un match que les Iraniens avaient remporté 2 à 1.

Puis, ils s’étaient revus deux ans plus tard, dans une rencontre amicale qui s’était terminée par un verdict nul de 1 à 1.

Mardi, c’était la première fois que les Américains triomphaient de l’Iran.

Joueurs iraniens observés

Lors de leur premier match, les joueurs iraniens avaient boudé leur hymne national, mais ils l’avaient chanté timidement à leur deuxième sortie. 

Mardi soir, ils l’ont une fois de plus chanté du bout des lèvres, en marmonnant.

Le défenseur Cameron Carter-Vickers réussit une tête aux dépens de Karim Ansarifard.
Le défenseur Cameron Carter-Vickers réussit une tête aux dépens de Karim Ansarifard. Photo AFP

Ils n’avaient pas le choix, leurs familles étaient menacées d’emprisonnement et de torture s’ils ne chantaient pas ou s’ils protestaient contre Téhéran, selon une source citée par CNN.

Il faut aussi ajouter que l’Iran aurait envoyé des agents gouvernementaux qui se font passer pour des journalistes ou qui se cachent parmi les partisans afin d’assurer un certain contrôle.

Il y avait plusieurs couches de subtilité entourant ce match, à commencer par les protestations en Iran qui ont débordé jusqu’à la Coupe du monde. 

Après tout, l’Iran, c’est le voisin du Qatar que seul le golfe Persique sépare.

Soulèvements populaires

Il faut le rappeler, les troubles ont commencé à la mi-septembre, quand Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, a été arrêtée par la police de la moralité pour ne pas avoir porté son hijab correctement. Elle en est morte.

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Depuis, les soulèvements se multiplient dans la République islamique qui est dirigée d’une main de fer par des islamistes rigoristes. 

Le défenseur Abolfazl Jalali tire sur le chandail du milieu de terrain Yunus Musah en espérant le freiner.
Le défenseur Abolfazl Jalali tire sur le chandail du milieu de terrain Yunus Musah en espérant le freiner. Photo AFP

Tout a commencé dans les régions éloignées, pour finalement gagner Téhéran, la capitale.

Pour la première fois, les autorités ont dressé un bilan qui fait état de plus de 300 morts. 

L’organisme non gouvernemental Iran Human Rights, qui est en Norvège, fait plutôt état de 416 morts.

À ces chiffres, on peut ajouter des milliers d’arrestations, dont celles de personnalités connues. 

De ce nombre, on pense notamment au joueur de soccer kurde Voria Ghafouri, coffré par la police la semaine dernière.

Dans ces subtilités, il y a les relations souvent tendues entre l’Iran et les États-Unis au fil des années.

Celles-ci remontent à 1979, quand le gouvernement du shah d’Iran, soutenu par les États-Unis, fut renversé dans un soulèvement mené par l’ayatollah Khomeini, qui a pris ensuite la direction du pays.

Plainte à la FIFA

Les tensions entre les deux pays sont alors à leur comble et elles restent tendues durant plusieurs années. 

Elles seront notamment exacerbées par la crise des otages américains, au cours de laquelle 52 citoyens américains seront détenus dans l’ambassade américaine de Téhéran pendant 444 jours, de 1979 à 1981.

Ces tensions ont ressurgi la veille du match, quand une publication faite sur les réseaux sociaux de plusieurs organisations américaines, dont ceux de l’équipe nationale et de la Fédération de soccer des États-Unis, montrait le drapeau de l’Iran sans son emblème islamique, qui se situe en son centre. 

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Les publications ont été retirées depuis.

Les Américains se sont excusés par l’entremise du sélectionneur Gregg Berhalter, mais le mal était fait : l’Iran a porté plainte à la FIFA. 

Menacés ou pas ? 

L’entraîneur iranien parle de stupidités et dément

L’entraîneur de l’Iran, Carlos Queiroz, marchant sur le terrain après la défaite contre les États-Unis, mardi.
L’entraîneur de l’Iran, Carlos Queiroz, marchant sur le terrain après la défaite contre les États-Unis, mardi. Photo AFP

Les joueurs iraniens ont-ils été menacés de représailles envers leurs familles ou s’agit-il d’une fabrication ?

Il est fort probable qu’on ne saura jamais la vérité, mais le sélectionneur iranien, Carlos Queiroz, a tenu la ligne de partie et a vertement démenti ces informations. Mais avait-il vraiment le choix ?

« Il y a de nombreux aspects à considérer. Le monde et les circonstances actuelles sont remplis de stupidité.

« Quelqu’un qui véhicule une information d’une source anonyme en moins de deux heures parvient à faire en sorte que cette stupidité devienne une vérité. »

Queiroz, qui est portugais d’origine, a préféré lancer des fleurs à ses hommes.

Il a insisté pour dire que c’était la meilleure équipe qu’il avait eue sous la main sur le plan humain. On peut le croire, il a dirigé dans une dizaine de pays, dont les États-Unis, où il a piloté la destinée des MetroStars de New York, les prédécesseurs des Red Bulls de New York, en 1996.

« Je suis très fier et honoré d’avoir la chance de diriger l’équipe d’Iran, les joueurs sont fantastiques.

« Au cours de ma carrière, j’ai dirigé de nombreuses équipes partout dans le monde et je n’ai jamais vu des joueurs en donner autant pour en recevoir si peu en retour. »

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Match compliqué

Le sélectionneur américain, Gregg Berhalter, a reconnu que le match présentait un gros défi à son équipe, qui est très jeune.

« C’était compliqué en sachant que l’Iran n’avait besoin que d’un match nul pour avancer, mais ils ont de la difficulté à soutenir notre tempo. Lors du match de 1998, nous n’avions pas la bonne intensité pour les affronter, mais ce soir, nous l’avons eue dès le départ. »

Son équipe a été pressée par l’Iran, qui voulait créer l’égalité en seconde demie, mais ses hommes sont parvenus à tenir le 1 à 0.

« C’est la première fois en 92 ans que nous réalisons deux blanchissages de suite à la Coupe du monde, ça veut dire que nous faisons quelque chose de bien. »

Meilleurs

Dans le camp iranien, Queiroz a rendu hommage au jeu des Américains dans les 45 premières minutes.

« Les États-Unis ont mieux amorcé le match que nous, ils ont joué rapidement et avec contrôle. Ils méritaient de marquer. »

Il a poursuivi en mentionnant que le vent avait tourné au retour de la pause et que son équipe devait au moins égaler la marque pour atteindre le prochain tour, c’était donc attendu.

« Je crois qu’il est juste de dire que nous aurions dû marquer en deuxième demie et je crois que le verdict nul aurait été le résultat juste. »

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