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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

«Dans le blanc des yeux»: Xavier Dolan n’est plus «dégoûté» par le prix Queer Palm reçu à Cannes

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Photo portrait de Guillaume Picard

Guillaume Picard

2025-09-27T15:00:00Z
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Xavier Dolan a changé d’optique par rapport au prix Queer Palm qu’il avait reçu à son corps défendant, en 2012, au Festival de Cannes, en lien avec son film Laurence Anyways.

À l’époque, il avait déclaré: «De tels prix me dégoûtent. Quel progrès y a-t-il à dessiner des récompenses aussi “ghettoisantes”, aussi “ostracisantes”? On divise avec des catégories, on fragmente le monde en petites communautés étanches».

Photo Martin Chevalier
Photo Martin Chevalier

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Treize ans plus tard, sa façon de voir les choses a évolué, aussi il est moins cinglant à l’égard de cet honneur que lui a décerné la communauté LGBTQIA+, comprend-on en l’écoutant en entrevue à l’émission Dans le blanc des yeux, épisode qui sera diffusé ce vendredi, à 20h, à LCN.

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«Je n’ai pas commencé à regretter cette citation-là parce que c’est devenu à la mode de le faire ou de se dire: “mon Dieu, je n’aurais pas dû dire ça”. Ça n’a pas été bien long, je te dirais. Évidemment, le choix des mots n’est pas bon, tu sais, “dégoût”, ça va là», a-t-il dit à l’animatrice Sophie Durocher.

Le réalisateur des films coup-de-poing J’ai tué ma mère et Mommy a évoqué qu’il a toujours «espoir», quand il réalise un film, que celui-ci soit visionné par le grand public, pas seulement par la communauté queer. Il craignait donc qu’une étiquette queer limite le rayonnement de Laurence Anyways, surtout que le protagoniste principal est une femme trans campée par l’acteur français Melvil Poupaud.

Suzanne Clément et Melvil Poupaud dans le film «Laurence Anyways» de Xavier Dolan.
Suzanne Clément et Melvil Poupaud dans le film «Laurence Anyways» de Xavier Dolan. PHOTO D'ARCHIVES

«Parce que moi, ce que je voudrais éventuellement, puis idéalement dans mon monde à moi de gai, de queer, c’est que monsieur madame Tout-le-Monde le regarde», a-t-il ajouté pour clarifier sa pensée.

Son souhait est aussi que ses œuvres «suscitent une discussion» ou «fassent débat» auprès de gens qui connaissent moins la communauté queer.

«Je pense que c’était un point de vue qui était beaucoup trop draconien, puis trop radical, très jeune, très impétueux, mais qui parlait, je pense, surtout de la peur de ne pas être vu ou entendu par d’autres personnes que des gens issus de ma communauté.»

Xavier Dolan a précisé avoir «réalisé» à quel point ses paroles avaient pu être blessantes.

Sophie Durocher et Xavier Dolan sur le plateau de l'émission «Dans le blanc des yeux».
Sophie Durocher et Xavier Dolan sur le plateau de l'émission «Dans le blanc des yeux». Photo Martin Chevalier

«Donc, c’était sain et ça l’est encore que cette récompense, cette Queer Palm existe parce que c’est qu’en parlant et qu’en nommant qu’on peut parler avec l’autre et non pas juste en lui disant: “Toi, t’acceptes ça, moi j’accepte ça”. Moi, je n’ai pas envie de te dire: “Accepte qu’une femme transsexuelle soit la protagoniste de mon film puis moi, j’accepte que t’es homophobe, mais je ne veux juste pas qu’on en parle.”»

L’artiste de 36 ans a aussi pris la mesure de son propre cheminement pour s’accepter comme homosexuel.

«Je pense que j’ai utilisé le mot “dégoût” parce que moi, longtemps, j’avais encore les traces d’une homophobie internalisée en fait. Envers moi-même et que je ne voulais pas faire de cinéma gai», a-t-il ajouté, parlant de la complexité de sortir du placard.

L’émission Dans le blanc des yeux, qui est diffusée chaque vendredi à 20h, à LCN, est aussi programmée à QUB le samedi à 9h ainsi que le dimanche à 16h. Elle peut également être rattrapée en format balado et sur YouTube.

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