Damien Robitaille: le crooner devenu star du web peinait à remplir ses salles il y a cinq ans
Le musicien de 43 ans lance son album le plus rythmé en carrière, «Ultraviolet»


Raphaël Gendron-Martin
Damien Robitaille rayonne de bonheur. Après des années à voir sa carrière stagner en peinant à vendre des billets pour ses spectacles, l’auteur-compositeur de 43 ans brille maintenant de mille feux. Tout cela en bonne partie grâce aux centaines de reprises musicales qu’il s’est mis à partager sur les réseaux sociaux dès le début de la pandémie. Le Journal est allé rencontrer le brillant musicien, ancien crooner assumé, qui embrasse maintenant pleinement le style dance pop sur son nouvel album, Ultraviolet.
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Il fait presque tempête dehors lorsqu’on se rend au domicile de Damien Robitaille, en Montérégie. Après avoir vécu 10 ans à Montréal, puis 10 ans à Longueuil, le chanteur a déménagé il y a un an et demi à Belœil dans la maison de sa conjointe des trois dernières années.
C’est là qu’il habite avec ses deux filles, en garde partagée, et les deux garçons de sa copine, aussi en garde partagée. La nouvelle vie à six, en plus des deux chiens, Suki et Toto, est une adaptation pour le musicien.
«Des jours comme ce matin, c’est go-go-go! Je me lève à 7h et je vais porter les filles [à l’école], raconte-t-il. Quand je reviens à la maison à 9h30, c’est holy smokes, qu’est-ce qui vient d’arriver?»
Saint-Valentin
C’est dans cette demeure qu’il a principalement créé les chansons qui se retrouvent sur Ultraviolet, sans doute l’album le plus rythmé de sa carrière. «C’est quelque chose que je voulais dès le début, dit Damien. On peut même l’entendre sur mes démos.»
On pourrait penser que la date de sortie de l’album, le 14 février, était calculée longtemps à l’avance par la maison de disque de l’artiste, Audiogram. Après tout, Damien a déjà joué la carte du séducteur dans le passé avec ses projets. Mais le chanteur nous assure qu’il n’y a pas de stratégie derrière tout ça.
«Au début, on voulait sortir l’album à la fin janvier, mais Pierre [Lapointe] sortait déjà le sien. On a cherché une date qui marchait bien.»

Crooner grunge
Après s’être fait connaître avec chemise country, guitare acoustique et cheveux longs, pour son premier album, L’homme qui me ressemble [2006], Damien Robitaille a enchaîné avec un style vintage pour Homme autonome [2009]. «Je chantais Mot de passe et Plein d’amour, se souvient-il. J’étais tombé célibataire! [rires]»
Sur Omiprésent [2012], le chanteur était revenu avec un tuxedo et la moustache. «Le monde voyait ça crooner, dit-il. C’est drôle parce qu’en début de carrière, avant même mon premier album, je disais que je faisais du crooner grunge.» Après la musique latine sur ce disque – le musicien était alors marié à une Colombienne –, il avait enchaîné avec Univers parallèles [2017] et un mélange de gospel.
En 2019, Damien plongeait dans la musique des Fêtes, avec Bientôt ce sera Noël. Et où est-il, cette fois-ci, avec Ultraviolet? «C’est un peu de tout, de la musique pop un peu dancy [dansante], répond-il. C’est moins crooner. Je me laisse aller avec les synthétiseurs.»
Des salles pleines
Les trois derniers hivers, Damien Robitaille a parcouru le Québec pour présenter des spectacles de Noël. Ces courtes tournées d’une vingtaine de dates par année ont marqué un tournant pour l’auteur-compositeur. Pour la première fois de sa carrière – merci à ses récents succès sur Instagram et TikTok –, Damien a touché les étoiles en jouant régulièrement dans des salles pleines.
C’était moins le cas il y a à peine quelques années. «Avant la pandémie, je peinais à remplir des salles, confie-t-il. Souvent, pour vendre des billets, on me demandait d’écrire une toune pour chaque ville où j’allais! Imagine le travail que je faisais juste pour essayer de vendre des billets... J’avais une toune pour Québec, Saguenay, Longueuil, Brossard, Shawinigan!»

Tournée européenne annulée
Il y a cinq ans, Damien Robitaille pensait que la suite de sa carrière se trouvait peut-être en Europe. Ayant gagné un concours au Festival international de la chanson de Granby, le musicien devait faire une tournée d’une vingtaine de spectacles dans la francophonie européenne au printemps 2020.
Il était à Nantes pour y faire quelques petits spectacles solos, avant de partir en trio, quand tout a été arrêté avec la pandémie. «Je n’ai jamais pu faire cette tournée. Et je n’en ai jamais réentendu parlé depuis...» regrette-t-il.
Des millions de visionnements pour ses vidéos
En mars 2020, Damien Robitaille a frappé un mur. Récemment divorcé, il ne pouvait pas aller voir ses filles qui se trouvaient en Espagne avec leur mère. «Tout était fermé. Je n’ai pas pu les voir pendant cinq mois», dit-il.
Les salles de spectacles étant toutes fermées, le musicien a décidé de se garder occupé en publiant chaque jour des reprises musicales où on le voyait jouer de tous les instruments.
Pendant que toute la planète était sur pause, Damien Robitaille a ainsi vu certaines de ses vidéos connaître un succès viral international. Le meilleur exemple? Sa reprise la plus populaire à ce jour est Pump Up The Jam, qui a été republiée un nombre incalculable de fois par des internautes sur Instagram et TikTok. «Je ne serais pas surpris que ça ait fait 100 millions [de visionnements]», dit Damien.
Avant les Fêtes, il a d’ailleurs repartagé cette vidéo avec ses abonnés. «Ç’a explosé encore plus fort que la première fois, dit-il. J’ai gagné 60 000 nouveaux abonnés en un mois.»

«Je faisais partie de leur vie»
Plusieurs personnes ont confié à Damien Robitaille que ses vidéos ludiques – il a publié plus de 340 reprises en cinq ans! – leur ont fait un grand bien lors des différents confinements. «Il y en a qui m’ont dit: tu nous as sauvés! [...] Je faisais vraiment partie de leur vie. Je rentrais dans leur maison, la vie familiale. Les gens viennent maintenant me parler comme s’ils me connaissent. Quand je vais à l’épicerie, je dis bonjour à tout le monde. Je me sens comme quand je vivais dans mon petit village.»
Toute cette nouvelle popularité a évidemment des répercussions sur les ventes de billets de la nouvelle tournée pour Ultraviolet. «Je pense que ça va bien, mais j’ai appris à ne jamais regarder les ventes, dit Damien. Je travaille avec ce que j’ai devant moi. J’ai commencé ma carrière en jouant devant trois personnes. J’ai déjà fait un show où je jouais pour les deux gars qui faisaient la première partie! [rires]»
Une carrière en crescendo
L’année 2025 marque les 20 ans de Damien Robitaille sous les projecteurs, lui qui s’est fait connaître en remportant les Francouvertes, en 2005. Après sa victoire, le jeune Franco-Ontarien, qui venait de déménager à Montréal, avait décidé de lâcher sa job... comme concierge au Théâtre de Quat’sous! «J’avais travaillé là pendant trois ou quatre mois. Je faisais le ménage tôt le matin.»
Constatant que sa carrière est un «long crescendo» depuis ses débuts, avec quelques poussées plus intenses dans les dernières années, Damien Robitaille ne nourrit pas de grandes ambitions pour l’avenir. Les concerts à l’étranger, il aimerait ça, mais pas à n’importe quel prix. «J’ai eu des offres des Britanniques pour aller faire mon homme-orchestre, mais il faut que ce soit avantageux pour la visibilité ou justifiable financièrement», dit-il avec sagesse.

«C’est quoi que je veux? se demande-t-il à propos des prochaines années. Je veux jouer de la musique, continuer à faire ce que j’aime. Élever les enfants, vivre la vie familiale, j’ai comme une nouvelle réalité avec les enfants, on s’adapte, on évolue. J’aimerais ça aussi retrouver la vie de tournée. C’est quoi le but de tout ça? Qu’est-ce qui me drive [pousse]? Ce serait bon de continuer ça, de ne pas baisser. Je veux que ça continue. Et j’aimerais ça que ça monte encore et que mes tounes soient plus connues.»
L’album de Damien Robitaille, Ultraviolet, sortira le 14 février. Il sera en spectacle à Montréal (20 février, Théâtre Outremont) et Québec (20 mars, Grand Théâtre). Pour toutes les dates: damienrobitaille.com