Critique du film «Vers un pays inconnu»: loin de la Palestine...

Le documentariste Mahdi Fleifel signe ici son premier long métrage de fiction avec cette histoire magnifique de deux cousins palestiniens coincés en Grèce.

Chatila (Mahmood Bakri) et Reda (Aram Sabbah) sont à Athènes. Un soir, ils regardent un garçonnet cueillir une orange, avant de s’intéresser à une femme, assise sur un banc. C’est elle, leur cible, car ils vont lui dérober son sac à main. Car Chatila et Reda sont en transit. Venus d’un camp de réfugiés au Liban, dans lequel se trouve encore Nabila, l’épouse de Chatila, et leur petit garçon, ils veulent se rendre en Allemagne, la terre promise. En Grèce, ils survivent le temps de trouver un moyen.

Et survivre, c’est tomber dans la délinquance. C’est aussi tomber dans la drogue, Reda n’a pas résisté. Mais rien n’est blanc ou noir quand on vit en marge de la société. Est-ce mal de tenter de trouver un moyen de passer en Allemagne ou de faire passer en Italie un petit garçon abandonné par son père tout en demandant un pont d’or à sa tante? Les larcins qu’ils commettent sont-ils condamnables?

Tatiana (Angeliki Papoulia), une Grecque avec qui Chatila a une aventure, évolue également dans cette zone d’ombre. Acceptera-t-elle d’accompagner le garçonnet de l’autre côté de la frontière, elle qui a un passeport, le sésame nécessaire pour circuler librement à l’intérieur de l’espace Schengen? Et si elle obtempère en demandant une partie de l’argent, est-ce mal?

Au-delà de ces questionnements moraux (et pour lesquels chaque spectateur aura sa propre réponse), le cinéaste Mahdi Fleifel en pose d’autres. Comment justifie-t-on de traiter des humains comme des animaux? Comment s’en sortir si rien n’est fait pour qu’on s’en sorte? Et là aussi, le spectateur aura ses propres réponses, qui feront écho à ses propres valeurs en voyant, notamment, le tatouage de Palestine que Reda arbore sur son torse.

Note: 3,5 sur 5

Vers un pays inconnu est présenté au Cinéma Beaubien avec sous-titres français et au Cinéma du Parc et du Musée avec sous-titres français et anglais dès le 25 juillet.