Critique du film «Le complot phénicien»: Wes Anderson fidèle à lui-même (et Scarlett Johansson, Benicio Del Toro et Tom Hanks aussi)

Isabelle Hontebeyrie
Depuis L’hôtel Grand Budapest, sorti en 2014 et sans conteste la meilleure œuvre du cinéaste, Wes Anderson est devenu mainstream. Avec Le complot phénicien, il poursuit dans cette veine d’humour pince-sans-rire et absurde, le tout nimbé de couleurs pastel qui le distinguent.
Zsa-zsa Korda (Benicio del Toro) est un homme d’affaires véreux des années 1950 qui est quasiment tout le temps victime de tentatives d’assassinat. Mais il survit chaque fois, incluant celle de l’ouverture de Le complot phénicien, à l’issue de laquelle il finit salement amoché dans un champ de maïs.

Parce qu’il se dit qu’il faudrait qu’il mette un peu d’ordre dans ses affaires, il décide de faire de sa fille, Liesl (merveilleuse Mia Threapleton, fille de Kate Winslet), son héritière. Le hic, c’est que la jeune femme est dans un couvent et qu’elle s’apprête à prendre le voile. Le père essaye donc de convaincre sa fille d’accepter son offre, et ce, malgré le fait qu’elle soit toujours en colère contre lui à cause de la mort de sa mère.
Le père et la fille travaillent donc à assainir leur relation tandis que Zsa-zsa dévoile à son héritière son plan pour conserver sa fortune et l’entraîne dans une suite de réunions avec des associés.
Évidemment, Wes Anderson étant qui il est, le scénario est alambiqué, les situations absurdes et les personnages, délirants. Le tout est livré avec sa signature visuelle caractéristique de détails symétriques d’une précision incroyable et d’une abondance de couleurs pastel et délavées.
Sous la forme se cache un fond. Un fond fait de critique sociale sur les ultrariches, un commentaire sur les relations familiales ardues ainsi qu’une réflexion sur la mort au moyen de scènes intercalées en noir et blanc se déroulant dans un univers onirique. Le plus évident demeure la place prise par le personnage incarné par Mia Threapleton, un choix que le cinéaste a attribué au fait d’être devenu papa d’une petite fille, Freya, en 2016, et dont Bill Murray est le parrain.
Fidèle à lui-même, Wes Anderson peuple ce Complot phénicien d’apparitions surprises. On peut notamment citer Scarlett Johansson, Tom Hanks, Riz Ahmed, Michael Cera, Bryan Cranston, Mathieu Amalric, Charlotte Gainsbourg, Willem Dafoe, Jeffrey Wright et de très nombreux autres que l’on prend un immense plaisir à reconnaître au détour d’une scène.
Note: 3,5 sur 5