Crime organisé: le tueur à gages Frédérick Silva a aidé la police dans une enquête sur le meurtre d’un assassin rival, Arsène Mompoint
La Sûreté du Québec a effectué des perquisitions chez plusieurs mafiosi dans cette affaire

Eric Thibault, Félix Séguin, Jean-Louis Fortin et Maxime Deland
Le tueur à gages repenti Frédérick Silva, dont les confessions ont permis aux policiers d’appréhender plusieurs leaders du clan Rizzuto pour leur rôle allégué dans divers complots pour meurtre, jeudi, a joué un rôle clé dans l’enquête entourant l’assassinat d’un redoutable tueur rival, Arsène Mompoint.
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C’est ce qui émane de documents judiciaires déposés en avril dernier devant la Cour supérieure, et dont notre Bureau d’enquête a obtenu copie.
Ces affidavits, signés par des membres de la Sûreté du Québec (SQ) et du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), portent sur l’enquête visant à solutionner le meurtre du caïd Mompoint, qui a été baptisée «Représailles», ainsi que sur l'opération «Alliance», à laquelle Silva collabore depuis maintenant presque trois ans.
Un caïd ambitieux
Silva, qui était associé au clan Rizzuto, a «dévoilé les ramifications derrière le meurtre d’Arsène Mompoint», y précise la sergente-détective Caroline Raza, de la SQ.

Mompoint, surnommé «BM» (pour Big Mouth), a été tué d’au moins trois balles à la tête, à l’intérieur du Green Room, un commerce où l’on vend de la marijuana sur la réserve mohawk de Kanesatake, l’après-midi du 1er juillet 2021.

Issu des gangs de rue, Mompoint s’était forgé une réputation d’homme de main «ambitieux» à la solde de plusieurs factions du crime organisé, à titre de «courtier» pour exécuter des crimes de violence, d’après des documents policiers que nous avons pu consulter.

On l’associait notamment au clan mafieux des frères Scoppa, qui ont tenté de ravir le contrôle de la mafia montréalaise au clan Rizzuto, entre 2016 et 2017.

Il aurait aussi accepté d’exécuter des contrats pour le compte des Siciliens.
Le 5 décembre dernier, notre Bureau d’enquête révélait que les enquêteurs du projet Alliance soupçonnaient Mompoint d’être l’un des tueurs du mafioso Tonino Callocchia, abattu en 2014.

Des mafieux de haut rang
Aucune accusation criminelle n’a encore été déposée par le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) relativement à l’assassinat de Mompoint.
Toutefois, on apprend dans ces documents judiciaires que les déclarations de Frédérick Silva ont permis à la SQ de mener des perquisitions chez pas moins de 13 personnes, dont une demi-douzaine de hauts gradés du clan Rizzuto, dans l'enquête sur le meurtre de Mompoint:
- Le codirigeant de la mafia montréalaise, Stefano Sollecito;

- L’un de ses principaux lieutenants, Vito Salvaggio;

- Le «patron de la rue» au sein de la mafia, Davide Barberio;

- L’étoile montante du clan Rizzuto, Pietro D’Adamo;

- Nicola Spagnolo, dont le père, Vincenzo, fut un proche confident du défunt parrain Vito Rizzuto avant de se faire tuer en 2016;

- Le caïd Jean-Philippe Célestin, considéré comme le nouveau «protecteur» du clan sicilien.

Les cinq premiers ont d’ailleurs été ciblés dans le coup de filet de jeudi et font maintenant face à des accusations liées à d’autres complots pour meurtres, tandis que Célestin en fut épargné.
Ennemi de Woolley
Le caïd Célestin est vu par la police comme le «dauphin» du défunt caïd Gregory Woolley, que Sollecito disait estimer comme «un membre de la famille» avant qu’il soit abattu sous les yeux de sa conjointe et de leur bébé dans le stationnement du CLSC de Saint-Jean-sur-Richelieu, en novembre 2023.

Woolley avait lui aussi été visé par des perquisitions liées à l’enquête Représailles avant son assassinat, puisqu’un conflit faisait rage entre lui et Mompoint.
La rivalité entre Woolley, qu’on appelait le «parrain des gangs», et Mompoint, l’ex-leader du gang Unit 44, est documentée dans des rapports policiers datant de 2020.

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