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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

«Convoi de la liberté»: la Police d’Ottawa fait son mea culpa

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Photo portrait de Anne Caroline Desplanques

Anne Caroline Desplanques

2022-10-20T22:16:16Z
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La police d’Ottawa fait son mea culpa pour avoir échoué à prévenir l’occupation de la capitale fédérale et témoigne de la confusion totale qui régnait dans ses rangs, effrayés et démoralisés face aux manifestants.

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«Nous n’étions pas au meilleur de nous-même», a avoué jeudi la cheffe adjointe par intérim du Service de police d’Ottawa (SPO), Patricia Ferguson, devant la Commission d’enquête sur les mesures d’urgence.

Mme Ferguson a expliqué qu’une frange de la police, elle incluse, souhaitait négocier avec les manifestants quitte à ce qu’il faille plus de temps pour résoudre la crise.

Dangereux québécois

Elle craignait qu’une stratégie plus dure ne mette en danger ses agents, en particulier face à un groupe de Québécois que Mme Ferguson a identifié comme les Farfadaas. La police d’Ottawa a associé cette organisation complotiste aux motards criminels.

Ceci a fait éclater de rire André Durocher, inspecteur à la retraite du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), qui indique qu’aucun service de police du Québec n’a peur de ces agitateurs.

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«Nous on trouve que c’est une bande de clowns», renchéri André Gélinas lui aussi retraité du SPVM.

«C’est un grave manque au niveau du renseignement», ajoute-t-il en expliquant que face à un groupuscule venant d’une autre province le premier réflexe doit être de se renseigner auprès des collègues d’où provient le groupe inconnu pour avoir l’heure juste.

«Il y avait beaucoup de gens qui inspiraient beaucoup plus la crainte que les Farfadaas», souligne M.Gelinas.

Pat Morris, qui dirige le Bureau du renseignement des opérations provinciales de l’OPP, a néanmoins déclaré devant la commission mercredi que ses équipes n’avaient pas de renseignements crédibles qui laissent présager une menace de violence, ni même une preuve d’activité criminelle.

Information ignorée

Un rapport du bureau de M.Morris, fourni aux policiers d’Ottawa huit jours avant l’arrivée des premiers camions, prévenait néanmoins que les manifestants avaient l’intention de rester autant de temps qu’il faudrait pour lever les mesures sanitaires.

Mme Ferguson a expliqué que ses services ont douté de ces avertissements en raison de la désinformation et de la propagande en ligne qui entoure les groupes complotistes.

«C’est une façon polie de dire on l’a échappé», déduit M.Durocher.

Il explique que «la population est en droit de s’attendre à ce que la police se prépare à l’imprévisible» et que, dans le doute, elle doit se préparer au pire.

Pour lui, sur la base des informations fournies et du climat social tendu de l’époque, la police d’Ottawa aurait dû demander de l’aide avant même l’arrivée des premiers camions.

Du même avis, Mario Berniqué, capitaine retraité de la Sûreté du Québec et spécialiste en gestion de foule, a dit au micro de QUB radio que l’évènement était trop gros pour la police municipale.

Mutinerie

Quand l’ex-chef de la police d’Ottawa, Peter Sloly, s’est finalement rendu à l’évidence et a réclamé un plan d’action pour ramener l’ordre, ses troupes ne l’ont pas suivi. Mme Ferguson a plaidé le manque de personnel.

Mais mercredi, Diane Deans, ex-présidente la Commission de services policiers de la Ville d’Ottawa, a déclaré que M.Sloly, premier chef noir de la police de la capitale fédérale, était la cible de racisme dans ses rangs et faisait face à «une sorte d’insurrection».

À police provinciale de l’Ontario (OPP), on était manifestement consterné par le travail des collègues d’Ottawa.

Dans des notes déposées en preuve à la commission jeudi, l’OPP décrit sans détour un leadership incompétent. On se demandait même si le SPO était «digne de recevoir de l’aide» d’autres services policiers.

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