Conduite dangereuse dans Outremont: prison à la maison pour un «patrouilleur» de la communauté hassidique
Il avait entre autres blessé un couple d’octogénaires en répondant à une prétendue urgence, même s’il n’est aucunement policier


Michael Nguyen
Un membre de la communauté juive hassidique qui avait blessé un couple d’aînés dans une grave collision routière, alors qu’il roulait comme un fou pour répondre à une prétendue urgence, s’en est tiré avec de la prison à domicile.
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«Pour lui, il allait secourir quelqu’un de sa communauté, ce qui explique qu’il roulait à cette vitesse», a expliqué la juge Joëlle Roy, ce jeudi, au palais de justice de Montréal.
Face à elle, Moshe Heilpern, 30 ans, est resté impassible, écoutant avec attention la magistrate, qui a finalement penché en sa faveur pour son crime commis en août 2023.
À l’époque, le chauffard de 30 ans agissait en quelque sorte comme «patrouilleur» pour la communauté hassidique dans l’arrondissement Outremont. N’étant pas policier, il n’avait pas de gyrophare sur son véhicule, qui n’était d’ailleurs pas identifié comme servant à assurer une quelconque sécurité.

Trop vite à contresens
Mais lorsqu’il a répondu à un prétendu appel d’urgence d’un membre de sa communauté, il s’est mis à conduire comme un fou, sans égard pour les règles de base de la sécurité routière.
Car en plus de rouler à contresens à 73 km/h dans une zone familiale dense limitée à 40 km/h, il a ensuite brûlé un feu rouge.
Heilpern, qui n’avait même pas de permis de conduire valide, a alors percuté de plein fouet une Nissan Altima, dans laquelle un couple d’octogénaires et leur fils handicapé se trouvaient.
«Une victime a eu une fracture à une vertèbre, elle a été hospitalisée pendant deux mois, a expliqué la juge. Les autres occupants ont subi des blessures, des ecchymoses, il y a eu un impact psychologique aussi.»
La fille du couple blessé avait témoigné du traumatisme subi en apprenant la nouvelle que ses proches avaient été victimes d’un chauffard.
«L’image de mes parents et de mon frère, si vulnérables, sur des civières avec leurs collets cervicaux, cette journée de la collision, ne nous quittera jamais», a souligné au tribunal Nektaria Nicolakakis.
Remords «sincères»
Arrêté sur les lieux, Heilpern avait finalement plaidé coupable de conduite dangereuse causant des lésions. Du même coup, le père de trois enfants s’était abondamment excusé pour son crime.
«Il est impossible d’imaginer qu’avec seulement de bonnes intentions, cela m’a mené à cet endroit», a-t-il précisé.
Ses remords «sincères», combinés à son «jeune âge» et à ses démarches thérapeutiques ont entre autres contribué à lui faire éviter la prison ferme, et ce, même si Me Annick Archambault réclamait au moins 18 mois d’incarcération.
«Il a joué à la roulette russe et les résultats ont été catastrophiques», avait-elle plaidé, en soulignant que le risque de récidive était considéré comme «modéré».
La juge a plutôt penché vers la suggestion de Me Jeffrey Boro, qui demandait de la clémence pour son client.
En plus de sa peine d’un an à purger dans son foyer, Heilpern s’est fait interdire de prendre le volant pour une période de 12 mois. Il devra aussi respecter une probation d’une année.
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