Conduite dangereuse: un patrouilleur hassidique mérite la prison pour avoir blessé une famille, selon la Couronne
Celui qui n’avait pas de permis valide avait roulé en fou et brûlé un feu rouge


Camille Payant
Un membre de la communauté juive hassidique de Montréal qui se prenait pour un policier et qui a blessé un couple d’octogénaires et leur fils handicapé en roulant en fou mérite la prison, selon la Couronne.
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«Il a joué à la roulette russe et les résultats ont été catastrophiques», a souligné la procureure de la Couronne, Me Anik Archambault, mardi après-midi au palais de justice de Montréal.
Selon elle, Moshe Heilpern devrait purger au minimum 18 mois dans un établissement carcéral afin de «dissuader quiconque d’agir comme un policier alors qu’il ne l’est pas».
En août 2023, l’homme de 30 ans répondait à un prétendu appel d’urgence d’un membre de sa communauté. Alors qu’il conduisait un véhicule sans sirène ni phares d’urgence, il a roulé à contresens avant de brûler un feu rouge à 73 km/h. La limite dans ce secteur dense d’Outremont est de 40 km/h.

Famille blessée
Celui qui n’avait pas de permis de conduire valide a percuté la Nissan Altima dans laquelle un couple d’octogénaires et leur fils handicapé se trouvaient.
«L’image de mes parents et de mon frère, si vulnérables, sur des civières avec leurs collets cervicaux, cette journée de la collision, ne nous quittera jamais», a souligné au tribunal Nektaria Nicolakakis, fille et sœur des victimes.
Panagiotis Nikolakakis, 85 ans, s’est retrouvé aux soins intensifs pendant quelques jours et a dû effectuer de longues semaines de réadaptation. Sa femme, Nikoleta Hatzis, 84 ans, a subi d’importantes contusions.
Et John Nikolakakis vit possiblement des séquelles émotives, mais «l’ampleur de ce qu’il vit est difficile à apprécier en raison des défis de communication liés à ses handicaps», a mentionné sa sœur.
Excuses
À l’audience, Moshe Heilpern s’est excusé aux victimes, en larmes.
«Il est impossible d’imaginer qu’avec seulement de bonnes intentions, cela m’a mené à cet endroit», a-t-il précisé.
Il espérait ainsi écoper d’une peine d’un an de prison à domicile et de travaux communautaires, ou encore de la prison discontinue.
«Le juge ne peut pas seulement regarder les blessures et se dire: “Elles sont vraiment terribles, la sentence devrait l’être aussi”», a souligné son avocat, Me Jeffrey Boro.
La juge Joëlle Roy rendra sa sentence en juin.
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