Claude Legault: Cette série qui a tout changé alors qu'il songeait à abandonner sa carrière
Marjolaine Simard
Le 16 août prochain, Claude Legault fera un retour remarqué sur scène en animant un gala dans le cadre de la toute première édition du Festival Juste pour rire Québec. C'est un véritable retour aux sources pour l’acteur, qui s’était éloigné des planches depuis de nombreuses années. C’est donc avec émotion qu’il renoue avec le plaisir de jouer, après ce qu’il décrit lui-même comme une véritable «traversée du désert – l'épuisement professionnel qui l’a tenu à l’écart des projecteurs. Il nous parle des changements qu’il a entrepris et de la série À propos d’Antoine, qui lui a ouvert une porte sans laquelle il n’aurait peut-être jamais renoué avec sa passion pour son métier.
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Claude, tu retrouveras bientôt la scène grâce à un gala Juste pour rire. Est-ce un peu comme si tu revenais à tes premières amours?
C’est un amour que je n’ai jamais vraiment quitté. C’est plus comme si je n’avais pas donné de nouvelles faute de temps. Et là, j’ai décidé que j’en avais, parce que ça m’a vraiment manqué. Quand j’ai arrêté l’impro, en 2003, j’ai aussi perdu cette scène-là, et ç'a laissé un vide. Récemment, j’ai participé aux Grands bien-cuits ComediHa!. Je me suis fait roasté l’an passé, et j’ai roasté Guylaine Tremblay l’année d’avant. Je me suis testé pour voir si la capacité était encore là... Et la réponse, c’est oui!

Animer un gala, ça doit aussi représenter une bonne dose de stress...
Oui, ça me stresse, mais dans le bon sens. Je vais avoir un trac épouvantable, mais je suis bien entouré. J’ai une maudite bonne équipe de production, une solide équipe d’écriture. Les équipes, je me sens bien là-dedans. Je suis aussi très chum avec le président de ComédiHa!, Sylvain Parent-Bédard. C’est un ami.
Non seulement c’est un ami, mais tu le personnifies dans À propos d’Antoine, une série inspirée de sa vie et de sa relation avec son fils polyhandicapé...
Oui, il m’a littéralement ouvert la porte de sa famille. Je me sens en confiance avec Sylvain. C’était une connaissance agréable qui est devenue un ami. Au début, je ne savais même pas qu’il avait un fils polyhandicapé. Il m’a un jour tout raconté, puis il est revenu plus tard avec le projet de la série. À ce moment-là, je sortais à peine de ma traversée du désert, mon burnout. J’étais encore en réflexion: «Est-ce que je reviens dans le métier ou non?» Puis, j’ai lu les textes de Cathleen Rouleau et j’ai adoré. Je me suis dit: «Je pense que je suis capable. J’ai le goût!» Et quand Sylvain m’a dit que Podz embarquait, ça m’a vraiment rassuré.

Si Sylvain et Cathleen ne t’avaient pas offert ce rôle, aurais-tu quitté le métier pour de bon?
C’est possible que oui. À ce moment-là, je commençais à être en paix avec l’idée d'arrêter. Que si je ne voulais plus vivre cette pression-là, c’était correct. Que je n’en mourrais pas. Je regardais ce que j’avais accompli: Minuit le soir, 19-2 avec Réal Bossé, Dans une galaxie près de chez vous, l’impro... Je me disais que j'avais eu une belle run. Si ça s’arrêtait là, mis à part l’insécurité financière, il n’y avait plus grand-chose qui me retenait. Je n’avais plus de fun. L'expérience qu'on m'a offerte sur À propos d’Antoine, et le fait de retrouver Podz, ça m’a permis de remonter sur mes skis.

Dirais-tu que c’était un retour sécurisant?
Oui, exactement! Je ne le regrette pas une seconde. Je me souviens de la première journée de tournage, j’avais peur. Je l’ai dit à Podz, j'avais les yeux pleins d’eau. J’étais nerveux, j’avais peur de rater ma ligne. C’est fou, hein? C’était comme si j’étais tombé en ski, que je m’étais cassé les deux jambes, et que j’essayais d’en refaire pour la première fois; la peur était immense. Et Podz m’a dit: «Hé, Claude, vas-y à ton rythme!» Il y a eu une première journée, puis une deuxième. Ça allait. Puis un jour, ç'a vraiment bien été, et Podz m’a regardé et m’a dit: «C’est revenu!»
Tu travailles en ce moment sur le film Dans une galaxie près de chez vous...
Oui, j’écris les dialogues en ce moment, et on dépose le projet aux institutions en juillet. Pour Pierre-Yves Bernard et moi, c’est notre bébé. On est comme un couple qui a adopté un enfant, pis là, il s’en va à l’université. J’ai super hâte! On espère que ça va marcher. J’ai envie de retrouver ma gang. On est censé se faire un barbecue bientôt. Je les aime d'amour. Je rêve de les revoir dans leurs costumes, qui vont être rendus trop petits... Actuellement, leurs personnages habitent ma tête du matin au soir. Je suis obsessionnel quand je travaille. Je n’ai pas de demi-mesure: c’est 100 000 à l’heure ou rien. Ça peut être une force, mais ça m’a aussi brûlé par le passé.
Oui, ça t’a conduit à ce que tu appelles ta «traversée du désert». As-tu apporté des changements à ta vie pour éviter de t’user à nouveau?
Honnêtement, j’ai encore un pied dans le désert, mais je parle à ceux qui peuvent m’aider, et aussi à moi-même. Je m’écoute. Je peux me poser toutes les questions que je veux, mais si je n’écoute pas les réponses, ça ne fonctionne pas. Je dois accepter que je ne peux pas tout faire, que je n’ai pas tous les talents, et que j'ai atteint un certain âge.
Et que fais-tu pour ta santé?
J’en prends soin. J’ai perdu 16 lb en trois mois grâce à un changement alimentaire, en suivant un régime microbiote intestinal. Si ton intestin va mal, ton cerveau aussi, et ça affecte ton corps. Ça fait 10 ans que je suis avec la chanteuse Gaële et elle fait le régime microbiote avec moi. C'est plus facile à suivre à deux. Ce régime élimine presque toute la bouffe transformée. Je suis une bibitte à sucre: j’aime le sucre, le gras, le sel, l’alcool... Mais maintenant, on prépare de bonnes recettes.
Fais-tu autre chose pour maintenir ton moral?
J’ai une psy avec qui je travaille beaucoup sur le corps, car le corps révèle ce que tu ressens. On utilise des ballons, des coussins pour frapper, on peut faire des pushups... On respire, aussi. Quand on est stressé, on oublie de respirer, alors je réapprends à respirer. Sinon, ce qui me fait vraiment du bien, c’est d’écouter de la musique seul dans ma voiture. Je chante fort et ça me libère. Je m’entraîne aussi, je fais de la boxe. C’est un entraînement dur, mais super efficace. J’ai recommencé il y a un mois, après une opération des deux pieds, en janvier, pour des oignons. J’ai encore un peu de difficulté à marcher, mais ça va mieux. La boxe, c’est très complet: cardio, force, endurance, souplesse. Après chaque entraînement, je suis super relax. Tout le stress est sorti.
Tu as participé à l'émission de Guylaine Tremblay La vie après toi: Traverser un deuil animalier, où tu parles de ton amour pour les chats. On se souvient de Marc, ton personnage dans Minuit le soir, qui enterrait ses chats l’un après l’autre. Le deuil animalier te touche particulièrement...
Oui. C’est la mort de mon chat noir, Crapule, qui m’a inspiré pour Minuit le soir. Quand Guylaine m’a invité à participer à son émission, j’ai dit oui. On a tourné dans un resto où il y avait des chats partout. Aujourd’hui, j’ai deux chats, La Crevette et Le Lapin. Ce sont deux frères. J’adore les animaux. Le Lapin, par exemple, est toujours là quand je travaille. Il se couche sur ma table et m’accompagne quand j’écris. Ce sont deux chats roux de 17 ans. L’un d’eux commence à aller moins bien. Je suis aussi allé à l’émission pour me préparer à leur départ...
Tu fais aussi partie de la distribution du film Fanny...
Oui. Ce film est tiré du roman de Stéphanie Lapointe. Ses livres sont magnifiques! Mon personnage s'appelle Nicolas, et c'est un marin qui tient une marina. L’histoire se déroule dans le Bas-du-Fleuve. Ça montre les beautés du Québec. J’ai adoré travailler avec Yan England, qui a réalisé le film. Yan, je le connais depuis qu’il est tout petit. Sa mère, Diane England, est la productrice de Dans une galaxie près de chez vous et de Minuit le soir. J’ai vu Yan grandir, et maintenant je travaille avec lui. Il m’a vraiment impressionné!
Ta conjointe Gaële est chanteuse et musicienne. Y a-t-il beaucoup de musique à la maison?
On écoute peu de musique à la maison, mais parfois, Gaële joue du piano. On a même composé une chanson, un peu par accident, pour l'un de ses tontons qui est décédé en France. Ils l’ont jouée à l’enterrement. Moi, je jouais de la guitare et elle du piano. Ça s’appelle Salut tonton.
Votre relation semble bien se porter.
Oui, oui. Pour un gars pas facile comme moi, c’est quand même pas pire! Je suis chanceux!