Chaos à l'urgence de l’hôpital de Laval: patients en détresse, soins retardés et vies mises en danger

L’urgence de l’hôpital de la Cité-de-la-Santé de Laval a franchi un seuil critique le 28 et le 29 avril dernier, selon des documents obtenus par TVA Nouvelles.

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Cette situation aurait mis en péril la sécurité des patients ainsi que celle du personnel soignant, alerte le syndicat, qui qualifie la situation de «dangereuse».

Entre la soirée du 28 avril et la nuit du 29, l’urgence débordait de patients, dépassant largement sa capacité d’accueil. Les temps d’attente pour consulter un médecin ont dépassé les 10 heures.

Faute de civières, des patients ont été redirigés vers la salle d’attente, et plusieurs ambulances ont dû être détournées.

TVA Nouvelles a obtenu neuf rapports d’incident qualifiés de «situations dangereuses», rédigés par des médecins et infirmières à l’intention de leurs supérieurs.

Ces documents décrivent une dégradation marquée des conditions de prise en charge.

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Plusieurs heures d’attente

Au triage, 18 patients ont dû patienter jusqu’à 2 h 30 avant d’être évalués par une infirmière — un délai bien au-delà de la norme provinciale qui fixe ce temps d’attente à moins de 10 minutes.

Des patients de priorité 2 (P2), souffrant de problèmes de santé graves, ont attendu plus de quatre heures avant de voir un médecin, alors que la directive ministérielle prévoit une prise en charge dans l’heure qui suit.

Un patient P2 est un cas jugé «très urgent». Il doit être pris en charge rapidement. Ce sont des personnes avec de fortes douleurs à la poitrine, de la difficulté respiratoire sévère, signes d’AVC, etc.

Patients en détresse

C’est le cas d’une patiente souffrante, qui a un diaphorétique avec une douleur abdominale intense. Elle était couchée dans la salle d’attente pour une réévaluation et elle a été installée dans le corridor sur une civière.

Cependant, selon une politique interne, elle ne devait pas s’y retrouver, car elle n’avait pas été vue par le médecin.

Des employés de l’hôpital jugent la situation particulièrement préoccupante. À un moment donné, près de 50 patients attendaient dans la salle d’attente, sans la présence d’une personne-ressource pour soutenir les équipes médicales.

Risque pour la vie des patients

Une dizaine de patients attendaient une civière, et certains cas instables étaient laissés sur des fauteuils roulants, faute de civières. Des patients nécessitant une surveillance continue ont même été renvoyés en salle d’attente.

Parmi les cas rapportés figure un patient P2 avec une fréquence cardiaque de 140 battements par minute, resté sans prise en charge médicale pendant 10 heures. Trois autres patients en attente d’un moniteur cardiaque présentaient des conditions graves : l’un avec une ataxie et une suspicion d’hémorragie intracrânienne, un autre avec une embolie pulmonaire et un troisième ayant des antécédents cardiaques.

Tous ont attendu plusieurs heures avant d’être branchés à un moniteur cardiaque. Selon le syndicat, cette situation a créé un risque pour la vie de ses patients.

Une situation critique est également survenue dans le module C, dédié à la santé mentale. Deux CEPI (candidats à l’exercice de la profession infirmière) ont dû gérer seules le département pendant la pause d’une infirmière. Un patient est alors devenu agressif et a nécessité une contention physique et chimique, mais aucun personnel qualifié n’était disponible pour intervenir, exposant les employées à un risque sérieux.

Situation «inacceptable»

Tous ces événements sont survenus en 16 heures. Pour le président du Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires de Laval (SIIIAL-CSQ), cette situation est inacceptable et très dangereuse pour les patients de Laval. Selon Déreck Cyr, tout découle des coupures en santé.

«On a coupé 27 lits de débordements où est-ce qu’on pouvait mettre ces patients-là. La problématique majeure, en coupant ces lits, il y a un impact direct à l’urgence. Il faudrait créer de nouveaux lits sur les étages et ramener les débordements», explique Déreck Cyr, président du SIIIAL-CSQ.

Déreck Cyr ajoute que la gestion des lits à l’hôpital de la Cité-de-la-Santé de Laval est de «l’improvisation» et que le temps d’attente à l’urgence et sur une civière ne cesse d’augmenter.

«Il est temps que le gouvernement de la CAQ arrête de se cacher derrière Santé Québec. Que messieurs Legault et Dubé prennent de vraies décisions. À la suite des neuf rapports, la DSI (direction des soins infirmiers) a décidé d’ouvrir un débordement le matin même pour désengorger. Ce qui a permis justement de diminuer, mais il a fallu que les travailleurs dénoncent. Sinon, les gestionnaires ne font rien», ajoute monsieur Cyr.

Rappelons que TVA Nouvelles avait rapporté qu’un homme de 69 ans est décédé après onze heures dans la salle d’attente de l’hôpital de la Cité-de-Santé de Laval. L’enquête est toujours en cours.

Un taux d’occupation qui dépasse 170%

Le CISSS de Laval a confirmé par courriel, jeudi après-midi, les informations obtenues par TVA Nouvelles et ajoute qu’au cours des derniers jours, le taux d’occupation de l’urgence de l’Hôpital de la Cité-de-la-Santé dépasse 170%.

La conseillère en communication pour le CISSS de Laval, Isabelle Miller, a indiqué que l’hôpital dessert une population en forte croissance et requiert des investissements dans les infrastructures pour mieux répondre aux besoins populationnels.

«En 2018, le gouvernement avait annoncé le projet de modernisation de l'Hôpital de la Cité-de-la-Santé. Le CISSS de Laval a déposé le dossier d'opportunité au Secrétariat du Conseil du trésor en mai 2024. Depuis, le CISSS de Laval est en attente d’une autorisation afin de passer au dossier d’affaires pour entreprendre officiellement la phase de planification du projet», a-t-elle écrit.