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L'article provient de 24 heures

Cette solution des années 40 qui pourrait régler la crise du logement

Les leçons à retenir du passé

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Photo portrait de Axel  Tardieu

Axel Tardieu

2024-04-24T21:28:42Z
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Le Canada traverse une crise du logement, mais ce n’est pas la première de son histoire. Il y a eu celle des années 70 et, surtout, celle des années 40. Peut-on s’inspirer des solutions trouvées à l’époque pour se sortir de la situation actuelle?

Au début la Seconde Guerre mondiale, en 1939, l’économie va mal. La moitié des habitations des grandes villes sont insalubres et le pays fait face une grosse pénurie de logements à cause d’un manque de mises en chantier dans les années 30.

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Le Canada voit même apparaître les bidonvilles de Creekside, à Hull, et de Cove Fields, à Québec.

Habité par la classe ouvrière, le quartier de Mackayville, à Longueuil, était défavorisé.
Habité par la classe ouvrière, le quartier de Mackayville, à Longueuil, était défavorisé. Photo Ville de Longueuil

Le gouvernement fédéral ne va pas seulement décréter un gel des loyers pendant six ans, il va aussi investir dans un projet inédit dès 1941 : construire des petites maisons identiques, rapides à fabriquer et faciles à installer.

• À lire aussi: Maltraitance, éviction et représailles: la crise du logement s’invite aussi dans les résidences privées pour aînés

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«C’est presque 60 000 maisonnettes qui ont été construites», selon François Saillant, auteur et observateur des luttes populaires sur le logement depuis 45 ans.

Assemblées sur place en 36h, elles sont ensuite louées à peine 30$ par mois aux ouvriers et aux soldats revenus d’Europe.

Des hommes assemblent une maison de vétérans à Halifax en 1941.
Des hommes assemblent une maison de vétérans à Halifax en 1941. Les Archives de la Nouvelle-Écosse

Les gouvernements en action

«Tout l'investissement public qui s'est fait , particulièrement dans les années 40, mais qui a continué à une moindre vitesse dans les années 50, c'est sûr que ça fait partie de la solution au problème du logement», dit François Saillant.

La crise du logement des années 40 et la crise actuelle se ressemblent, selon l’auteur. Pas assez de mises en chantier, pénurie de logements locatifs, crise de l’itinérance... entre les années 40 et 60, les gouvernements finissent par investir. Au point qu’en 1976, le Québec connaît un record de mises en chantier d’habitations.

«La crise pouvait être attribuée à un laisser-aller pendant plusieurs décennies», explique le sociologue et professeur à l'UQAM, Louis Gaudreau.

Les investissements publics à des fins de logement social sans but lucratif ont été une solution, par le passé, rappelle François Saillant. Ils peuvent encore l’être aujourd’hui, croit-il.

Près du Stade Olympique, il existe des maisons de vétérans qui ont résisté au temps.
Près du Stade Olympique, il existe des maisons de vétérans qui ont résisté au temps. Photo Axel Tardieu

Pour ces observateurs, la crise actuelle prend ses racines en 1993 lorsque le budget conservateur décide le retrait fédéral du développement du logement social.

Les années suivantes, le développement du logement social est au point mort au Québec, puisqu’il dépend majoritairement des subventions fédérales, rappelle le Front d’action populaire en réaménagement urbain dans un rapport en 2021.

Une solution de guerre pour 2024

Ottawa veut maintenant se rattraper, notamment en s inspirant du passé. Le 12 décembre 2023, le ministre fédéral du Logement, Sean Fraser, annonce vouloir faire revivre le concept de maisons de vétérans.

Pour construire des logements plus rapidement, Ottawa va lancer d’ici l’automne un catalogue de maisons préfabriquées.

«En se concentrant sur les projets préapprouvés, on s'attaque aussi à certains des obstacles liés au zonage et au code du bâtiment qui empêchent de construire davantage de logements, selon Carolyn Whitzman, experte à l’institut de recherche Housing Assessment Resource Tools (HART) de l’Université de la Colombie-Britannique.

Louis Gaudreau estime que cette solution peut être intéressante si le catalogue inclut des immeubles résidentiels en hauteur, pas seulement des maisons unifamiliales.

«Pas des tours de 40 étages qui créeront, elles, des problèmes environnementaux et d'urbanisme. Il faut une densification à échelle plus humaine».

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